Le repas se passait dans le calme jusqu'à ce que ma mère n'engage la conversation.

- Alors Cass ta journée ? demanda-t-elle.

- Comme une rentrée dans un nouveau lycée, un peu pourrie  quoi. Et la tienne ?

- Bien, mais les gens d'ici sont tout de même un peu bizarres, ils me regardaient comme si j'étais une extraterrestre venue d'une autre galaxie. S'exclama-t-elle

- Je suppose que c'est le temps que les habitants s'adaptent Carole, intervint mon père. Et ton travaille alors ?

- Oh et bien ils ont une manière différente de travailler ici, je dirai un peu plus désorganisée qu'à Carleroy mais en somme la journée c'est plutôt bien passée.

Elle avait pris une voix bizarre qui ne lui ressemblait pas, et mon père avait aussi remarqué qu'elle mentait, mais il n'a pas insisté et il a continué de manger.

- Dit maman comment ça se fait que tu aies était mutée ici ? demandai-je.

- Le collègue qui travaillait ici avant a précipitamment démissionné sans aucune raison et est parti d'ici il y a quelques semaines. On dit qu'il aurait eu des problèmes avec son fils.

Cela me rappela ce que l'un des garçons de ce matin m'avait dit « peut-être qu'elle durera plus longtemps que l'autre mec ». Parlait-il de ce garçon ?

- Quel genre de problème ? demandai-je

- Pourquoi toute ces questions Cass ?

- Je ne sais pas, juste vous ne trouvez pas ça bizarre que ton collègue arrête tout du jour au lendemain alors qu'il avait un emploi stable, une maison totalement neuve et immense, une vie de famille...

Ma mère regarda dans le vide sans rien dire.

- Bon Cassiopée maintenant ça suffit, tonna mon père.

Je ne dis plus rien jusqu'à la fin du repas. Une fois terminé et la table débarrassée je partis dans le salon pour appeler Stan.

- Vous êtes bien sur le répondeur de Stan Miller, veuillez laisser un message après le bip

*bip*

- Stan c'est moi, Cassy. Rappelle-moi dès que t'as mon message, bisous.

Bon tant pis au moins j'aurai essayé. Je restais un moment assise dans le fauteuil à regarder un dessin animé avec Kaï. Il s'amusait comme un fou à taper dans les mains quand le petit personnage de la TV le lui demandait. Au moins lui avait l'air d'avoir passé une bonne journée ! Et il n'avait plus l'air de m'en vouloir pour ma petite crise de panique de tout à l'heure. Une fois terminé je l'accompagnai dans sa chambre pour le mettre au lit.

- Bonne nuit Kaï, à demain. Je lui fis un bisou sur le front.

- Bonne nuit Cassy.

Une fois sortie de la chambre de mon frère je me suis dirigée vers la salle de bain pour me brosser les dents. Le chèvre c'était pas terrible comme haleine. La porte était fermée.

- C'est qui ? demandai-je

- C'est moi Cass j'en ai plus pour longtemps.

La voix tremblait légèrement et elle était un peu cassée comme quand on vient de pleurer. Je collais mon oreille contre la porte. J'entendis ma mère renifler, elle semblait être secouée de sanglot. Décidemment je ne savais pas ce qu'il s'était passé pour elle aujourd'hui mais elle semblait au plus mal.

- Laukera Cassiopée ! depuis quand écoute-t-on aux portes ici !

Je sursautai pour la deuxième fois de la journée tout en prenant soins de me manger la poignée de la porte dans la tête. La voix de mon père était froide et il paraissait vraiment en colère. Je mis quelques secondes à me retourner et à l'affronter de face. J'avais fait une boulette. Il me dévisageait avec des yeux fous, pour le coup il me faisait vraiment flipper le papounet.

- File dans ta chambre ! Et je ne veux pas t'en voir sortir avant demain matin !

J'aillais ajouter quelque chose, une remarque cinglante ou quelque chose dans ce genre mais il m'attrapa le t-shirt et m'amena lui-même dans ma chambre avant de me claquer la porte au nez.

La curiosité est un vilain défaut Cassiopée.

Assise au milieu de ma chambre je réfléchissais aux événements récents. Je me prenais pour Sherlock Holmes essayant de résoudre une énigme complexe. Résultat, je me retrouvais avec encore plus de questions sans réponse. Cette ville m'intriguait vraiment, j'étais intimement persuadée qu'elle avait un secret. Ou peut-être essayais-je juste de me trouver une occupation, vu que je n'avais plus que ça à faire ici. J'allais finir parano.

Il était 22h30 et Stan ne m'avait toujours pas appelé. Tant pis ça attendra demain. Je m'installai dans mon lit avant de plonger dans un lourd sommeil... qui ne dura pas longtemps. Je fis de nombreux cauchemars cette nuit-là, j'entendais des loups hurler et grogner prêt de moi sans pouvoir les apercevoir. J'étais morte de trouille, et c'était avant de me rendre compte qu'une paire d'yeux me fixait dans l'obscurité. Ils étaient rouge sang et semblaient avoir envie de me tailler en pièces. J'essayais de m'enfuir mais je n'arrivais pas à détacher mon regard, j'étais comme paralysée.

Je me réveillai en hurlant à pleins poumons. J'étais recouverte de sueur et mon cœur battait la chamade. Allez Cassy ce n'était qu'un cauchemar, un mauvais rêve, c'était passé maintenant. Je senti un courant d'air froid sur mes jambes et c'est là que je pris conscience de l'endroit où je me trouvais. Ou devrais-je dire, de celui ou je ne me trouvais pas... Je n'étais plus dans ma chambre, j'étais entourée d'arbres, allongée au beau milieu de nulle part, en simple pyjama. Je me mis à paniquer, mais bon sang qu'est-ce que je faisais la ?! Je n'étais pas somnambule pourtant. Quelqu'un m'avait-il amené ici ? J'avais vraiment l'impression de devenir folle.

Je m'étais relevée en toute hâte. Je ne voyais pas ma maison, j'avais froid et peur, tout ce que mon cerveau réussissait à me faire parvenir comme information à ce moment précis c'était          « cours ! ». Et c'est ce que je fis. Je ne savais même pas ou j'allais mais mes jambes semblaient ne pas vouloir s'arrêter. Je courrai à en perdre haleine, le vent glacé me fouettant le visage. Je sentais des ronces me lacérer les jambes mais pour tout vous dire à ce moment précis je ne ressentais rien d'autre que de la peur. Et si ces yeux n'étaient pas dans mon cauchemar ? Et si je les avaient vraiment vu ?

Je ne savais pas depuis combien de temps je courais mais mes jambes faiblissaient, ma respiration était de plus en plus saccadée, mon corps n'arrivait tout simplement plus à suivre le rythme de cette course effrénée. Et ce qui devait arriver arriva, je me pris les jambes dans une souche d'arbre et m'effondrai sur le sol froid et humide. Je n'arrivai plus à me relever j'avais l'impression de mourir à petit feu, seule et terrifiée.

- Cassiopée ? mais bon sang qu'est-ce que tu fou là !!


Instinct de domination ( Terminée )Where stories live. Discover now