- Je rentre chez moi, pourquoi ?

En plus d'être toute douce, sans savoir pourquoi, sa voix me réchauffait. Et face à la fraîcheur de la nuit, je sentis un frisson courir le long de mes bras.

- Tu rentres comment ?

- Je vais voir s'il y a encore des bus, sinon j'appellerai quelqu'un.

- Vas-y, te casse pas la tete. J'te ramène.

- Je te connais pas, soupira-t-elle.

- Tu risques moins en montant avec moi qu'en restant dehors à attendre. Seule. En pleine nuit.

Elle me fixait avec ses grands yeux bleus, je voyais pas la couleur à cet instant mais j'avais eu tout le loisir de les observer cet après-midi. Elle-même je l'avait bien maté tout l'après-midi en fait. Elle avait pas un corps de bombasse, mais parfaitement proportionné. Sa taille était légèrement marquée et ses formes juste assez développées pour sa petite taille. En vérité sa tête devait à peu de choses près arriver au niveau de ma poitrine.

Finalement elle se résigna à monter côté passager. Elle s'installa et s'attacha pendant que j'enclenchais la marche arrière pour quitter le parking.

- T'habites où ? Demandais-je.

- À Evry.

- J'passe à l'épicerie avant ça te dérange pas ?

- Du tout.

La route jusqu'à notre premier arrêt était assez courte donc la discussion ne s'enclencha pas, la radio comblait le silence. Devant le petit magasin, je me garais en double file avec les warnings. J'en avais pour cinq minutes grand maximum.

- Tu m'attends la ?

- Je garde la voiture, elle répondit avec un clin d'œil.

Je souriais en sortant du véhicule que je laissais tourner. Je fis rapidement mon affaire en achetant dix cigarettes et je sortais presqu'aussitôt. Elle était sur son téléphone quand je repris la place derrière le volant. Le trajet jusqu'à Evry n'était pas vraiment long non plus alors on discutait pas vraiment. J'ai juste appris qu'elle travaillait à l'hôpital de sa ville depuis deux ans et qu'aujourd'hui était la première fois qu'elle se promenait jusqu'aux Tarterets. C'était pas rare de voir de nouvelles têtes au quartier, mais sans vraiment savoir pourquoi, la sienne avait particulièrement retenu mon attention. Peut être le blond de ses cheveux qui s'associait à un bleu glaçant autour de ses iris sombre. Ouais, on avait plus l'habitude de voir des têtes cramés en bas des tours que des princesses Cendrillon.

Mes suppositions tombaient en éclats lorsque je pris conscience que ses indications m'avaient tout droit mené dans une cité. J'étais sur d'être à Evry mais j'avais jamais entendu parler d'une princesse des blocs, pourtant c'est le genre de choses qui fait vite le tour. Surtout quand tu essaies de savoir tout sur tout, quand on tenait le rain-té avec Tarik c'était une de nos priorités : savoir c'qui se passait aux alentours de chez nous, au cas où.

- C'est la, elle indiqua une tour. Merci de m'avoir ramené Nabil, sourit-elle.

Je ne me préoccupais pas de lui répondre, concentré sur l'entrée dudit bloc qu'elle avait pointé du doigt. Illuminés par les phares de ma voiture, un groupe de cinq gars apparaissait assis sur les marches.

- Je t'accompagnes.

Mes mots semblaient fendre l'air et la stopper dans ses mouvements. Elle avait une main sur la portière et un pied déjà dehors quand je détachais ma ceinture et éteignais le moteur.

𝐍.𝐎.𝐒 | 𝙎𝙞𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙞𝙩𝙚́Where stories live. Discover now