- Tara ?

- Je veux rentrer à la clinique, dit-elle précipitamment.

Tina Thomas, posa sa main sur son bras et l'emmena à l'écart du groupe.

- Tara, nous venons tout juste d'arriver, murmura-t-elle.

Alors que les deux inconnus continuaient de se présenter au groupe, Tara leva difficilement son regard sur la directrice.

- C'est au-dessus de mes forces, murmura-t-elle difficilement ; Je ne vais pas y arriver.

- Je suis sûre que tu peux y arriver, contrat-elle avec un sourire rassurant ; Laisse quelques jours passer avant de juger cet endroit Tara. J'ai confiance en toi.

Comment pouvait-elle parler de confiance alors qu'elle-même n'avait pas confiance en ce monde qui lui avait déjà montré l'une de ces plus sombres facettes ?

- J'ai fait mon possible pour que tu ais une chambre à toi, reprit Tina en passant sa main dans son dos ; Tu n'as rien à craindre nous sommes bien gardées ici.

Peu convaincue, Tara leva difficilement son regard sur la bâtisses aux murs crénelés. L'architecture faisait froid dans le dos et contrastait avec le paysage chaud qui entourait les façades impressionnantes du royaume de Khazban.

- C'est une ancienne étable récemment rénovée pour accueillir des groupes de touristes.

- Sont-ils au courant du groupe qu'ils s'apprêtent à accueillir ? Demanda-t-elle aussitôt d'une voix craintive alors que Célia Dovan riait toute seule en sautant sur les dalles en pierre.

Parfois, Tara avait la sensation d'être la seule capable de contrôler son esprit. La clinique dans laquelle elle était hospitalisée depuis des années avait pour réputation de recueillir toutes sortes de cas. Troubles alimentaires, crises suicidaires, tentatives de meurtres ou encore adolescentes difficiles, Tara était la seule à subir les regardes de pitiés après son le viol qu'elle avait subie.

- Bien-sûr qu'ils sont au courant, répondit Tina en suivant le groupe à l'intérieur de la bâtisse.

Un froid la parcourut lorsqu'elle entra dans ce lieu en contraste avec l'extérieur. Mais Tara ne s'attarda pas sur la décoration ni sur le mobilier. Elle voulait simplement s'enfermer dans sa chambre et éclater en sanglots toute la soirée.

- Voici ta chambre Tara.

Elle murmura un faible " merci " et s'enferma à l'intérieur alors que les autres filles s'exaltaient de leurs nouveaux quartiers. Mais rien n'était bien différent de la clinique. Seul le paysage avait changé. Il n'y avait plus de verdure, seulement une étendue de sable fin. Une larme roula sur sa joue alors qu'elle s'était laissée tomber sur le lit pour nicher son visage contre l'oreiller.

- Tara ? Tu viens manger.

Pas ça, songea-t-elle en regardant la porte close.

- Vous m'aviez promis de ne pas me forcer la main, lui rappela-t-elle en essuyant les larmes qui roulaient sur ses joues.

Tina Thomas garda le silence quelques secondes.

- Tu n'as pas faim ? Il y a de délicieuses préparations qui nous attendent dans la salle principale.

- Il me reste un sandwich dans mon sac.

- Tu vas rater quelque chose, la prévint-elle dans l'espoir qu'elle se joigne au groupe.

En vain. Tara s'y refusa. Madame Thomas lui avait promis de ne pas bousculer ses habitudes et trahissait déjà sa promesse en insistant. De là, Tara écarta les rideaux rouges pour observer les pâleurs de la lune remplacer les dernières lueurs du soleil en se demandant si elle n'avait pas fait une regrettable erreur.

~

Sur le seuil de l'entrée qui menait au bureau de son souverain, Aziz attendait le feu vert pour l'avertir que le nouveau groupe avait pris quartier dans l'enceinte du château. Mais les membres de son corps tremblaient si fort que son souverain déclara aussitôt :

- Qu'as-tu à me dire Aziz ? Lâcha Mohammed sans dénier le regarder.

- Le groupe est arrivé, déclara Aziz non sans trembler ; Je voulais vous le dire.

Mohammed ne répondit rien et se contenta de regarder le ciel de Khazban se fondre dans la nuit, les mâchoires serrées. D'un regard de torve, il sentit son homme de main s'en aller à toute vitesse pour échapper à la foudre qui aurait pu éventuellement s'abattre sur lui. D'un soupir d'agacement, Mohammed reporta son regard sur l'horizon. Il pouvait entendre des rires de jeunes filles aux allures de midinettes excitées. Et dire qu'il allait devoir affronter ça demain. Un grognement sourd ruisselait dans sa gorge tandis que l'un de ses serviteurs posa un plateau sur son bureau, exécutant une révérence en vitesse pour disparaître à son tour. Et c'est exactement ce qu'il voulait. Être seul. Il ne voulait ni pitié ni de regards désolés. Mohammed repoussa alors le rideau pour se plonger dans l'obscurité et se mit à manier les roues de son fauteuil roulant pour s'enfoncer dans la pénombre pour le reste de la soirée.

La promesse du désertWhere stories live. Discover now