Soirée inoubliable. 1/2

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L'aube se lève, les canaris se mettent à chanter. Le mécheux se réveille et observe par la fenêtre le temps magnifiquement ensoleillé qui l'attend. Il sourit, oubliant les larmes de la veille pour se concentrer sur cette nouvelle journée. Il s'habille rapidement, se lave de façon très économique. L'eau coûte chère, il en a bien conscience. Comme tous les matins, il descend ensuite chercher le pain à la boulangerie du quartier. Louis aime les tartines, c'est ce qu'il mange toujours au déjeuner et en tenant sa baguette contre lui, il s'imagine déjà en manger. De retour chez lui, il sort la confiture de myrtilles qu'il aime tant et prépare son déjeuner. Louis soupire, encore un repas qu'il ne partagera pas avec sa mère. Il mange en silence, tout de même déçu. Parfois il a l'impression de vivre avec un fantôme. Afin d'éviter de déprimer, il se concentre sur autre chose, comme ce qu'il va bien pouvoir acheter au marché. Sur la commode, se trouve les 15 francs que sa mère lui a laissé pour acheter de quoi manger midi et soir.

Son déjeuner terminé, il se lave les dents et sort. L'air frais du matin le rend de bonne humeur, il sourit en écoutant les commerçants énoncer les occasions à ne pas manquer du jour. Les couleurs orangées du soleil qui se reflètent sur la route, les passants qui parcourent les allées, le bruit des pièces lorsqu'elles s'entrechoquent entraînent la peine de Louis loin bien loin. Là où elle ne le fera plus souffrir. L'odeur iodée de la mer le rend vraiment joyeux même s'il se rend rarement à la plage. Louis se laisse emporter par la foule, il vagabonde entre les étales et finit par s'arrêter au stand boucherie. Il réfléchit, à la recherche d'un morceau dans ses prix. Finalement, son choix se porte sur des escalopes de poulets. Le bœuf, trop coûteux, est réservé aux grandes occasions. Il en prend deux morceaux en remerciant l'artisan qui lui souhaite une bonne journée. Que faire avec ce poulet ? Louis se pose la question tout en flânant dans le marché. Il le connait par cœur évidemment depuis le temps qu'il l'écume. Pourtant il adore s'y perdre. Ses pas le conduisent d'ailleurs vers les stands au bord de la mer. Il sourit en regardant les marins passionnés s'affairer dans le port. Louis observe la mer, il la trouve magnifique. Elle aussi elle est solitaire et pourtant si belle. Le mécheux aimerait s'y baigner parfois mais il a toujours eu peur de l'océan, d'aussi loin qu'il se souvienne. Alors parfois il le contemple juste en rêvant à comment ce serait de s'y baigner sans pour autant essayer. Louis se reprend, il doit finir ses courses.

 Il se rend donc à l'étale d'un des primeurs du coin et la détaille avec attention, à la recherche de l'accompagnement le plus adapté. Son choix se porte sur des champignons de Paris. Avec de la crème fraîche ce sera délicieux se dit-il. D'ailleurs, pourquoi dit-on « champignon de Paris » ? Louis s'est toujours posé la question. Comme si cette variété ne poussait qu'à Paris. C'est absurde. Sûrement un autre moyen de mettre la capitale en valeur. Seulement je ne vois pas ce qu'elle a de si spéciale cette ville. D'accord, elle a une architecture originale qui la rend vraiment belle, un je ne sais quoi de romantique mais à part ça ? C'est tout de même la ville où le coût de la vie est le plus cher de France. Louis et sa mère ont déjà du mal à boucler les fins de mois alors il n'arrive pas à s'imaginer la vie à Paris. Ce gaspillage d'argent inutilement. A quoi bon vivre pauvrement à Paris si on peut mener la belle vie ailleurs ? Louis ne comprend pas. Les rues sont sans cesse embouteiller, sans parler de la pollution. En plus, ils ne savent même pas distinguer une chèvre d'un lapin. C'est un comble pour Louis qui habite en campagne. Définitivement, il ne comprend pas l'obsession qu'ont les touristes de même que certains français pour cette ville. Ses yeux se posent sur quelques artichauts. Il se dit que cela ferait un bon repas pour ce soir et achète le tout au commerçant bien sympa qui tient le stand. Louis se rend ensuite à l'étale d'un éleveur local pour lui prendre un peu de crème fraîche. Après cela, il ne reste plus un sous à Louis qui se résigne. Il ne pourra pas acheter de tissus aujourd'hui. Triste, il se rend tout de même à son étale préféré pour saluer la vieille dame.

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