Whistleguy's Day

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C'est le moment où jamais de vous raconter ce qui m'arrive, et pourquoi ça m'arrive. J'ai besoin que les gens soient avertis. Je sens qu'il gagne de plus en plus de pouvoir, et je suis impuissant. Je ne pourrais pas le stopper, mais peut-être que vous si.

Je m'appelle Mike, j'ai 24 ans, et il m'est arrivé quelque chose que je ne peux pas expliquer. Quelque chose qui dépasse les lois de notre physique. Quelque chose de particulièrement effrayant et qui gagne de plus en plus de pouvoir...
Je vais tout vous raconter, et depuis le début. J'espère que ça pourra servir à ceux qui, comme moi, sont ses victimes, et qui veulent des explications sur tout ça, ou pour les personnes qui ont été trop curieuses...

Quand j'étais petit, en primaire, j'avais un ami. Il s'appelait Boris.
Avec mon groupe d'ami on discutait beaucoup, mais Boris essayait souvent de nous parler d'un dessin animé qu'il avait vu sur une de ses VHS, on ne l'écoutait qu'à moitié. En primaire à cette époque, toutes les discussions tournaient autour des Pogs, des billes, ou des dessins animés.
Puis un jour comme un autre, Boris est venu à l'école pâle comme un linge. On le pensait malade et on n'osait pas trop lui parler. Il paraissait constamment dans ses pensées, ses yeux bougeaient de droite à gauche, et il souriait d'une façon étrange... Dans cette même journée, en plein cours, il s'est mis à siffler. Il sifflait une musique étrange, rythmée, mais dont les notes me mettaient mal à l'aise sans que je ne sache pourquoi.
La professeure lui a sommé plusieurs fois d'arrêter, mais il n'écoutait pas et continuait. Ses yeux, grands ouverts, continuaient de balayer la pièce.

La professeure, ayant perdu patience, se leva et se dirigea vers Boris qui continuait toujours à siffler. Elle l'a pris par la main et l'a emmené illico vers le bureau du proviseur de l'époque.
Tous les élèves se sont regardés, un brouhaha s'est déclenché, pendant que moi je regardais la chaise vide de mon ami.
Et là, sur sa table, j'ai vu cette cassette. Je me suis levé et me suis dirigé vers elle, je voulais savoir ce que c'était, même si je m'en doutais un peu.
La cassette semblait en bon état, et l'étiquette sur le devant confirmait mes soupçons. Il était écrit : « Whistleguy's day ».
C'était le dessin animé dont parlait Boris. Je me souviens l'avoir entendu dire qu'il y voyait un homme siffler, constamment, une hache à la main... Il parlait de son chapeau haut de forme et sa tête en forme de ballon de baudruche... Tout le reste était bien trop flou. Nous n'écoutions pas beaucoup Boris quand il parlait de ce dessin animé comme je vous l'ai dit.

J'ai rangé la cassette dans mon sac. La professeure est rentrée, s'excusant auprès de toute la classe, et nous avons repris nos cours.
Je sentais que son regard était perturbé. Comme s'il s'était passé quelque chose dans le bureau du proviseur. Mais je ne sais pas pourquoi, j'étais surtout très curieux de rentrer. J'avais envie de voir ce dessin animé. Je sentais qu'il y était pour quelque chose.

Après les cours, j'ai pris mon vélo, fait signe à mes amis rapidement, j'étais trop pressé d'être à la maison. Puis, j'ai pédalé, si vite que je suis arrivé chez moi plusieurs minutes en avance.
J'ai franchi l'entrée, ai dit rapidement bonjour à mes parents, puis j'ai filé en direction de ma chambre.
Une fois dans la chambre, j'ai sorti la cassette du sac. Je l'ai regardé un instant et ne m'était pas rendu compte d'un petit détail tout à l'heure, l'étiquette était peut-être en bon état, mais l'écriture était étrange. C'est comme si c'était écrit grossièrement au stylo...

Je commençais à m'approcher de ma télé, quand ma mère m'a appelé d'en bas. Sa voix tremblait.
J'ai rangé cassette dans ma vieille caisse à jouet, et suis descendu rapidement.
Ma mère était en bas des escaliers, elle avait les larmes aux yeux. Mon père se tenait juste derrière elle, une main sur son épaule.

C'est là que, pour la toute première fois, j'ai subi la perte d'un proche et le deuil qui s'en suit.

« Mike... Ton copain Boris a eu un accident... Il est... »

Ma mère n'arrivait pas à prononcer le dernier mot, mais je n'en avais pas eu besoin. J'ai descendu les trois marches restantes, et suis tombé dans ses bras. Ce soir-là, j'ai pleuré comme jamais je n'avais pleuré...

Je vous passe les nombreux détails ensuite, mais j'ai très mal vécu sa perte. Je n'ai pas été à l'école durant presque deux semaines. Je n'en avais plus la motivation. J'ai été suivi par un psy pendant une année entière. Puis, avec le temps, j'ai fini par faire le deuil. Même s'il m'arrive encore aujourd'hui, plusieurs années après, de repenser à lui et pleurer.

Je n'ai appris que bien plus tard les circonstances de sa mort, et je vous préviens tout de suite, c'est particulièrement morbide.

Ma mère n'a jamais voulu me les raconter, il a fallu que je me fie aux rumeurs que j'avais entendu à l'école, et aux journaux locaux. L'affaire n'a pas été très étendue, c'était trop horrible pour que ce soit autant médiatisé.

D'après les journaux, Boris a été retrouvé mort dans sa chambre entièrement nu, pendu à une corde, attachée au lustre de sa chambre.
D'après eux toujours, le visage de Boris était particulièrement effrayant. Ils expliquaient que ses yeux étaient grands ouverts, mais pire, qu'il souriait de toute ses dents.

Je n'en avait pas besoin de plus, je ne me suis donc pas renseigné davantage, ces détails-là suffisaient amplement. Je dois vous avouer que c'est les circonstances de sa mort qui m'ont le plus troublé, et c'est aussi ce qui m'a poussé à demander l'aide d'un psychologue à l'époque. Je n'en ai jamais parlé à mes parents, je voulais tout faire pour oublier ces événements, je voulais tout faire pour ne plus penser à la mort de mon ami...

Les années ont passées, et je n'ai plus eu aucun contact avec mes amis de la primaire. Je vie aujourd'hui dans une maison avec ma petite amie, j'ai un travail, je suis réceptionniste dans un hôtel. Je n'ai presque plus pensé à Boris ces dernières années, les périodes de crises s'éloignaient de plus en plus.

Ma petite amie et moi avons fait récemment un grand ménage de printemps, on a décidé de faire le vide, de se débarrasser des choses qu'on ne se servait plus. Je suis alors monté dans le grenier de la maison et ai cherché ces choses que l'on pourrait vendre dans une brocante.
J'y ai trouvé pas mal de choses qui m'ont remué le ventre, des albums photos, un sac de billes, des photos de classes... Je n'ai pas trop osé regarder ces dernières, Boris était sur la plupart d'entre elles. J'ai alors dirigé mon regard vers ma vieille caisse à jouet. Je ne me souviens plus quand je l'ai amené ici... Peut-être lorsque mes parents ont divorcé et vendu la maison. Je n'en ai aucun souvenir.

Je me suis dirigé vers la caisse, le bois semblait en sale état, usé par les années. En l'ouvrant j'ai ressenti un violent coup de nostalgie...
J'avais sous les yeux toute mes années de primaires. Des Actions Man, des sortes de figurines à l'effigie d'un homme musclé prêt à braver tous les dangers, de vieilles voitures de sports, deux télécommandées, il y avait même un vieux jeu de quille, avec lequel j'avais joué tous les week-ends avec mes parents dans le jardin.

Après avoir farfouillé quelques minutes, je l'ai vu de nouveau.
La cassette.
Elle était posée dans un coin de la caisse, et ne semblait pas avoir pris la poussière. Elle était en parfait état, comme le premier jour où je l'ai récupérée.

J'ai bloqué dessus quelques minutes, plongé dans mes pensées, repensant à Boris... Je le voyais, pendu à la corde, le sourire figé sur son visage... Sa bouche bougeait de façon étrange... Ses yeux me fixaient. Et là, il siffla.
Il y avait un mélange sonore malsain, ses sifflements couplés au bruit de la corde tendue sous son poids...

J'ai chassé ces images, secouant la tête de droite à gauche, puis ai saisi la cassette.

Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais complètement oublié l'existence de ce dessin animé. Mon psy a dû faire un travail formidable. Je n'en avais plus aucun souvenir jusque-là.

Pendant que j'étais dans le grenier, j'en ai profité pour chercher mon vieux magnétoscope. Après avoir fouiné une bonne heure, je l'ai enfin trouvé. Je l'ai pris sous le bras, et suis descendu dans le salon.
Ma copine était là, en bas, et m'a demandé si j'avais terminé.
Je lui ai alors expliqué que je faisais une petite pause, que je préférais reprendre ça le lendemain.

J'ai été brancher le magnétoscope et ai préparé le diner. Je tenais à ce que ma copine ne sache rien de tout ça. Du coup, après le diner, nous sommes allez au lit. J'ai attendu qu'elle s'endorme, et je suis alors descendu jusqu'au salon, puis ai allumé ma télé.
J'ai eu du mal à trouver les branchements à faire, mais finalement ça a fonctionné. Le magnétoscope semblait être en état de marche.
J'ai saisi la cassette, et l'ai regardé quelque secondes avant de la mettre dans le lecteur.

Le bruit était si familier que j'en ai eu des frissons. Ce qui n'était pas familier en revanche, c'est le temps que j'ai attendu avant qu'une image apparaisse à l'écran. Soit j'étais à la fin de la cassette, soit au tout début... Puis, à mon grand étonnement, une image est apparue. La cassette avait donc été rembobinée.

C'était un vieux dessin animé des années 30, on pouvait entendre un bruit métallique, avec une légère musique cartoonesque, le son était très typique des vieux dessins animés ou vieux films de ces années-là, l'image était en noir et blanc avec une légère teinte jaune. On pouvait y voir ce qui semblait être un vieux garage, ou une cabane de bricolage, un personnage était de dos et semblait taper contre quelque chose avec un marteau.
Joyeusement, il se saisi d'un autre outil, un tournevis, et continuait de fabriquer ou réparer quelque chose... Après quelques instants, il se mit à siffler.
J'ai ressenti d'effroyable frissons, j'avais déjà entendu cette mélodie.

La silhouette se retourna progressivement, et semblait fier de sa création. C'était une hache. Le personnage lui, était étrange... Il avait une tête en forme de ballon de baudruche. Il portait une cravate dont le nœud semblait si serré que n'importe qui à sa place serait mort étranglé. Il avait des yeux noirs typiques des cartoons des années 30 et un chapeau haut de forme très petit, posé là sur sa tête.
C'était lui, c'était le Whistleguy.

Il se dirigea à l'extérieur de sa maison dans des gestes démesurés, typique des cartoons, ses yeux brillant d'excitation. Un arbre, qui semblait bien trop grand pour lui, prenait toute la place de sa cour. Une petite bulle propre aux cartoons poussa de la tête du Whistleguy, on y voyait un calcul grossier, une hache plus un arbre est égal à un arbre coupé.

En gros, il avait l'intention de couper l'arbre pour le débarrasser de sa cour. Voilà pourquoi il a fabriqué une hache.
Pendant un instant je me suis demandé comment il était possible de fabriquer une hache avec un tournevis, ou encore comment se fait-il qu'il n'en ai pas une dans son atelier ? Puis je me suis rappelé que c'était un cartoon. Parfois, il ne faut pas y chercher de logique.

Le Whistleguy se mit à siffler de plus belle en faisant voler sa hache, la faisant tournoyer en l'air, pour la reprendre en main avant qu'elle ne touche le sol.
Il a fait ça quelque fois, comme un joueur de poker jouerais avec son jeton.
Puis, au pied de l'arbre, il a de nouveau fait tournoyer sa hache, mais cette dernière s'est plantée dans une des grosses branches de l'arbre. Le Whistleguy semblait peiné, il a alors sautillé sur place pour essayer de l'attraper, mais sans succès. Puis, d'un coup, une ampoule est apparue au-dessus de sa tête, il avait une idée. Il s'est alors approché du tronc, et a secoué l'arbre de toute ses forces pour faire tomber la hache.

Ca a fonctionné, la hache est tombée, pour se planter dans la tête du Whistleguy.

La musique s'est arrêtée net au moment où la hache s'est logée dans son crâne, dans un bruit d'os et de chair particulièrement réaliste.
On pouvait voir le visage du Whistleguy, sans expression. Le regard vide.

La scène était particulièrement malsaine et surprenante, je m'attendais à ce qu'il retire la hache de sa tête et se frotte le haut du crâne comme si de rien n'était. Dans la plupart des cartoons personne ne se blesse réellement.
Mais au lieu de ça, un filet de sang a coulé du haut de son crâne, là où la hache était profondément logée...

De mon côté, je tremblais de peur. Jamais un dessin animé de l'époque n'avait été aussi loin à ma connaissance.

Le Whistleguy continuait de fixer le vide.
Après un court instant, des tourbillons sont apparus dans ses yeux. Le sang continuait de couler de plus belle jusqu'à ce qu'il en ait plein le visage... Puis, il a commencé à sourire.
En l'espace d'un instant, le Whistleguy est passé d'un personnage de cartoon tout ce qui a de plus banal, en quelque chose de bien plus effrayant.

Après quelques secondes, il a enfin bougé. Il a levé la main, et a arraché la hache qui était plantée dans sa tête d'un coup sec. Il y eut un bruit de succion horrible.
La musique quant à elle, a repris au moment où la hache s'est décrochée. Mais elle n'était plus pareille. Elle aussi était devenue sombre et effrayante.

Le Whistleguy ne semblait plus préoccupé par l'arbre, il regardait la hache qu'il tenait dans les mains. Celle-ci était tachée de sang de toute part.
Le sourire du Whistleguy grandissait de plus en plus. Il fixait la hache avec intérêt.
Après quelque instant, sans prévenir, il marcha, tenant fièrement sa hache dans la main droite, pendant qu'une giclée de sang tressautait du haut de son crâne grossièrement ouvert. Son sourire et ses yeux étaient particulièrement horribles. Les tourbillons qu'il avait dans les yeux semblaient tourner de plus en plus vite, son sourire était devenu macabre et du sang coulait maintenant sur ses dents. Puis, pendant que ses sourcils se fronçaient de plus en plus, il se mit à siffler la même mélodie que tout à l'heure.
Non loin de lui, il y avait un drôle de personnage. Ce dernier lui fit un signe de la main et s'approcha du Whistleguy souriant. Le Whistleguy a levé le bras, et lui a porté un violent coup de hache dans l'épaule.
Le bras du personnage se détacha d'un coup, il hurlait de façon macabre, pendant que le Whistleguy continuait de lui donner des coups de hache dans le corps. On pouvait entendre ses hurlements stridents et perçant à travers l'écran. II continua et continua, jusqu'à ce qu'il ne reste que de la bouillie.

Puis, après un instant, il reprit la hache et siffla de nouveau. Sur sa route, il croisa un autre personnage. Celui-ci, ayant vu la bouillie sur le sol, a immédiatement essayé de fuir.
Mais le Whistleguy lança sa hache, qui, dans un sifflement, vint se planter dans le dos du personnage. C'était une femme à priori. Cette dernière portait une robe à fleur.
Il a alors couru en direction du corps, et a détaché la hache. Puis, il fendit l'air de nouveau et la planta dans le crane de la pauvre femme. Il répété ça plusieurs fois, jusqu'à ce que la cervelle de la femme soit dispersée en plusieurs morceaux partout autour d'elle...

Le Whistleguy a continué à tuer tous les passant qu'il voyait, de façon particulièrement macabre, toujours en sifflant et souriant, comme s'il était devenu complètement dingue.

Puis, d'un seul coup, il s'est arrêté. La musique aussi, tous les sons s'étaient stoppés net.

Il était de dos. Il ne bougeait plus d'un millimètre.

Après quelques seconde, sa tête a commencé à se tourner lentement. Son corps lui ne bougeait pas d'un pouce.
Des craquements se faisaient entendre, brisant le silence. Comme s'il se brisait la nuque dans son mouvement.
Petit à petit, son visage devenait visible sur l'écran. Il se tournait vers moi.
Il me fixait de ses yeux en tourbillons. Il me souriait.
Puis, il a levé sa hache. Et le doigt de son autre main s'est levé lentement, pour venir progressivement se poser sur sa bouche. Et tout en me regardant, il a fait : « Shhhhhhhhhhh »

Tout a coupé ensuite, plus aucune image, plus aucun son, la vidéo était terminée.

La cassette est ressortie d'elle-même du magnétoscope, sans que je n'aie à intervenir.

Je suis resté assis là une bonne dizaine de minutes. Sans savoir quoi faire, à la fois tétanisé, et dans l'incompréhension totale. Qu'est ce qui venait de se passer ?
J'étais certains que le Whistleguy m'avait fait signe, à moi, comme un avertissement. Il pouvait me voir derrière l'écran.

J'étais si perturbé, puis si fatigué de cette expérience, que j'ai pris la cassette, l'ai rangée dans un des tiroirs près de moi, et me suis effondré sur le canapé.

Pendant mon court sommeil, j'ai fait un étrange cauchemar. Je le voyais, le Whistleguy, me regarder dormir. J'étais complètement paralysé.
Son corps était penché juste au-dessus de moi, son visage en face du miens.
Il avait ce sourire glaçant, effrayant, sa hache était plantée sur le haut de son crâne. Des gouttes de sang tombait sur mon visage.
Je pouvais voir mon reflet dans ses yeux tant il était proche. Je ne pouvais toujours pas bouger d'un pouce. Il a levé la main, se saisissant de la poignée de la hache qui était plantée, et la tira lentement. Le son que ça produisait était écœurant. Il a tiré de plus en plus fort, des trainées de sang giclaient pendant son acte. J'en recevait sur les yeux, sur la bouche et sur les joues.
Puis, dans un bruit sec, elle s'est détachée. Son sourire est devenu plus grand, ses yeux en tourbillons grandissaient de malice. Il a levé la hache au-dessus de sa tête, et avant de me porter le coup qui aurait été fatal, il a levé son autre main, puis mis son index devant la bouche.
Et là, comme à la fin de la vidéo, il a fait : « Shhhhhhhhh »

Son autre main, tenant la hache, a ensuite fait un mouvement circulaire violent.

Je me suis réveillé, en sueur, le cœur battant à mille à l'heure.
Je me suis mis assis sur le canapé, me demandant si ce n'était pas réel, mais il n'y avait rien autour de moi. Pas de Whistleguy, j'étais seul et il faisait encore sombre. Je pense qu'il devait être aux alentours de 6 heures du matin.

J'ai regardé le magnétoscope, et me suis rappelé que j'avais rangé la cassette dans le tiroir.
Je l'ai ouvert, j'ai pris la cassette, et je l'ai mise sous le bras.
Je suis monté dans le grenier, puis je l'ai jeté au milieu de la pièce.
Plus jamais je ne l'ai retouchée depuis.

Les jours suivant le visionnage du dessin animé ont été de pires en pires. J'étais pris d'hallucinations violentes, de nausées et de vertiges. Du moins, je croyais que c'était des hallucinations.

Je pouvais voir le Whistleguy alors que je regardais la télé. Ça pouvait être pendant un épisode des Simpsons, ou encore de Family Guy. Il n'apparaissait que dans les dessins animés.
Le premier jour j'étais certains que c'était le fruit de mon imagination. Lors d'un épisode des Simpsons, un épisode que je ne pourrais vous citer, il se trouvait dans le générique, devant la porte d'entrée de la maison familiale, tenant sa hache au-dessus de sa tête alors que Homer garait sa voiture devant chez lui.
Il n'est apparu que quelques secondes, le temps de me frotter les yeux, il avait déjà disparu.

Le jour d'après, c'était comme je l'ai dit, dans un épisode de Family Guy. Toujours pendant le générique, il se trouvait en haut des marches de l'endroit où danse toute la famille. Il dansait lui aussi, la hache plantée dans la tête...
Il était resté plus longtemps visible cette fois, et pire encore, il semblait plus proche encore que lors de sa dernière apparition.

Je l'ai vu alors dans plusieurs dessins animés différents, la chose que je peux vous confirmer maintenant, c'était qu'il se rapprochait bel et bien de plus en plus de l'écran. Si bien que je ne pouvais plus regarder de dessins animés, au risque de l'avoir en gros plan, ses yeux tourbillonnants, en train de me fixer à travers l'écran.

J'ai donc par la suite arrêté totalement de regarder des dessins animés. J'étais tenté de chercher la vidéo et la faire regarder à d'autres, mais quelque chose me retenait... N'étais-ce pas ce qu'avait fait Boris ?

C'est là que je me suis posé une multitude de questions. Pourquoi Boris a amené la vidéo jusqu'à l'école ? Pourquoi cherchait-il tant à en parler ? Voulait-il nous aussi nous faire contaminer par le Whistleguy ... ?
Si oui, dans quel but ?

Les jours qui ont suivis ses apparitions, pensant que je serais enfin débarrassé de lui, c'est devenu pire encore. Pendant des promenades, en pleine journée, il m'arrivait de l'entendre siffler derrière moi.
J'ai été réveillé plusieurs nuits, car j'entendais des « Shhhhhhh » à répétitions venant du dessous du lit. Je n'ai jamais osé me pencher pour regarder en dessous, je savais qu'il y était. Et je ne voulais surtout pas le voir.
Je me suis renseigné sur le net pour avoir des informations sur le dessin animé, mais rien. Je m'en doutais. Jamais je n'avais entendu parler de ce dessin animé si ce n'est que de la bouche de mon ami Boris.
J'étais donc dans le flou total, en train de subir sa présence, je savais qu'il était là mais ne pouvait rien faire... Et j'ai l'impression qu'en parler aurait empiré les choses.

Tout devenait de pire en pire, comme je vous l'ai dit, je pouvais l'entendre de jour comme de nuit. Seulement, il n'était encore jamais apparu dans la réalité jusqu'à ce soir-là.

Un soir, alors que je rentrais du travail en voiture, j'ai entendu des sifflements très léger, à peine perceptible, venant de la banquette arrière.
Je n'ai pas osé regarder le rétroviseur tout de suite. Mais après plusieurs minutes, ma curiosité a été trop forte. J'ai jeté un simple coup d'œil dans le rétro. J'avais le pied devant la pédale de frein au cas où. Mais il n'y avait rien.
Rien sur la banquette arrière.

Puisqu'il se trouvait sur le siège passager.

J'ai écrasé le frein, en panique, j'ai eu le temps de voir ses mains s'approcher de mon visage, il a eu le temps de lâcher un cri perçant alors que je suis sorti du véhicule en trombe.
Je suis tombé sur les fesses, faisant face à la voiture en plein milieu de la route sombre. J'ai vu la portière du côté passager s'ouvrir, et j'ai entendu ce que je pensais être un sifflement. Petit à petit, son corps s'est dévoilé. Il passait devant la voiture à pas lent, la hache à la main, sifflant joyeusement. Les phares éclairant faiblement son visage, je pouvais voir son grand sourire et ses yeux tourbillonnants.

Il s'est arrêté net. Alors que je peinais à reculer, n'osant pas me mettre debout.
Sa tête de tournait lentement vers moi. Et comme sur la vidéo, sa nuque craquait, accompagnant le mouvement de sa tête.

Ses yeux, effrayants comme jamais à ce moment, fixait les miens.
Sa bouche était figée dans un rictus horrible, son corps était immobile. Plus aucun de nous deux ne bougeait à présent.

Après un instant qui paraissait interminable, sa tête a fait un mouvement étrange, puis s'est mise à gonfler.
Elle gonflait et gonflait, jusqu'à atteindre une taille démesurée, dépassant de loin la hauteur de la voiture. Le bruit que ça faisait était strident, comme plusieurs ballons de baudruche que l'on gonflerait en même temps. Son sourire devenait plus grand encore. Sous la pression, même ses yeux sont sortis de leurs orbites. Le sang du haut de son crâne giclait et éclaboussait tout autour de lui, les phares de la voiture étaient à présent tachetés de sang. La lumière projetait maintenant une vision d'horreur et éclairait tout en rouge la monstruosité qui gonflait de plus en plus.
Et là, sans prévenir, il a couru vers moi avec une vitesse impressionnante. Juste avant que son corps ne touche le mien, sa tête explosa dans un fracas assourdissant. J'ai senti des morceaux de son crâne me toucher le visage et le corps. J'ai paniqué, me suis levé, et ai couru avec peine jusque dans la voiture. Je stressais tant que je n'arrivais pas à me saisir des clés encore sur le contact pour les tourner. Je voulais partir d'ici au plus vite. J'avais du sang dans les yeux, je pouvais à peine voir ce qui se passait devant moi.

J'ai finalement pu trouver les clés à tâtons, et les ai tournés rapidement pour démarrer la voiture. Juste avant d'appuyer sur l'accélérateur, j'ai pu voir le Whistleguy encore debout, la hache dans la main. Sa tête regonflait petit à petit.
Et avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit d'autre, j'ai filé à vive allure en écrasant la pédale d'accélération, et ai rouler très vite jusqu'à chez moi. Le sang avait totalement disparu, c'était comme s'il ne s'était rien passé...

Je n'ai pas réussi à dormir cette nuit-là, car il était de nouveau chez moi. Je pouvais l'entendre siffler dehors, dans le jardin.

Je ne vous ai pas parlé de ma petite amie, mais il faut que vous sachiez que je ne lui ai rien dit. Elle a trouvé mon comportement très louche cette semaine-là, même si je tentais de cacher au maximum mes émotions. Le fait d'avoir dormi sur le canapé un soir n'a pas aidé.
J'avais peur de lui en parler car elle ne l'entendait jamais, elle ne le voyait pas non plus quand il apparaissait dans les dessins animés. J'avais peur que si je lui en parle, elle aussi finisse par le voir et être torturé de sa présence.

Je l'ai encore entendu et vu plusieurs fois après ça. Mais ce n'est pas le pire.
Le pire, c'est ce que je suis devenu petit à petit.

Moi aussi, tout comme lui, je me suis mis à siffler sans m'en rendre compte. Je l'entendais de plus en plus souvent, c'était devenu quotidien. Il m'arrivait de le voir me fixer par la fenêtre, quand je rentrais chez moi, sur la route, ou quand je prenais ma douche.

Je me savais condamné. Mais ce dont je suis certains aussi, c'est que je ne dois en aucun cas partager cette cassette.

C'est pour ça qu'un matin je suis monté dans le grenier, pour aller la récupérer et la détruire. Mais elle n'était plus là.
Je l'avais pourtant balancée au milieu de la pièce, je me souvenais de l'endroit exacte où elle avait atterri. J'ai interrogé immédiatement ma copine pour savoir si elle l'avait vue, en prétextant que c'était une vidéo de moi étant enfant que j'avais retrouvé en faisant le grenier, mais rien. Elle ne l'avait pas touchée.

Je savais pourquoi. Je savais que le Whistleguy la gardait avec lui.

Il l'avait donné à Boris, car il était au seuil de la mort, et le fait qu'il la partage aurait été bénéfique au Whistleguy.
Mais avant que quelqu'un n'ait pu visionner la vidéo, il s'est pendu. C'était trop tard. Mais le Whistleguy est maintenant chez moi. Le plan du monstre avait fonctionné.
Et il sait que jamais, jamais, je ne partagerais sa vidéo à d'autres. Je suppose que ça doit repousser l'échéance, à la manière du film « Le Cercle », mais je préfère encore mourir que faire subir ça à d'autres personnes.

Me voilà donc aujourd'hui, un sourire figé sur le visage que je n'arrive pas à retirer. Les muscles de mes joues semblent fatigués, mais il me fallait vous raconter tout ça avant que je ne parte.
J'ai fait une lettre d'adieu pour ma famille, mon amie, sans mentionner une seule fois le Whistleguy. Je ne veux surtout pas qu'ils se mettent à chercher cette cassette.
Cet enregistrement que je vous fais n'est pas là pour rien. Il faut qu'un maximum de personnes en dehors de mon entourage soient prévenus.
La cassette a bel et bien disparue, mais je suis certains que le Whistleguy l'a déposée chez quelqu'un d'autre.

Si un jour, vous voyez cette fameuse cassette appelée « Whistleguy's Day », ne la touchez surtout pas si ce n'est que pour essayer de la détruire. N'essayez en aucun cas de la visionner, car sinon, il sera à vos trousses.

Pendant que j'enregistre, je sens son souffle sur ma nuque. Je sais qu'il est derrière moi.
Mon sourire devient lui aussi plus grand à présent.

Je sais pourquoi le Whistleguy me demandait de me taire maintenant, en me faisant ses « Shhhhhh ». D'un côté, ça lui permettait de me torturer à sa guise. Si j'en avais parlé, il aurait dû tout recommencer avec quelqu'un d'autre. Mais il va devoir attendre un long moment maintenant. Car quand j'aurais passé la corde qui est à côté de moi autour de mon cou, il ne pourra pas agir avant un long moment.

Par pitié, vous qui m'entendez, si vous trouvez cette cassette vidéo, ne la regardez jamais.

Car le Whistleguy peut-être partout, sa cassette vidéo est à la portée de tous. J'ai pu le retenir un moment et peut-être l'empêcher d'agir plus rapidement, mais il finira par sortir de nouveau de l'ombre.

Et si tel est le cas, si vous tombez dessus, il vous attrapera vous aussi. Et vous vivrez à jamais dans le cauchemar de ce dessin animé maudit. 

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⏰ Last updated: Mar 15, 2019 ⏰

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Le dessin animé maudit (Whistleguy's Day)Where stories live. Discover now