Sémaphore

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Un silence de marbre, et t'as la parole Rodin,
Tire-moi donc le portrait de tes regards au fusain.
Dévisage-moi ma belle, de tes deux yeux guillotines,
C'est Louis XVI dans ma tête et Robespierre sur la rétine.

Je te dévorerai du regard, la pupille en vorace appendice,
Les yeux plus gros que le ventre car l'estomac dans l'iris.
Tes yeux me chauffent, et pratiquent la terre brûlée,
Tu lis en moi comme dans un livre, alors je finirai autodafé.

C'est que ta gueule d'amphore avalerait toutes mes larmes,
Fusille moi du regard, tes deux yeux sont les plus belles armes.
Tes yeux m'enivrent, c'est que je bois toutes tes paroles,
Le flot de tes mots éphémères est le plus corsé des alcools.

Tes yeux c'est... Sémaphores. Deux radiants parmi les autres.
C'est que ton amour me lacère, mais au moins c'est le notre.
T'envoie que des signaux, j'ai l'impression que tu me parles en morse,
Pourquoi je cherche autant de conclusions dans la plus simple de tes amorces.

Bal masqué des paradoxes à chaque dîner en tête à tête,
Les sourires sincères qui défilent ont l'hypocrisie des esthètes.
Si je te regarde dans les yeux c'est pas que t'as pas de poitrine,
C'est que ton court regard sensuel a le désir adrénaline.

Pardonne-moi, j'ai pas encore de bouquets de fleurs à t'offrir,
C'est que la corolle dans mon cœur a pris son temps pour fleurir.
Mais je danse moi, autour de tes courbes en arabesques,
Si ton déhanché vacille, t'inquiète, c'est d'un charme pittoresque.

Ta peau nue contre mon corps, c'est la caresse de l'idéal,
A chaque fois que tu t'éloignes, je vois mourir Sardanapale.
Tes formes de vierge ont la grâce des sentinelles,
Veillant avec vigueur sur le vorace de ma prunelle.

Ton corps, c'est... Sémaphore. Une aurore boréale.
Dans le blizzard brillent tes yeux comme un message subliminal.
Déchiffrer tes paroles d'amour dans l'averse de tes propos,
La pluie dans les faubourgs a la discrète passion de tes mots.

Ta carrure se dresse comme un phare breton dans la brume,
Ta beauté aussi troublée que les maigres volutes de l'écume.
T'es la marée haute des plages d'étoiles au sable solitaire,
Une constellation malice me narguant de sa distance délétère.

Je ne suis pas Ulysse, mais t'es ma Pénélope je crois,
C'est que le moindre de tes regards ferait déjà fait tomber Troie.
T'es la flamme d'un feu de camp sur un belvédère,
Moi Icare, se brûlant en toi comme papillon sur lampadaire.

T'entends cet air de basse qui fait tanguer nos esprits ?
C'est que les échos de ton silence ont l'amertume de la folie.
C'est comme un kaléidoscope pris sur un appareil argentique,
La chambre noire de l'amour est d'une couleur sidatique.

En perpétuelle chute libre depuis que je suis tombé amoureux,
De la nonchalance ivre de tes deux yeux capricieux.
Tes sublimes ardeurs, copuler est d'une drôle d'indécence,
C'est que l'odeur de ta cyprine est le parfum de mon innocence.

L'illusion de notre amour éternel est une étrange ordalie,
Sans doute que les tissus de mensonges font de belles draperies.
Alors j'observe tant que je peux tes formes danser dans un obsédant flot,
Faisant de ma vie un radeau, façon tempête dans un verre d'eau.

Je capte plus le signal, tes mots sont des ondes d'or,
Effleurant les milles hasards de ta belle boîte de Pandore.
Un polaroid en souvenir, une lumière dans les pièces sombres,
Dans le noir tes yeux m'éclairent tels des sémaphores d'ombre. 

EntropieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant