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Le choc est violent. Je vole sur plusieurs mètres, j'entends des voix s'élever, des cris percent le silence. Je ferme les yeux, j'ai mal. Je m'écrase avec fracas sur le sol. Quelque chose craque en moi. Mes côtes ? Mon crâne ? Mon dos ? Mes bras ? Je pense que c'est un peu de tout ça en même temps. J'ai mal, très mal. Et là je me dis que ça y est, c'est cela qu'on ressent quand on meurt. Cette douleur mêlée à la paix, cette inconscience alors qu'on entend tout ce qui se passe autour de nous. Un goût métallique envahit ma bouche. Ca coule, c'est dégueulasse, c'est du sang. Beaucoup de sang. J'essaye de cracher mais n'y parviens pas vraiment. Je bave plus qu'autre chose. Je me sens partir loin. J'ai peur. Je déteste la vie mais je ne veux pas mourir. Je suis encore jeune non ? Je vois des ombres s'approcher. Des ombres noires, effrayantes, en nombre. L'angoisse monte en moi, me redonne la force dont j'ai besoin. Je me lève malgré la douleur qui fait trembler tout mon corps. Des bras me saisissent, je hurle.

-Calmez-vous ! Calmez-vous !

Je crie encore plus fort. Je ne veux pas qu'on me touche, j'ai horreur de ça. Des mains puissantes m'immobilisent, me forcent à m'asseoir. J'entends des voix chahuter autour de moi. Totalement hagarde, je regarde autour de moi et vois les étudiants au téléphone, l'air paniqué marqué sur leur tronche. Certaines filles pleurent, d'autres haussent les épaules et partent. Je ne réalise pas vraiment ce qu'il vient de se passer.

-Vous m'entendez ?

Je tourne la tête vers un type. Il a l'air vraiment inquiet, des gouttes de sueurs coulent le long de ses tempes.

-Vous m'entendez ? répète-t'-il.

Je voudrais lui répondre mais je n'y arrive pas. Je suis en pleine crise d'angoisse je crois. Ou est-ce un état de choc ? Ou suis-je devenue muette ?

-Elle est en état de choc !

Je grogne quand le mec hurle. Sa voix transperce ma tête, y résonne. C'est insupportable. Il se lève et cours dans la voiture qui m'a renversée. Je ne sais pas si le conducteur est blessé. Je m'en fout, j'ai trop mal. Mon corps se met à trembler, ma vue se brouille et je me sens partir.

******

Quand j'ouvre les yeux, la première chose que je remarque est que je suis seule dans un endroit qui m'est totalement inconnu. La couverture sur mes jambes me donne trop chaud, elle me gratte. Je baille et veux m'étirer mais mes mains sont maintenues par des perfusions. Je panique un bref instant en voulant me redresser mais les souvenirs de l'accident m'assaillent directement. Je suis dans un hôpital. Un putain d'hôpital où les gens apprennent qu'ils sont gravement malades. Mon cœur bat beaucoup trop vite, je hais les hôpitaux et tout ce qui va avec.

-Bonjour.

Je sursaute quand j'entends une voix grave. Un mec en blouse blanche se lève du fauteuil posé dans le coin de la pièce. Ca ne m'étonne même pas que je ne l'ai pas vu.

-Bonjour, murmuré-je. Le médecin s'avance et me regarde avec insistance ce qui m'agace. Il allume une petite lampe de poche et la dirige vers mes yeux. Je les plisse directement et ai envie de lui demander s'il est con de me foutre la lumière dans la tronche mais je garde mon calme. J'ai bien été éduquée et ça le sauve de ma mauvaise humeur.

-Comment vous appelez-vous ?

-Laure Bacher.

Il hoche la tête silencieusement et note quelque chose sur sa feuille.

-Okay, quel âge avez-vous Laure ?

-Dix-sept ans.

-Parfait. Est-ce que vous avez de la famille ?

Interdiction d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant