Hallucination ?

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            Voilà maintenant cinq bonnes heures que j'étais dans ce train, assis à côté d'un homme aux cheveux grisonnants. Je ne savais pas où j'allais et la fin de journée approchait à grands pas, je me décidai donc à descendre au prochain arrêt alors que le train ralentissait. Une fois qu'il fut à l'arrêt le plus total, je saluai l'homme avant de me lever, mais celui-ci me retint la manche d'un geste vif et brutal, je me retournai donc et je pus voir son regard apeuré. 


"- Non ! Ne descendez pas ici, je vous en supplie !

- Que se passe-t-il monsieur ? Vous avez un problème ?

- N'allez pas ici, vous...vous ne pouvez pas ! Par pitié !

- Allons monsieur ! Lâchez-moi, ça devient ridicule !"


          D'un geste je dégageai ma manche de sa main, et il resta bouche-bée, le bras toujours tendu dans ma direction alors que je me dirigeais vers la sortie du train. Lorsque je fus sur le quai, le train se mit à repartir lentement, et je vis le visage de mon compagnon de route se coller, tordu d'angoisse, contre la vitre.

          Je restais là, planté devant les rails, repensant au visage de mon ancien compagnon de voyage; Pourquoi une telle expression ? Je me le demandai. Voyant que la brume commençait à envahir les lieux et la nuit tomber rapidement, il me fallait trouver un endroit où dormir sans tarder, je me retournai donc pour faire face à un village, sûrement le seul qu'il y aurait dans cet endroit. Je me baladai dans les rues désertes et remplies de brume en quête d'un endroit où passer la nuit, en vain...Soudain, je vis une maison où la lumière était encore allumée, je m'avançai vers cette demeure dont les murs étaient sales et un peu fissurés par endroits; il manquait également quelques tuiles du toit. Confiant, je passai le portail vieux et rouillé pour frapper à la porte. Une personne, un homme d'environ quarante ans m'ouvrit et m'autorisa à passer quelques jours chez lui. L'intérieur de la maison était imprégné d'une atmosphère chaleureuse et une bûche brûlait dans l'imposante cheminée dans le salon, loin de ce qu'on aurait pu imaginer en voyant l'extérieur. Nous discutâmes de tout et de rien et nous nous couchâmes vers vingt-trois heures.

               Le lendemain, après m'être préparé, je sortis pour visiter le village, qui était bien plus animé que la veille au soir, c'était jour de marché, et les étales envahissaient les rues, les marchants appelaient les passants, un enfant faisait une démonstration de pliage de ballons colorés; Le soleil tapait sur les toits réverbérants de sa chaleur presque étouffante. Je marchais tranquillement lorsqu'une vieille dame m'interpella, elle était petite et trapue, une sorte de cape la recouvrait, ne laissant voir que son visage ridé et fatigué. Soudain, elle me prit par le bras et m'entraîna dans une ruelle sombre, sale, d'où une forte odeur de moisissure se dégageait; elle s'assit par terre, m'invitant à faire de même, ce que je fis, regardant au préalable et de façon prudente où je m'asseyais. Elle me regardait de ses petits yeux, puis elle prit enfin la parole.


"- Vous devriez partir, ce village est maudit !

- Maudit ?

- Oui, il existe une légende autour de ce village...

- Quelle légende ? demandais-je, curieux.

- Dans le temps, une famille dont le père était boucher vivait ici. Mais un jour, le maire retrouva la tête de la fille du boucher devant sa porte; pris de panique, il alla voir le père de famille, qui lui répondit qu'il n'en savait rien. Le lendemain, le maire trouva devant sa porte la tête du fils du boucher devant sa porte, il décida de retourner voir le boucher, qui lui disait toujours ne rien savoir. Le surlendemain, le maire trouva à nouveau une tête, celle de la femme du boucher, furieux et apeuré, il décida qu'on fasse brûler le père au bûcher. Mais depuis que la famille est morte, un chant d'enfant se fait entendre, des gens disent même avoir vu trois personnes sans tête marcher dans la ville... me conta-t-elle."

        Un frisson me parcourut soudainement.

"Je...je ne crois à ces choses là !..."

        Et je pris congé, la laissant là, assise dans la ruelle, et je pus l'entendre murmurer : "Je vous aurait prévenu...", puis elle rigola, d'un rire effrayant, semblable à celui d'une sorcière.

         Le soir venu, n'arrivant pas à dormir, je me baladais dehors, respirant l'air frais qui fouettait mon visage. Tout à coup, j'entendis une sorte de chanson : "Prenez garde, prenez garde, sinon vos têtes, nous, on les garde. Nous avons eu la tête coupée, par notre père brûlé au bûcher..."; et le chant se répéta plusieurs fois. Je commençais à avoir peur...Était-ce les enfants du village qui me jouaient un mauvais tour ? Je ne savais pas, mais je continuai d'avancer. Soudain, je vis la vieille dame de l'autre fois près de l'église du village, elle entra dedans; Curieux, j'entrai alors à mon tour. Tout à coup, j'entendis des rires d'enfants, puis des pas, puis à nouveau le chant de tout à l'heure : "Prenez garde, prenez garde, sinon vos têtes, nous, on les garde. Nous avons eu la tête coupée, par notre père brûlé au bûcher...". L'atmosphère était pesante, étouffante même, j'avais chaud, très chaud, lorsque je crus distinguer trois formes qui marchaient vers moi : deux enfants et une femme dont il manquait la tête. J'étais à présent horrifié, je n'arrivais plus à bouger. Est-ce mon imagination ? une illusion créée par la peur ? ou simplement un mauvais tour ? Je ne savais pas, mais dès que je pus enfin reprendre le contrôle de mon corps, je courus rapidement en dehors de l'église pour retourner chez l'homme qui m'avait chaleureusement accueilli. Dès le lendemain, je partirais de ce village maudit...

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Et voilà ! 

Un petit récit fantastique que j'avais écrit quand j'étais en 4ème (il y a 5 ans quoi), donc c'est normal s'il est un peu court. ^^'

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

Bisous ! :D

OS • Strange VillageWhere stories live. Discover now