La mort Lui appartient

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            Grand-mère me manque. Cette pensée vînt me tirer de mon sommeil. J'aurais dû la retrouver mais Il veux que je continue. Maman aussi me manque, et papa. Mais Il veux ce qu'ils m'ont appris. Il veux le savoir des anciens.

                « Ak'nar i'cha nal Kra. Ar'ich t'sun ga »

            Ses mots que seul le vent semble porter résonnent dans ma tête. La brise souffle dans un coin du marais. Je raclais mes longs ongles noirs sur le mur blanc maculé du sang séché des premiers mangeurs. Ils avaient tenté de me manger mais ce fût finalement l'inverse qui se produisit. C'est à ce moment-là qu'Il m'avait trouvé. Le vent et les murmures m'attirait à Lui. J'étais affamée et je savais qu'Il m'emmenait à un endroit où je pouvais me nourrir. Mais surtout, j'allais revoir ma famille.

            J'avais mangé, oui. Mais Il voulais que je tue encore, pour revoir les miens. Je Le haïssais et l'aimais à la fois, après tout, Lui aussi ne voulait que se nourrir, et Il avait besoin de moi, comme j'avais besoin de Lui.

            Une fois de plus, Il avait attiré de nouvelles proies, pour nous. C'est pour cela que l'air se faisait plus agité. Je n'avais plus qu'à abattre ces paquets de chair. Peut-être qu'après cette énième chasse, je reverrai mon village. Je tendis l'oreille, et entendit bien vite le clapotement de l'eau. C'était proche, j'avais espéré qu'Il aurait attiré autre chose que de l'homme mais je savais qu'Il n'aimait que ça. Les autres animaux ne l'intéressaient pas. Je sentais sa peur, son petit cœur battre d'incompréhension dans ce monde étrange qu'était mon marais. Ma chasse débutait, j'inspirais difficilement une grande bouffée d'air et trancha la terre de trois coup nettes, Il m'observait, je savais mon étrange et puissant ami fasciné par ce pouvoir. Les siens étaient bien plus puissants que le mien, mais je sentais son désir de posséder. Mes marques étaient en place, doucement, je rampais à l'opposé, contournant ma proie sans me faire voir. Je prenais soin de ne pas retourner la terre avec mes mains. Je le voyais désormais, son blouson blanc me rappelait qu'il m'arrivait à moi aussi d'avoir froid, avant les mangeurs.

            Repenser à eux fit monter la colère en moi et Il me soufflait des idées de vengeance à l'oreille. En grognant pour accentuer la peur de cette chaire fraîche qui me tournait le dos, je me jetai sur lui. L'espace d'un instant je me vis dans le reflets de ses yeux bleus écarquillés par la peur. Recouverte par cette inaliénable couche de crasse j'avais du mal à croire que je fût comme lui jadis. Tandis que j'abattais mes ongles que d'autres pourraient qualifier de griffes sur sa chaire molle et faible, transperçant sans peine sa chaire et ses muscles, je me fixait dans ses yeux. Comment mes parents pourraient-ils me reconnaître à travers ce corps émacié que même la peau avait abandonné ? Seul Lui m'appréciait à mon image, et cela me dégoutait davantage encore. Ma victime s'était mise à hurler et se débattit si bien qu'il parvint à se défaire de mon étreinte et se mit à courir, se tenant l'abdomen. De rage que mes parents puissent ne pas me reconnaître et que l'homme ait fui, ma fureur redoublait et j'utilisai le pouvoir des marques sur lesquelles ma proie venait de passer pour le rattraper. Pendant un court instant, mon âme et mon corps fût englouti sous la vase du marais pour finalement arriver juste devant l'imprudent. Cette fois-ci, je ne lui laissais aucune chance, sans le moindre soucie, je lui tranchais les tendons d'Achille, l'instant d'après, il tombait lourdement au sol.

            Je m'apprêtais à le dévorer immédiatement mais à nouveau, les vents et les murmures revinrent. Il le voulait pour Lui. Frustrée de ne pouvoir me satisfaire tout de suite, je griffait le dos de l'humain sans le tuer. Je savais ce qu'il me restait à faire. L'empoignant sur mon épaule, je me dirigeai vers le Lien. Un humain normal aurait certainement appelé ça un crochet. Mais je savais que c'était bien plus que cela. Le Lien était la manifestation physique de Lui dans notre onde, une connexion directe avec son âme. Avec précaution je posais le sacrifié sur le Lien. Il émanait de cette objet une puissance passivement violente, calme et furieuse, capable d'attendre des siècles pour se réveiller et tourmenter sa victime. Il était terrifiant, il suffisait de le sentir. Même l'air s'alourdissait comme pour se soumettre lorsqu'il était là. Aussi n'ai je jamais touché directement un Lien.

La mort Lui appartient [dead by daylight]Where stories live. Discover now