La nature reprend ses droits. [BXB]

Chapitre 1

Je regardai le tableau noir, que le professeur venait d'effacer, ne faisant pas attention au brouhaha qui se faisait entendre derrière moi. Même s'il restait que cinq minutes de cour avant le week-end, l'instituteur ne comptait pas nous laisser sortir en avance, et j'essayais de rester concentrer un maximum, alors qu'il nous parlait de l'internationalisation des échanges, dans les marchés mondiaux. Même si l'économie n'était pas une matière qui me plaisait d'habitude, j'y trouvais mon compte, et pour une fois, j'arrivais à rester concentrer plus de deux minutes.

- Quel est l'autre nom donné aux Firmes Multis Nationales ?

Les élèves, derrière continuant à faire du bruit, malgré la question du prof, je levais la main, pour la première fois de ma vie dans cette classe. Nous étions en décembre, et je n'avais jamais participé auparavant. Non pas parce que ça ne m'intéressait pas, mais tout simplement car je n'en ressentais pas l'envie. Et pour éviter certaines remarques. Le prof me fit un signe de la tête, pour savoir la réponse.

- Les Firmes Transnationales ?

- Quelqu'un suit, au moins.

- Suce boule.

Ce genre de réflexion. Je ne me retournai même pas, beaucoup trop habitué à recevoir des critiques méchantes et gratuites, venant toujours de la même personne. Cody. Un mec qui d'origine, ne faisait pas de bruits, n'aimait pas se faire remarquer, jusqu'à ce qu'il forme sa "bande". Composé de trois garçons, et trois filles, ces derniers faisaient régner la "terreur" dans la classe. Et moi, j'étais devenu leur souffre-douleur. Insulte, bousculade. Mon quotidien se résumait à cela. J'avais appris dans le temps à ne plus m'en faire, à ne plus les écouter. Mais c'est vrai qu'à la longue, cela devenait pesant. Surtout quand ils utilisaient toujours les mêmes insultes. Ils ne variaient même pas.

- Bon, je vois que personne ne m'écoute... Simplement, pendant le week-end, révisez bien votre dernier cour... Vous pourriez avoir une surprise sur vos tables lundi.

Sur ses mots, la classe se leva, et se dirigea vers la porte qui menait à l'extérieur. Dehors, l'hiver battait son plein. Tempête de neige, agrémentée d'un sol verglacé. Je mettais donc un peu plus de temps que les autres pour ranger mes affaires, pas prêt à affronter le froid, mais surtout, les méchancetés de Cody. Alors que je rangeai ma trousse dans mon sac, je vis le prof s'approcher de moi, et s'asseoir sur la table se trouvant en face de moi. Je levai légèrement les yeux, ne sachant pas pourquoi ce dernier me fixait.

- Tu reçois souvent des critiques de ce genre ?

Je regardai, d'un sourcil levé, l'homme qui était assis devant moi. À vrai dire, au début, je ne comprenais pas vraiment ce qu'il voulait me dire. Mais bien sûr, en quelques secondes, un déclic se fit dans ma tête. Les critiques, il entendait par ça les injures. Je finis de ranger mes affaires, avant de répondre.

- Je... Je ne vois pas de quoi vous parler.

- Je ne suis pas bête, Chris. Je suis un professeur, je vous vois presque tous les jours. Je vous connais tous. Je vois quand les autres font des réflexions.

Je baissai les yeux, honteux. Il avait donc entendu ce que Cody m'avait dit, et cela me mettait dans une situation de malaise. Je ne voulais pas que les gens sachent les horreurs que l'on pouvait me dire. Je ne voulais pas que les gens sachent à quel point je me laissais faire, alors que je pouvais me rebeller. Malheureusement, je n'avais personne pour m'aider. Personne pour me soutenir. Du moins, dans cette classe. Ne voulant pas continuer cette conversation, je me levai de ma chaise, en posant ma veste sur mes épaules.

- C'est comme ça. Je ne peux rien y faire. Ils ont décidé de me prendre comme leur souffre-douleur, tant pis. Je sais ce que je vaux, c'est l'essentiel. Bon week-end, monsieur.