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Allongé dans le lit, la couverture blanche recouvrant à peine tes hanches, tu m'observes. Tes cheveux sont en bataille, tes lèvres sont rouges, ta peau brillante de sueur. Tes yeux sont encore sombres de désir.

Je fume, appuyé contre le mur. Y a la fenêtre ouverte à côté de moi et un rideau de neige qui recouvre le monde dehors.

T'es beau, Harry. T'es beau à en crever.

C'est la première chose que je me suis dit en entrant dans ta chambre, en voyant ton sourire, la peau découverte de ton épaule grâce à ton pull trop grand.

T'es beau.

Tu l'es encore plus maintenant, je crois.

C'est la première fois que je me dis ça après avoir fait l'amour.

C'est la première fois que j'ai envie de recommencer.

Je sais pas pourquoi je t'ai choisi toi. Je sais pas pourquoi j'ai répondu à ton message. Je sais pas pourquoi je me suis rendu à l'adresse que tu m'avais envoyé. J'avais bien vu, sur ta photo de profil, que t'étais plus jeune que tout ceux que je choisissais d'habitude. Plus subtil aussi, je crois. Tu m'as pas envoyé de photos de ton sexe. Tu m'as pas fait de blagues douteuses. Tu m'as juste dit « Tu me plais. J'ai envie de faire l'amour avec toi, un après-midi. Et de manger du chocolat ensuite, en posant ma tête sur tes cuisses. » Ça m'avait fait sourire. J'étais allongé dans mon lit, recroquevillé à cause du mal de ventre. Ça m'avait fait sourire, et soudain, j'avais envie de douceur.

J'aime pas la douceur normalement.

J'aime les hommes qui me retournent, qui m'arrachent le coeur. J'aime les hommes dont la barbe pique, dont les mains sont immenses, enveloppantes. J'aime les hommes qui ont peur et envie, qui me regardent avec un désir froid, qui me disent en chuchotant : « Ma femme est au travail mais je veux pas qu'elle se rende compte de quoi que ce soit. Ça te dérange si on le fait dans la chambre de mon enfant ? » J'aime les hommes qui me griffent, qui me font mal, qui font grincer le bois du lit, qui veulent pas m'embrasser, qui disent qu'ils sont pas gays. J'aime les hommes qui me renvoient chez moi sans un regard, qui me remercient même pas pour leur avoir permis de se vider. J'aime marcher dans la rue, après, effleurer du bout des doigts les murs des maisons, sourire en repensant à leur parfum, puis oublier leur visage, les supprimer de l'application.

Toi t'es pas comme ça.

T'as des yeux verts si clairs incapables de mentir. T'as une peau si douce qu'on peut pas s'y blesser. T'as des gestes si tendres qu'ils me donnent envie de pleurer. T'as un parfum fleuri qui me colle à la peau. T'es le genre de mec qui pourrait me briser le coeur, mais le briser vraiment, parce que t'es trop beau, t'es trop gentil, t'es trop doux. Tu me fais plus peur que tous les autres.

Ça fait trois fois déjà qu'on se voit.

On couche ensemble, je fume, tu parles un peu, et puis je pars. On a jamais mangé du chocolat ensemble. J'ai peur de tes caresses. J'ai peur de la façon dont elle fait frissonner ma peau. J'ai peur de ton corps qui enlace le mien, de la douceur de tes mains glissant sur mes joues, de tes doigts s'égarant sur mes lèvres, de tes paupières closes et de ta langue qui cherche la mienne. J'ai peur de nos gémissements, de nos sueurs mélangées, de tes doigts enfoncés dans la peau de mes cuisses, de tes sourires au milieu des orgasmes.

J'ai peur de nos coeurs qui battent de la même façon.

J'ai peur de tes fêlures qui ressemblent aux miennes.

J'écrase la cigarette dans ton pot de géranium, et je referme la fenêtre. Il faut que j'y aille. Il faut que j'arrête de revenir. Mais ce sont tes yeux, ils m'empoisonnent. Je rêve de toi la nuit, tu sais ça ?

Neige  - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant