Pour me désintéresser, je m'accoudais à la rambarde du balcon, dos à la baie vitrée qui donnait sur mon salon. Je regardais la vie dans la cité, les gamins qui jouaient les gars assis sur les escaliers des tours. Je sais pas trop combien de temps je suis resté à ne réfléchir à rien mais j'arrivais sur la fin de mon joint, que j'avais rallumé quatre fois, quand Yanis me rejoint.

- Elle a fini, dit-il simplement.

Sans trop réfléchir je jetais mon mégot dans le cendrier qui était un peu trop plein et rejoignais mes frères et Amélia. Celle-ci était en train de coller un gros pansement sur la plaie, je savais même pas qu'on avait ça dans la trousse de secours. Encore une fois mon esprit parti un peu trop loin quand je commençais à envier Tarik, la p'tite était en train d'lui caresser le torse sans s'en rendre compte. Elle se redressa et secoua ses jambes qui devaient être rester trop longtemps pliées à supporter son faible poids.

- Bon, j'ai recousu, elle m'expliqua. Faudra changer le pansement tous les jours. C'est pas compliqué, vous enlevez l'ancien, vous passez un coup de désinfectant sur la plaie et vous en recollez un. Les fils de suture tomberont tout seuls.

En même temps qu'elle nous donnait ses instructions, elle rangeait ce qu'elle avait utilisé en faisant un tas avec les compresses et autres choses à jeter.

- Si quand il se réveille il a de la fièvre, un doliprane ça suffira. Si la fièvre continue faudra allez chez le médecin voire à l'hosto, parce que c'est pas normal. C'était plus impressionnant que méchant.

Yanis la remercia en nous prévenant qu'il descendait prévenir les autres. Je prenais le tas de déchets pour les mener jusqu'à la poubelle en proposant quelque chose à boire à notre infirmière. Elle déclina la proposition mais me suivi jusqu'à la cuisine, je ne pris pas la peine de prendre un verre et bu directement l'eau à la bouteille. Heureusement que mon grand était pas en état me voir, car il détestait ça et m'en aurait claquée une. Quant à elle, je la vis tourner son regard de droite à gauche pour détailler la pièce avant de s'assoir sur la table, face à moi qui était adossé au frigo.

- Ça va ? Elle demanda.

- Tranquille.

Elle sourit en soufflant un rire par le nez, ses jambes balançant dans le vide.

- Et pour de vrai ? Je t'ai vu sur le balcon, t'avais l'air inquiet. C'est pas une honte hein, c'est même normal en fait.

- Ouais, j'ai eu peur un peu, avouais-je en soupirant.

- Un peu ? Elle rit.

Je secouais la tête, elle se foutait clairement de moi et de la fierté masculine qui ne voulais pas avouer ses faiblesses. En temps normal j'aurais pas eu honte d'avouer avoir eu peur pour mon frère, mais de toute façon elle le savait. Alors je décidais de changer de sujet.

- J't'ai pas manqué ? T'as pas donné de nouvelle.

- C'est toi qui a dis que tu m'appellerai, ça a pris du temps.

- Mais c'est chose faite.

- Alors on est quitte, plus besoin de se recroiser, elle souriait.

Quoi ? Ah non. En fait c'était pas censé se passer comme ça, elle est pas censé dire ça la. Et pourquoi elle sourit elle aussi ? Si elle croit qu'elle va se débarrasser de moi comme ça, mais n'importe quoi.

- J'te re-croise si j'en ai envie, dis-je en espérant ne pas faire transparaître la légère panique qui m'avait atteinte.

- Et si moi j'ai pas envie ?

Elle me cherchait clairement. Son petit sourire en coin le prouvais. Et j'étais presque sur qu'elle agissait comme moi je l'avais fait la dernière fois qu'on s'était vu, sauf que moi je tombais dans son jeu de charme.

- J'vais te donner envie t'inquiète, je portais la bouteille à ma bouche pour ne pas laisser voir mon sourire.

Ça devenait carrément bizarre, je ne reconnaissait pas mon comportement, surtout avec une racli que j'avais vu trois fois dans ma vie. Sauf si c'était une timp mais là j'aurais même pas eu besoin de trois fois, la première dans ma voiture aurait suffit. Mais ça se voyait qu'Amelia était pas ce genre de meuf, pas le genre que tu soulève avant d'la tej. C'est le genre de fille grave attachante et mignonne que t'as envie d'garder dans ta vie parce qu'elle fait ressortir le meilleur de toi, j'en suis sûr.

- J'aimerai bien voir ça, elle repondit avec un clin d'œil. Mais pour l'instant je dois y aller. C'est Nassim qui m'a amener avec ma voiture et il attend en bas.

Elle descendit de la table dans un petit saut qui fit voler sa queue de cheval avant de s'approcher de moi sans que je ne réagisse. Elle se mit sur la pointe des pieds et embrassait ma joue avant de récupérer son sac au salon et de quitter l'appartement sans un mot de plus.

On est d'accord, elle l'avait clairement lancé un défi avec sa phrase ? Je réfléchissait à ça en sortant une clope du paquet de Tarik, parce que quitte à avoir un poids mort sur le canap, autant qu'il serve.

- Espèce d'arabe va, entendis-je.

Je me tournais pour voir AD les yeux à peine ouvert fixés sur moi. Sa main droite pendait dans le vide comme s'il avait essayé de me touché, sûrement me claquer la tête, mais qu'il n'avait pas eu assez de force pour aller jusqu'au bout.

- Wesh, je tapais dans sa main en évidence, bien ou quoi Adkhey ?

- Remercie moi connard, vu que t'en était pas capable, je l'ai faite venir ta p'tite go.

Je ricanais et lui mis un petit coup à la tête avant de lui expliquer tout ce que la doc nous avait raconté.

𝐍.𝐎.𝐒 | 𝙎𝙞𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙞𝙩𝙚́Where stories live. Discover now