Aucun d'eux n'aurait pu dire combien de temps tout cela dura, tous ces cris, tous ces tirs, jusqu'à ce que le silence tombe.

- Alignez-les ici. Dit-une voix grave.

Lucie sentit le poids qui lui oppressait la poitrine se lever. Quelqu'un soulevait le cadavre de son père.

- Oh putain ! Y a des gosses là-dessous ! James, ramène le filet !

Lucie se leva à toute vitesse. Sa magie n'était pas revenue. Tenant toujours la main de Sendal elle courut aussi vite qu'elle le put. Mais elle n'alla pas bien loin. Un filet magique s'abattit sur elle, la paralysant. Elle tomba lourdement au sol, Sendal chutant à ses côtés. Immobilisée elle était forcée de voir le carnage. De nombreux corps ensanglantés étaient éparpillés sur le sol tandis que d'autres personnes étaient comme eux sous des filets. Lucie aperçu Luna sous l'un d'eux avec Eliane sa mère. Celle-ci semblait mal en point, son visage contusionné de plaies.

Les soldats commencèrent à ramener tous les filets au centre du village. Tous les habitants se regardaient avec inquiétude, incapables d'esquisser le moindre mouvement. Deux camions grillagés arrivèrent.

- Ok, vous connaissez le tri. A droite on jette, à gauche on garde.

Le premier filet fut ouvert. Une arme pointée sur la tempe une vieille dame fut menée dans le camion de droite tandis que sa petite fille fut jetée dans celui de gauche. Les filets furent ainsi ouverts les uns après les autres et les personnes triées. Toutes les personnes qu'ils jugeaient en bonne condition physique étaient sélectionnées dans les personnes qu'ils comptaient garder. Le filet ou Luna et sa mère se trouvaient fut enfin ouvert. Luna en sortit avec crainte. Un garde lui indiqua le camion de gauche. Elle allait être sauvée.

Sa mère sortit du filet. Elle boitait, surement à cause des coups des soldats. On l'emmena dans le camion de droite avec les personnes infirmes, trop âgées ou trop jeunes. Sa mère, cramponnée au grillage la regardait les larmes aux yeux. Lucie la fixait, incapable de bouger, incapable de pleurer. Son père venait de mourir sur elle. Et sa mère allait mourir devant ses yeux.

Son filet fut le dernier à être ouvert. Le soldat les examina tandis qu'ils sortaient avec peur.

- Toi, là-bas, toi, de l'autre côté.

Lucie jeta un regard paniqué à Sendal. Elle faisait plus jeune que son âge tandis que Sendal semblait légèrement plus âgé. Elle allait mourir, il allait vivre. L'arme pointé sur lui Sendal recula sans la quitter du regard, sa respiration se saccadant. Lucie ne bougeait toujours pas, sous le choc. Elle aussi allait mourir. Un garde l'attrapa et sans ménagement la jeta dans le camion avec les autres. Ils fermèrent les deux cages. Tout autour d'elle n'était que cri et panique. Lucie ne réalisait toujours pas. Son père était mort, sa mère était morte, elle était morte. Sa famille n'était plus.

La mère de Lucie jouait des coudes pour l'atteindre. Elle la prit dans ses bras.

- Mon cœur, ils vont utiliser des lance-flammes... Murmura-t-elle à son oreille. Je les ai vus les préparer. Cache-toi sous moi, même si je hurle, même si je te supplie de m'aider, ne bouge pas.

- Maman, je ne veux pas !

- Tout va bien se passer... Tu trouveras un moyen de t'en sortir, j'en suis certaine.

Eliane jeta un coup d'œil à l'extérieur. Les soldats arrivaient, leur lance flamme en main. Les condamnés tentaient de s'éloigner des parois, se concentrant au centre pour éviter les flammes à venir. Sa mère lui sourit.

- Je t'aimerais toujours.

Elle l'embrassa une dernière fois sur le front et se plaça entre elle et les lances flammes. Les premières gerbes dorées jaillirent en même temps que les premiers cris. Lucie sentait la chaleur des flammes lécher sa peau. Mais aucune douleur, aucune brûlure. Tandis que les gens hurlaient et se débattaient elle se plaça au fond du camion et se roula en boule sur le sol. Ses vêtements partaient en lambeaux mais sa peau restait intacte. Les autres personnes ne pouvaient pas en dire autant. Elle ferma les yeux pour échapper à ce cauchemar. Elle se faisait bousculer, les premières personnes commençaient à tomber autour d'elle mais surtout sur elle. Elle ne bougea pas, se laissant écraser. C'était sa seule chance d'en réchapper.

Les élémentaux 3 : L'EauWhere stories live. Discover now