La promesse du désert

Chapitre 73

- Je suis honoré que cette boîte à musique soit dans vos mains à présent, elle appartenait à une petite fille russe dans les années dix-neuf cent cinquante. Selon ceux qui l'on connue, elle avait le regard espiègle, ils disaient d'elle que son teint égalait la porcelaine.

Le vieil homme marqua une pause puis poursuivit.

- Exactement comme le vôtre, ajouta-t-il d'une voix plus éclaircie.

Tara sourit.

- Je ne sais comment vous remercier monsieur...

- Acceptez mon cadeau et promettez-moi que vous la donnerez à votre fille qui la donnera à la sienne.

- Je vous le promet.

Mohammed comprit que c'était ça qui l'aiderait à faire son deuil. L'expression sur son visage était apaisée comme si elle avait attendue ce moment toute sa vie. Cette boîte à musique était sa guérison. C'est seulement à cet instant qu'il sut qu'elle serait différente de celle qui avait peur...de celle qui se sentait coupable. Silencieusement, Mohammed remercia l'homme. Il s'inclina respectueusement pour lui montrer à quel point il était reconnaissant pour son acte qui resterait à jamais gravé en lui. Ils quittèrent la boutique en laissant un souvenir indélébile à cet homme au grand cœur. Il en avait même profité pour acheter quelques cadeaux pour Tara dont une poupée de collection qui lui ressemblait fortement. Cette journée avait mal commencé mais se terminait avec la satisfaction de voir sa future femme sourire enfin.

- Veux-tu rester quelque temps à Rome ? Demanda-t-il en bouclant sa ceinture.

Tara réfléchit longuement sur la question. Mais son désir de retourner dans son pays d'adoption était trop forte. Rome serait à jamais gravé dans son cœur mais comme son frère...elle avait besoin de partir ailleurs pour se reconstruire une vie. Lui avait choisi Palerme, Tara avait choisi Khazban.

- Je veux rentrer chez nous, répondit-elle en lui souriant.

Mohammed approuva cette décision en lui volant un baiser. À présent, c'était le départ d'une nouvelle vie. Toute fois, il savait que toutes ses blessures n'étaient pas encore totalement pansées.

- Je veux rentrer et allez voir le médecin pour passer une nouvelle échographie.

- Tu es sûre ?

- Absolument certaine, je veux savoir si ce bébé est là ou pas.

- Très bien chérie, rentrons.

Tara inspira profondément en sentant son cœur battre sourdement contre ses tempes. Jamais elle n'oublierait cet homme et se promit de revenir le voir lorsqu'elle serait apte à revoir. Même si la ruelle était à quelques mètres de son magasin, Tara se devait d'y retourner...

Plusieurs heures suivant leur départ de Rome, Tara se sentait trop affaiblie pour passer une échographie. Ici, il faisait déjà nuit noire, le silence apaisant lui avait manqué. Anaya s'était levée au beau milieu de la nuit pour l'accueillir. Tout cet amour l'aidait à tenir et pour toutes ces raisons Tara devait se battre.

- Merci Mohammed, murmura-t-elle tandis qu'il venait vers elle.

- Pour quoi ?

- De m'avoir soutenu, de m'avoir fait confiance...

Une seconde plus tard il captura ses lèvres entrouvertes. Une émotion qui lui était encore méconnue lui monta à la gorge.

- Tu es toute ma vie à présent, murmura-t-il d'une voix rauque ; Jamais je te laisserais affronter tes peurs seule.

Pour sceller cette promesse il la fit basculer sur le côté et enveloppa son ventre arrondi avec sa main. Il parsema des petits baisers sur son épaule ce qui la plongea dans un profond sommeil bien mérité.

Hélas, le lendemain arriva bien vite. Tara n'eut pas le temps de reprendre son souffle que Mohammed avait pris la décision de l'emmener à l'hôpital pour être fixé sur cette grossesse un peu particulière. La fatigue commençait à peser sur son moral. Tara n'en pouvait plus d'être dans le noir, privé du visage de son amant....privé de son propre reflet...

Oh oui elle détestait secrètement Raoul. D'après les dires de Anaya, qui s'était permise de lui en apprendre plus sur lui la nuit dernière, le défunt père de Mohammed avait longuement hésité à le tuer. Déjà à l'époque une guerre avait été déclenchée par Raoul...un homme vaniteux et manipulateur qui aurait vendu sa fille contre de l'or. Murath en fier et respectueux chef des armées avait délibérément laissé son ennemi en vie pour montrer à son pays qu'un homme pouvait faire acte de foi en offrant la rédemption aux plus cruels...hélas Raoul avait promis de se venger et avait quitté Khazban pour un état voisin. Des années plus tard, c'est elle qui en payait le prix.

Mohammed serait-il aussi clément que son père ?

Allait-il donner une chance à Raoul de se repentir ?

Peut-être à la seule condition qu'elle ne soit pas condamner à jamais dans la cécité.

Sinon, Tara savait sans l'ombre d'un doute qu'il tuerait Raoul...peu importe les conséquences.