Chapitre 2

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Son premier réflexe fut de garder sa main dans son sac et lâcha son appareil, ses yeux étaient grand ouvert, elle resta figée quand la porte retomba lourdement.
Elle se mit à réfléchir à toute vitesse et se retournant au ralenti, jetant des coups d'oeil inquiet vers la porte.
Au loin, un homme était posté à l'entrée mains dans les poches. Elle se retint de faire sortit un son disgracieux de sa bouche quand enfin elle se retourna complètement.
Son cœur s'emballa, ses mains devenaient moites.
Grand, cheveux noir de jais, de loin elle devina que ses yeux étaient semblable à la couleur de son costume. Il l'observa d'un air avisé, Grace en perdit la parole. Sa bouche refusait de s'ouvrir pour expliquer sa présence ici.
L'inconnu s'approcha lentement et lui adressa un minuscule petit sourire de politesse.
— Pardonnez-moi pour le retard.
Le retard ?
Plus il se rapprochait plus Grace se sentait toute petite, son rythme cardiaque était si douloureux qu'elle était sûre qu'on pouvait le distinguer contre ses tempes.
L'inconnu observa sa montre puis remonta ses yeux vers les siens. Son pas devint plus lent, ses sourcils se plissèrent. Il se mit à la dévisager de la tête aux pieds. Ses yeux noirs étaient littéralement renversants, la virilité y était inscrite.
Sa mâchoire carrée bordé d'une barbe de trois jours semblait être en constante action.
Grace se recula, incapable de parler.
L'inconnu s'approcha avec toujours ce petit air troublant.
Puis il lui tendit sa main.
— Vous devez être Elise Marshall ? Ravis de vous rencontrer, Roderik Graïyos.
" Elise quoi ? "
Grace cligna des yeux tout en les baissant sur cette grande main tendue dans sa direction. Sans grande conviction de ce qu'elle faisait, Grace glissa la sienne dans sa main et l'observa disparaître.
— Je suppose que le Daily New a hâte d'avoir mon interview.
Toujours les yeux fixés sur leurs mains, et sur le courant chaud qui l'avait traversé, Grace releva les yeux et récupéra sa main un peu trop sèchement.
— V..votre quoi ? Bafouilla-t-elle.
L'inconnu la considéra comme si elle sortait d'une crise de démence.
Il fallait absolument qu'elle se reprenne au risque de se faire démasquer.
— Pardon je suis....
— Nerveuse ?
Roderik Graïyos....
Grace réprima difficilement sa surprise, elle toussota en faisant mine de reprendre sa voix, alors que son regard se glissa une nouvelle fois sur son corps.
— Oui c'est ça je suis nerveuse...
Le seul moyen pour elle de sortir d'ici sans éveiller le moindre soupçon était d'agir comme la femme qu'il était censé recevoir. Il l'avait vu observer son tableau et son appareil contenait davantage.
— Venez installez-vous.
Elle le laissa partir en premier, elle se surprit à le regarder avec bien trop d'insistance, Grace inspira et le suivit jusqu'à son bureau alors qu'elle tentait vainement de trouver un moyen de se sortir de là.
— Je vous trouve bien jeune pour être journaliste. Dit-il en faisant le tour de son bureau.
Journaliste ?
Elle se racla la gorge.
— Vraiment ? Si vous voulez, je peux demander à une collègue de...
— Non ça ira mademoiselle Marshall je me contenterais de vous. Fit-il valoir en réajustant sa veste.
Si au moins il pouvait arrêter de la dévisager.
D'un simple regard il lui ordonna de s'asseoir, elle se laissa tomber sur le fauteuil en cuir.
Un silence assourdissant se mit à remplir la pièce, seule la ventilation pouvait se faire entendre.
Grace posa ses mains sur ses genoux et se mit à observer le lieu, gênée, cherchant à éviter ses yeux....
— Où est votre calepin ? Votre stylo ? Votre crayon ?
Elle s'arrêta sans le vouloir sur le pli dur de ses lèvres puis baissa les yeux sur ses genoux à la recherche de ce qu'elle n'avait pas.
Dans peu de temps, elle serait démasquée, elle s'imaginait déjà derrière les barreaux en compagnie d'autres femmes.
— Non je...mon téléphone.
— Votre quoi ?
Grace fouilla dans son sac en baissant la tête de façon à cacher son embarras.
— J'écris sur mon téléphone.
Quand elle releva la tête, l'homme déposa un regard sur elle qui l'empêcha un instant de respirer.
— Vraiment ? Sur votre téléphone ? N'est-ce pas plus judicieux d'avoir du papier ?
La question était simple, mais elle ne sut y répondre toute suite.
— Vous y voyez un...inconvénient ?
— Non. Dit-il sans la quitter des yeux.
Il prit place dans son grand fauteuil.
Grace se chercher dans son téléphone l'application dont personne ne se servait....
Le bloc note.
Faire semblant d'être journaliste n'était pas du tout excitant bien au contraire...Elle cherchait quelle question elle pouvait bien lui poser. Il avait croisé ses mains devant lui, impassible, surement impatient que cela se termine.
— Bien alors euh...
Elle crispa ses doigts contre son téléphone.
— Vous voulez peut-être que je fasse les questions et les réponses mademoiselle Marshall ? Proposa-t-il sans lui cacher son air moqueur qui avait traversé son visage.
— Non ça ira je vous remercie pour votre proposition.
Sa gorge se noua.
— Comment...vous avez réussi ?
Première question lamentable, si bien qu'il crispa ses sourcils.
— Comment j'ai réussi quoi ?

— Euh et bien ça...
Elle désigna le bureau luxueux.
En réalité, elle ne connaissait pas l'homme ni même l'entreprise. Seul son nom lui avait fait prendre conscience de son erreur.
Celle d'avoir pénétré dans le bureau du grand patron.
La honte la submergea.
— Je suis parti de rien, j'ai étudié à l'université d'Athènes j'ai eu mes licences et un Master en gestion d'entreprise.
— Donc vous êtes grec ?
Il plissa ses yeux et se recula pensivement dans son fauteuil.
— Très bonne analyse mademoiselle Marshall....
Elle rougit de plus belle.
— Vous pensez avoir...tous acquis ? Enfin je veux dire..Il y a peut-être encore un objectif que vous désirez atteindre ?
Cette question lui semblait plus appropriée et l'homme en était visiblement satisfait, comme si elle venait de réveiller en lui le goût du pouvoir.
— Il y en a quelques-uns en effet mais ils resteront confidentiels.
Il tapota son index contre ses phalanges.
— Vous ne notez pas ce que je vous dis ?
Grace se mit à battre des cils.
— Si bien évidemment.
Elle tapota sur son téléphone et lui jeta quelques coups d'œil à la dérober.
— Et votre famille doit être fière de vous non ?
Elle s'affaissa dans le fauteuil, ses questions étaient si pathétiques qu'elle ne tarderait pas à subir à son tour un interrogatoire musclé.
— J'ai vécu dès l'âge de dix ans dans un foyer d'accueil donc si j'ai la désagréable surprise de croiser l'un de mes parents, je leur demanderais si vous le souhaitez. Déclara-t-il d'une voix sombre mais étrangement calme.
— Excusez-moi je ne....
— Inutile de vous excusez.
Il se leva, ses longues jambes sûrement extrêmement musclées étaient interminables. Elle observa ses larges épaules puis son cou dont les veines bleues la laissaient croire que sous ce costume était caché un corps sculpté dans le marbre.
Elle se gifla intérieurement.
Il posa ses mains sur son bureau et inclina son corps en avant.
— Je possède trois entreprises celle-ci une à Seattle et une à Los Angeles.
Il marqua une pause.
— Notez mademoiselle Marshall. Ordonna-t-il.
Elle obéit et plongea son regard sur son téléphone éteint.
— J'ai 7437 employés, Reprit-il en se retournant, mains dans les poches.
— 500 venaient des quartiers pauvres avant que je leur donne une chance, j'en ai récupéré 124 qui ont été licenciés de l'entreprise WAW.
Grace regarda son dos et sa posture droite.
— J'aime quand tous est là où il doit être à sa place, je déteste perdre, je n'aime pas que l'on me contredise.
Quand il pivota ton corps légèrement, elle baissa sa tête sur son téléphone en faisant mine de noter.
— J'ai horreur du gaspillage, je contrôle tous et surtout mes adversaires, j'aime les voir crisper leur visage quand ils sont perdant.
Elle s'autorisa une expression presque horrifiée soigneusement caché derrière son écran de téléphone.
Quand elle l'abaissa, elle dut déglutir pour faire passer la boule qui se formait dans sa gorge.
Il se trouvait maintenant devant elle les bras croisés assis sur le rebord de son bureau.
— Vous avez un problème avec ce que je viens de dire mademoiselle Marshall ?
Grace secoua négativement de la tête.
Un sourire presque glorieux et faible se dessina sur le coin de sa bouche.
— Vous voyez...j'aurais dû faire les questions et les réponses, on va beaucoup plus vite.
Elle posa ses mains sur ses genoux, la pluie craquelait sur la grande vite le silence se dissipa quand il se redressa.
— Avez-vous d'autre question ?
— No..Non ça ira je ferais mieux d'y aller.
Elle se leva les yeux fixés sur ses chaussures en cuir noires.
Elle releva les yeux et étira un sourire poli tout en se reculant pour effacer leur proximité.
— J'espère que mon interview vous aidera mademoiselle Marshall.
Sa main se posa contre son dos, Grace réprima difficilement la sensation étrange qui se mit à électriser son corps.
— J'espère aussi.
Quand elle atteignit les portes, il la tira et la laissa sortir.
Grace remonta son sac et resta plantée devant l'entrée de son bureau alors qu'il était sorti à son tour.
Seigneur ! Il n'allait tout de même pas la raccompagner !
— Je suis quand même curieux...depuis combien de temps travaillez-vous pour le Daily New ? Questionna-t-il en l'invitant à le suivre.

Un troublant milliardaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant