Miss

Je l'ai rencontré quand tout n'allait plus. Elle s'appelait Miss, du moins c'est le surnom que je lui avais donné. Au début, elle était timide et distante, je dirais même que je la trouvait attachante. Pendant un certain temps, je l'ai ignoré et à vrai dire, on ne la remarquait pas trop. Elle ne posait problème à personne et faisait sa vie. J'avais remarqué qu'elle me suivait parfois, sans jamais pour autant oser se montrer. Un jour d'hiver, alors que les nuages s'adonnaient à un somptueux ballet, elle est venue me voir. Elle portait des vêtements noirs; le noir qui était par ailleurs la seule nuance qui lui plaisait. Très vite, nous sommes devenues inséparables. Nous passions nos journées ensembles, elle venait chez moi et nous tuions le temps. Elle connaissait tout de moi: mes secrets, mes chagrins, mes souffrances mais également mes joies, mes sentiments... Elle connaissait mon entourage: ma famille, mes amis... En revanche, eux ne la connaissait pas, elle était comme invisible, inexistante. Elle ne parlait qu'à moi, ne restait qu'avec moi. J'étais en quelque sorte sa seule amie.

Les mois passèrent, elle faisait maintenant partie intégrante de ma vie, je ne m'imaginais plus sortir sans elle. Le seul problème est que les gens ne l'appréciaient guère. Souvent, certaines personnes la traitaient de "mauvaise fréquentation", de "fille du diable" ou encore de "maladie". Alors, elle se mettait à pleurer et je pleurais avec elle. Lorsqu'elle riait, je riais avec elle. De quoi riions-nous? Des gens, du monde, de la vie, de la mort, de tout et de rien. Bien sûr que certaines personnes nous prenaient pour des folles mais bon, après tout, nous n'avons qu'une vie.

Les jours se suivaient et se ressemblaient et tous les soirs, nous nous retrouvions en tête à tête. C'était dorénavant la seule avec qui j'aimais passer du temps. Elle me racontait toutes les sublimes pensées qu'elle avait eu durant la journée. Elle en avait de l'imagination, peut être un peu trop.

Un jour, en me réveillant, j'ai réalisé quelque chose. Je passais trop de temps avec elle, je m'isolais et m'éloignais de plus en plus de ma famille et des êtres qui me sont chères. Je lui ai donc parlé, j'ai tenté de lui expliquer que nous devions nous voir moins souvent. Elle n'était pas du même avis que moi et devint folle de rage. Elle me disait que j'étais sa seule raison de vivre, la seule personne qui la maintenait en vie.

Jours après jours, semaines après semaines, j'essayais de la repousser mais malheureusement en vain. Après presque qu'un an de lutte, je parvins à m'en défaire. Dorénavant, elle ne me rend visite que quelques fois et c'est bien mieux ainsi.

Je l'ai laissé quand tout allait mieux. Son surnom était Miss et son vrai nom Dépression.