Chapitre 1 : C'était un vendredi

83 13 5
                                    

La première fois que j'ai rencontré Louis, c'était le 28 septembre 2012. Si je m'en souviens aussi bien, c'est parce que les dates ont joué un rôle important dans notre histoire. Un rôle clé même.

Il était à peine 17 heures, je rentrais tout juste de la fac lorsque j'entendis un grand fracas dans la cave située sous mon appartement. Je venais d'emménager dans ce studio acheté par mes parents quelques années auparavant pour un prix dérisoire. C'était d'ailleurs une drôle d'histoire. Le couple à qui appartenait l'appartement, deux personnes très âgées, refusait catégoriquement de le vendre à quelqu'un d'autre que mes parents pour ce prix là. Ils ont bien sûr imaginé que quelque chose clochait, mais après plusieurs visites et la venue d'un expert envoyé par l'assurance, l'appartement s'était avéré être en parfait état et tout à fait habitable. L'affaire était donc conclue et le couple mourut finalement peu de temps après.


C'était un studio d'une trentaine de mètres carrés chichement meublé, principalement avec des objets de récupération. J'avais un lit mezzanine en bois, ce qui me permettait de gagner un peu de place. Mon bureau était placé en dessous, perpendiculairement au lit, et j'avais installé une bibliothèque contre le mur, pour avoir accès à mes livres directement quand je travaillais. Le reste de l'unique pièce se composait d'un canapé recouvert d'un tissu de couleur verte délavée, d'une télé posée sur un vieux meuble en pin, d'une petite table carrée avec deux chaises qui n'étaient même pas assorties et qui me servaient à prendre mes repas. Contre un mur, un meuble à étagères où j'avais disposé divers objets et souvenirs amassés au cours de ma brève vie. Il y avait aussi un coin cuisine avec le minimum : évier, petit frigo d'appoint et plan de travail minuscule. Pour finir, la salle de bain, où le chauffage semblait ne jamais vouloir fonctionner.


Je venais donc d'emménager dans cet appartement, et à cette époque, je ne savais pas que la cave située sous mon plancher se trouvait en fait être la mienne. Mes parents m'avaient bien dit que je disposais de cet espace au sous-sol, sauf qu'étant étudiante et avec peu de moyens, je n'avais pas des montagnes d'affaires qui justifieraient d'y être entreposées. Je n'y étais donc jamais allée. Mais comme le bruit que j'avais entendu était tout de même impressionnant, je décidai de descendre pour voir ce qu'il se passait.


- Mince on voit vraiment rien là-dedans !


La lumière était en panne et je n'avais pas pensé à prendre une lampe torche. Heureusement, j'avais mon portable dans ma poche et j'utilisai alors le flash pour m'éclairer. A mesure que j'avançais dans le sous-sol, j'entendais le bruit plus distinctement. Je compris rapidement qu'il venait de la cave portant le même numéro que celui de mon appartement. A cet instant, j'avais très peur, car je savais que quelqu'un s'y était introduit, et en même temps, je ne comprenais pas pourquoi puisqu'il n'y avait que des choses sans valeur à l'intérieur. Je m'approchai sans faire un bruit, et lorsque je fus au niveau de la porte en bois, je m'aperçus que le cadenas était toujours en place, sans la moindre trace d'effraction. Les bruits d'objets en tout genre continuaient à l'intérieur, et je perçus même quelques jurons lancés à la volée par la personne manifestement coincée dans ce qui n'était finalement qu'une pièce de la taille d'un placard.


Soudain, il n'y eut plus un bruit. Je me raidis. J'étais à quelques centimètres de la porte, et je sentis que de l'autre côté, l'inconnu s'était également approché.


- Il y a quelqu'un ? demanda une voix d'homme


Mil Neuf Cent DouzeWhere stories live. Discover now