Chapitre 14

Depuis le début
                                    

- Je regarde Lucifer, elle répond.

- C'est quoi encore ce truc pourri ?

Elle frappe mon bras après s'être assise et me demande de me taire quand elle remet l'épisode de sa série en route. J'connais absolument pas et je prends l'épisode en route alors je comprends que dalle, mais j'me retiens de poser des questions parce que je sais qu'elle va s'énerver. Je m'enfonce un peu plus dans le canapé et écarte mes jambes en « man-spreading » comme dirait la blonde puis récupère les jambes de cette dernière pour les poser sur ma cuisse. Comme c'qui passe à la télé m'ennuie à mourir, je ne regarde que d'un œil en traçant des cercles avec la pulpe de mon puce sur la peau d'Amélia. J'me demande même plus pourquoi cette fille elle porte un pull et un short comme pyjama en plein mois de janvier alors que son appart est pas plus chauffé que ça, mais vas-y elle vient d'un pays nordique alors ça doit venir de la. Elle bouge pour regarder son téléphone et souris avant de se replacer correctement, son mouvement a automatiquement fait dévie mon regard sur elle et je la matte sans pression. Toujours ce foutu sourire aux lèvres, elle se tourne vers moi et ouvre la bouche pour parler mais j'sais pas c'qui s'passe dans ma te-té à ce moment là. Je la laisse pas prononcer un mot et fond pour sceller mes lèvres avec les siennes. Pour une surprise, même moi j'me surprends, je la sens faire un minuscule mouvement vers l'arrière puis son corps se détendre. Je commence à entamer un mouvement pour approfondir cet échange mais ses petites mains se posent sur mon torse pour m'éloigner. Quel con.

- Nabil, on peut...

- Ouais d'accord.

Je lui réponds froidement et à ce moment là j'ai envie d'être partout sauf ici. Déjà j'me tape la honte et en plus j'ai l'impression qu'elle se fout d'ma gueule. Alors je me lève sans un mot et remet ma veste pour sortir, je l'entends m'appeler mais j'me retourne pas et me casse d'ici. Je calcule rien de ce qu'il y a autour de moi, j'ai juste envie de monter dans ma caisse et rouler jusqu'à chez moi pour ruminer ma colère. J'crois que dans les escaliers je croise Sofiane qui me demande si ça va mais je trace en l'ignorant. J'vois même pas le trajet jusqu'à chez moi tellement j'me retiens de tout cassé.

Ça fait longtemps qu'elle sait que je m'intéresse à elle, j'lui ai même dit mot pour mot mais ça a pas eu l'air de la déranger puisqu'elle a continué a passé du temps avec moi. C'est qu'au fond elle était pas contre l'idée, enfin c'est ce que je croyais. Peut être que je l'ai trop brusquée parce que c'est vrai que même moi je m'attendais pas à faire ça mais de toute façon fallait bien que ça arrive à un moment. J'suis perdue entre l'incompréhension et la haine, et j'ai envie d'envoyer chier Tarik qui me demande pourquoi je suis déjà là mais comme je tiens à ma vie, j'me contente d'aller dans ma chambre sans un mot.

Mes idées s'embrouillent complètement alors je ressors de la pièce pour aller dans la salle de bain. J'entends la porte d'entrée claquer, sûrement Tarik qui s'est barré. J'me déshabille et fonce dans la douche, je règle l'eau pour qu'elle soit brûlante et la laisse juste couler. J'enlève l'élastique qui retenait mes cheveux et me glisse sous le jet, mes geste sont un peu mécaniques mais j'me lave même pas parce que je l'ai fait deux heures avant et que c'est pas le but. Je ferme les yeux et me repasse tous les moments qu'on a passé ensemble en essayant de chercher un détail qui m'aurait échappé et qui m'aiderait à comprendre le malaise que j'ai moi même créé. Puis je continue à penser à d'autres trucs pas très joyeux mais j'peux pas m'en empêcher : amenez une mauvaise pensées et toutes les autres bien plus noires en profiteront pour s'imposer dans votre esprit.

Je sais même pas combien de temps je reste là mais j'ouvre les yeux quand j'entends frapper contre la porte d'entrée, comme Tarik s'est barrer y a personne qui va ouvrir. J'me demande si je dois le faire ou juste laisse la personne qui se tient derrière s'épuiser jusqu'à abandonner pour me foutre la paix. Ladite personne est tenace puisqu'elle insiste alors je sors de la cabine de douche et enfile mon boxer puis enroule une serviette autour de mes hanches. Je passe une seconde serviette sur mes cheveux pour les essorer un minimum, sinon j'vais foutre de l'eau partout et flemme de nettoyer. Pour la sixième fois, j'entends frapper donc je cris que j'arrive et me dépêche d'aller ouvrir, j'espère qu'ils ont une bonne raison de vouloir me casser les couilles maintenant. Je m'apprête à insulter la personne mais les mots restent bloqués dans ma gorge quand je vois Amélia qui se tient devant moi avec une moue un peu en colère. Depuis quand on inverse les rôles déjà ?

𝐍.𝐎.𝐒 | 𝙎𝙞𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙞𝙩𝙚́Où les histoires vivent. Découvrez maintenant