Une dangereuse attirance

Les nouveaux

Tout commença un matin de juillet.  Le 10 pour être précis.  J'étais affalée dans mon lit après une nuit blanche à lire un de mes romans à l'eau de rose,  quand je fus réveillée par un bruit de véhicule qui provenait de la rue juste face à ma chambre.
Tant bien que mal,  je me levai pour voir ce qui se passait,  curiosité oblige.  Telle une petite vieille,  j'observai les allées et venues des gens dans la rue qui déchargeaient des cartons d'un énorme camion. Il y avait également des meubles. Il eu semblé que les nouveaux voisins allaient occuper la maison restée vide depuis deux ans qui se trouvait en face. Il y avait un couple d'une quarantaine d'années et leurs deux enfants,  j'imagine. Un jeune homme d'une vingtaine d'années et une adolescente qui ne devait pas avoir plus de quinze ans.
Fallait être sacrément cinglé pour choisir d'emménager dans ce trou perdu mais encore plus pour choisir de vivre dans cette maison abandonnée. Même moi,  elle me fichait la chair de poule.  L'ancien propriétaire était décédé dedans. On l'avait retrouvé pendu dans sa cave.

Après ce spectacle inintéressant,  je me traînai hors de ma chambre pour aller saluer mes parents en bas. Ils étaient dans la cuisine.
"
_Eh bien Melo,  c'est à cette heure-ci que tu te lèves ? Demanda mon père,  les yeux dans son journal.

_Tu as vu,  ajouta ma mère,  les nouveaux voisins viennent d'emménager. Je prépare des biscuits pour leur souhaiter la bienvenue. Tu iras leur apporter ?

_Génial, soupirai-je. "

Il est évident que je n'avais aucune envie de me déplacer jusque là et encore moins d'entretenir une quelconque interaction avec d'autres êtres humains. 
"
_Pourquoi tu veux leur souhaiter la bienvenue alors qu'ils ne feront pas long feu quand ils verront à quel point on s'emmerde dans ce trou paumé?

_Melody Élisabeth Shaw, me fit ma mère,  je ne t'ai pas éduquée de cette façon alors modère ton vocabulaire et fais preuve de courtoisie. "

Dire que Melody rime avec courtoisie.  Tu parles! Je préparai mon petit déjeuner et m'installai face à mon père. Son regard était toujours plongé dans son journal.  Il ne travaillait pas aujourd'hui. C'était d'ailleurs étonnant. Il prenait congé une fois toutes les deux lunes. A croire qu'il y a des événements inhabituels ces derniers temps. Je n'étais pas au bout de mes surprises.

Après avoir déjeuné,  je montai me laver et m'habiller.  Ce fut assez rapide.  Une petite douche, un t-shirt et un short.  Je pris à peine le temps d'attacher mes cheveux. Ils étaient complètement emmêlés.

En sortant de la salle de bain,  je sentis l'odeur des biscuits émanant de la cuisine. Et dire que ma mère allait les donner à des illustres inconnus plutôt qu'à sa famille.  Je redescendis et sortis sur le pas de la porte afin de mieux observer la scène.
La dame me regarda avec un air froid et distant.  Avec un peu de chance c'est l'expression que j'aurai quand je serai plus vieille.
Ceci dit, elle avait un visage plutôt lisse par rapport aux femmes de son âge. Presqu'une peau de bébé, bien qu'elle ne semblait pas avoir eu recours à la chirurgie esthétique. Enfin bon,  quand on est riche on peut s'offrir le meilleur chirurgien afin d'avoir un résultat presque naturel. Mais ces gens-là n'avaient pas l'air d'être beaucoup plus riches que nous.

Ma nouvelle voisine rentra chez elle et je fis de même.
Mon père avait décidé de troquer son journal contre la télé commande et regardait le sport à la télé.  Ma mère avait sorti les biscuits du four et les avait placés dans une boite en fer.
Elle me tendit la boite sans un regard.  Je fixai la boite pendant trente secondes avant qu'elle ne me demande ce que j'attendais pour la prendpeux

" Apporte ceci aux voisins s'il te plait ! "
J'exécutai sans grand enthousiasme.  Je n'avais pas forcément envie de me retrouver face à ma voisine tellement aimable.

Je sortis donc les pieds de plombs et constatai que le camion avait disparu. Je traversai la rue et frappai à la porte. Personne ne m'ouvrit.  Remarquant enfin la sonnette,  j'appuyai dessus et quelqu'un vint m'ouvrir quelques instant plus tard.
Le jeune homme qui avait mon âge apparut face à moi.

" Oui?

_ Je vous apporte des biscuits que ma mère a fait pour vous souhaiter la bienvenue. "

Je baissai les yeux, intimidée. Je l'entendis pouffer de rire. Vexée par sa réaction moqueuse,  mon sang ne fit qu'un tour.

" Écoute bien espèce de..." En levant les yeux vers lui, je ne pu continuer ma phrase. Je venais de croiser son regard et il me fixait également. Il avait pour sa part,  l'air moins perturbé. Il éclata de rire.  Je devins écarlate,  prête à exploser.

" Si tu voyais ta tête, rit-il.

_Ma tête n'est pas sensée te plaire,  répondis-je.

_Bien,  je peux ? Me demanda-il montrant la boite du doigt.  "

Je lui tendis la boite et fis demi tour.
Je sentis sa mains me tirer par  le bras  pour l'amener face à lui.
Je n'étais qu'à quelques centimètres de son visage. Et c'était suffisant pour me filer la chair de poule.

" Reste encore un peu, souffla-t-il.

_J'ai des choses à faire,  répondis-je en bafouillant.

_Dis-moi juste ton nom alors.

_Melo..., articulai-je.

_Enchanté! Je suis Liam. J'espère qu'on se reverra. Remercie ta mère pour les biscuits."

Je rentrai chez moi en trainant les pieds pensivement. Il était grand et costaud, avec des cheveux longs noirs et un teint doré. Il devait sans doute être le même genre de bellâtre sans cervelle que ceux qui peuplaient mon lycée dont les seules passions étaient la drague, le sport et se pavaner. Mais bordel qu'est-ce qu'il était beau. D'habitude ce genre de type ne m'intéressait pas. Ce qui est un peu normal étant donné qu'ils ont passé toute ma scolarité à m'humilier. Je ne ressentais d'ailleurs aucune connexion alchimique à leur égard. Pourtant lui, ce Liam, il était différent. Je ne savais d'ailleurs pas pourquoi. Peut-être parce qu'il s'est montré aimable envers moi?

En rentrant ma mère me demanda ce qu'avaient dit les voisins. Je ne répondis pas,  occupée dans mes pensées et montai dans ma chambre.
Je me remis à lire mon roman à l'eau de rose.

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