Épisode 1

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  • Dedicated to Aurélie Peltié
                                    

Dormir. Tout ce que voulait Aurélie, c’est dormir alors même qu’elle était en cours et qu’il lui restait encore deux heures de cours. Elle tournait les yeux de droite à gauche mais elle savait au fond d’elle-même que si elle fermait les yeux ne serait-ce qu’une minute, elle ne tarderait pas à s’envoler dans les bras de Morphée. Le soleil brillait au dehors, comme un appel à la feignantise mais elle ne pouvait aller faire bronzette. 

-Modification dans la situation de l’employeur…

Elle notait sans grande conviction mais un regard sur l’ordinateur de sa voisine lui fit comprendre qu’elle ne pourrait prendre son cours. Elle repensait avec délice à la journée de la veille ou elle avait pu rester dans son jardin en tong et débardeur à rêver de Superman en slip de bain qui l’éventait avec dignité. 

-Je vais citer la cour de Cassation. 

Elle soupira. Il restait 36 minutes de cours. Elle se demanda si elle aurait le temps de se prendre un thé à la menthe. Elle se demanda si à la cafétaria ils accepteraient de lui mettre un petit parasol dedans et si elle aurait droit à une paille rose. 

Elle se demanda si sa batterie d’ordinateur pourrait supporter si elle regardait un film pendant son TD.Un vieux film français de préférence. Ceux qui étaient en noir et blanc. Elle se demanda alors si elle avait déjà vu un film français en noir et blanc. Elle réfléchit quelques minutes en fronçant des sourcils et pinça un coin de sa bouche. Un Louis de Funès. Oui. Celui où il tue sa femme. Oscar, ou un truc dans le genre. 

Elle déplia ses jambes, fit craquer ses doigts et fut à deux doigts de taper sur sa voisine pour la réveiller. Mais elle n’osa pas. D’une part, elle aurait hurler, d’autre part elle se serait vengée enfin le prof la fixait depuis un certain temps. C’était le souci de se mettre en face de lui. Elle se demanda en regardant bien son prof si son coiffeur le comparait à Hugh Grant quand il le coiffait. Il ressemblait à Daniel Cleaver dans le journal de Bridget Jones. Diantre. Il ressemblait à un Britannique. Elle faillit tirer la langue de dégoût. Elle n’aimait pas l’anglais. Cela lui rappelait sa prof de lycée; elle revoyait encore ses cheveux gras qui lui rappelait de la Végétaline. 

-Excusez-moi mademoiselle ? 

Son coeur s’affola. Le prof la regardait d’un air sévère. Elle rougit comme un poivron. 

-Pourriez-vous cesser de mâcher votre chewing gum ? On dirait que vous ruminez. C’est très gênant. 

Elle faillit répliquer qu’elle n’avait pas de chewing gum qd elle comprit. C’était la fille de derrière qu’il visait. Elle faillit soupirer de soulagement mais elle n’osa pas. D’autant plus que les gens du premier rang s’étaient retournés. Elle faillit leur faire un coucou pour qu’ils se retournent. Pfff. Les jeunes. 

Elle regarda la porte espérant que quelque chose vienne troubler le cours. Même un terroriste armé d’une mitraillette ne lui aurait pas déplût. Il aurait tiré en l’air sous les cris suraigus de la foule, elle en aurait profité pour s’allonger au sol et dormir. Sauf qu’en y réfléchissant, la probabilité pour qu’elle meure écrasée était grande. Elle regarda le plafond, les vaguelettes de l’amphi E lui donnait le mal de mer. Elle n’était pas hypocondriaque généralement mais quand elle avait appris que l’amphi était amianté, elle en faisait des cauchemars. Elle se voyait avec un enfant à 2 têtes et à tentacules qui essayait de la manger. La dernière fois qu’elle avait rêvé de ça, elle s’était réveillée en sueur et avait failli hurler en voyant son chat enroulé en boule sur son oreiller près d’elle. 

Sa voisine lui donna un coup de coude, elle commençait à s’endormir. Elle aurait donné sa mère pour voir Tarzan débouler dans l’amphi, et interrompre le cours du temps qu’elle trouvait longuet. 

Les tribulations d'AurélieWhere stories live. Discover now