"Calme-toi enfin... Ce ne sont rien de plus que des bijoux. Très vieux, certes, mais des bijoux quand même ! Ce n'est pas comme si tu avais trouvé des instruments de torture... Essaya-t-elle de se rassurer tant bien que mal.

Elle posa sa précieuse découverte sur sa table de chevet et se promit de faire ses propres recherches quand elle le pourrait. Ces derniers temps, elle trouvait que son état était particulièrement instable. Un jour, tout allait bien, elle retrouvait une joie de vivre et le désir de agir pour s'intégrer de nouveau à un quotidien normal... puis le lendemain il lui semblait que le ciel lui tombait sur la tête, que son existence n'avait aucun sens à cette époque. Elle avait l'impression d'avoir un yoyo comme directeur de ses humeurs; qui pouvait passer d'un espoir soudain à une mélancolie sans fin. Elle déglutit et éteint rapidement sa lampe de chevet, pressée de trouver un sommeil réparateur.

***

Natacha ouvrit les yeux, réveillée par un étrange mélange de sons semblables à des craquements, des clapotis et des chuchotements. La pièce humide et bizarrement instable, était plongée dans une obscurité quasiment totale. La panique gagna rapidement la demoiselle qui comprit sans peine qu'elle était loin de se trouver dans le lit où elle s'était endormie. Ce fut d'abord l'odeur forte des lieux qui la surprise. Un parfum entêtant qui lui fit froncer le nez et chercher dans sa mémoire si elle l'avait déjà sentie auparavant. Elle tenta de se lever mais le sol qui tangait dangereusement sous ses pieds lui fit immédiatement regagner sa place initiale. À tâtons, elle tenta de trouver un objet susceptible de l'aider à se relever mais ne trouva rien d'autre que des sortes de grosses et lourdes chaînes de fer solidement fixées sur une longue barre de métal. Poursuivant ses recherches, elle constata que les murs arboraient une forme curviligne et semblaient être faits d'un bois tendre mais vieillis sous ses doigt.

C'est avec un mélange d'horreur et de fascination qu'elle comprit qu'elle était enfermée dans la cale d'un bateau. Les étranges clapotis n'étant autres que le bruit provoqué par les vagues s'écrasant sur la coque, et l'odeur, celle de l'air iodé marin. Refusant de céder à la panique comme son corps avait tendance à le faire ces derniers temps, la jeune femme se concentra sur son entourage à la recherche d'une issue potentielle. Son ouïe se focalisa alors sur les petits chuchotements qu'elle avait certainement entendu auparavant mais sans les écouter ou y prêter une quelconque importance. Prudemment, elle avança dans le noir en s'appuyant contre la paroi pour éviter d'être déséquilibrée par la houle et la cadence de l'engin maritime. Elle se dirigea lentement vers la source des sons, partagée entre une folle envie de se recroqueviller dans son coin, et un besoin irrépressible de découvrir où s'était-elle encore retrouvée.

Au fur et à mesure qu'elle s'approchait, les murmures furent plus distincts et Natacha entendit la voix d'une jeune enfant. La petite, certainement adossée contre la paroi de la cale, fredonnait un air inconnu, entrecoupé de légers sanglots à fendre l'âme. Prise de pitié, elle chercha à toucher la petite fille, mais l'obscurité de l'endroit rendit la chose presque impossible.
Soudain la trappe située sur le plafond non loin d'elles deux s'ouvrit avec brutalité, laissant quelques rayons de lumière illuminer la pièce jusqu'à lors plongée dans la pénombre. Cette visite inattendue laissa juste assez de temps à la blondinette pour trouver la petite d'un regard circulaire. 

Comme elle s'y était attendu, celle-ci était en effet recroquevillée dans un coin, calée entre le mur de bois et sa poutre la plus épaisse. De lourds cordages tombaient du plafond, faisant naître autour d'elle un étrange paysage junglesque. Elle portait une robe à l'aspect étrange et au couleur terne, propre mais usée. Son petit corps tremblait de peur et de froid, et son visage demeurait caché parmi les mèches presque blanches de sa chevelure.

Le Temps Des Sortilèges - Tome 2 - Le ChoixWhere stories live. Discover now