Suzie l'anti-douleur

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Je la laisse s'éloigner, ne pouvant m'empêcher de rire devant son comportement puéril ; Ecarlate de colère, bras tendus, poings serrés contre ses cuisses, elle fait volte-face pour me fuir.

C'est vraiment la fille la plus déconcertante qu'il m'ait été donné de rencontrer ; un mélange de force et de faiblesse. Je me demande quelle pouvait être son histoire, persuadé que nos vécus font de nous que nous sommes. Vraiment cette jeune femme me déroute, m'intrigue, m'attire, sans que je n'en comprenne les raisons. Je ressens un sentiment de méfiance et d'attirance mêlés. Je pressens un danger, mais je la veux quand même dans mon lit. Il me faudra l'apprivoiser pour la séduire. Habituellement je ne recours jamais à de tels artifices, n'en ayant nul besoin. Connard prétentieux, dites-vous ? Connard certainement, mais si vous connaissiez mon passé ... mais soit, je vous le concède. Prétentieux ? Non ! Je ne cherche pas les filles, elles, me trouvent.

Une alarme résonne dans ma tête. Une idée confuse me titille tentant de me mettre en garde. S'enivrer du parfum sucré d'une belle fleur peut parfois s'avérer mortel !

Se rencontrer en d'autres circonstances aurait-il changé la donne ?

Je ne crois pas. Le destin l'a mise sur ma route d'une manière originale. Je n'ai pas eu besoin de la chercher parmi la centaine d'invités présents. Je n'aurais pas imaginé après l'épisode de la cuisine me trouver à la table de cette fille, la plus glamour de cette fête. Pétillante, drôle, parfois sarcastique et foutrement sexy, me faisant un effet diable. Plus je la regarde, plus je me sens à l'étroit dans mon pantalon. Bien plus encore depuis que je l'ai tenue serrée contre moi, senti sa peau soyeuse contre la mienne, humé le parfum de ses cheveux. Depuis que j'ai enserré sa taille fine, je la désire violemment. Une envie qui va croissant depuis que nos regards se sont croisés. Je devine qu'elle n'est pas insensible à cette attirance physique réciproque. Alors qu'elle s'est abandonnée dans mes bras, l'émotion ressentie m'ayant déstabilisé, j'ai rompu le charme. Quel idiot !

Robert va te casser la gueule !

Je secoue la tête. Il me suffit de la jouer fine, et nous serons gagnants tous les deux sur toute la ligne, personne n'en souffrira.

Fais gaffe me murmure ma petite voix intérieure, tu sais bien qu'à trop fréquenter les gens, on s'y attache.

Ce n'est pas ce que tu veux, et tu ne le peux non plus.

Cette fille je la veux et je l'aurais ! Enfin un défi à ma mesure ! Pour le reste on verra au fur et à mesure !

Je rejoins notre table. Robert discute avec Meg, j'espère qu'il ne la pas mise en garde contre moi, Suze n'est visible nulle part.

Je réintègre ma place, elle m'ignore totalement, se concentrant sur sa conversation avec Robert qui lui parle de ses projets immobiliers. Il recherche une maison pas trop grande, car Suze déteste les taches ménagères, mais avec suffisamment de mètres carrés de terrain pour que le tout ne ressemble pas à une courette.

— J'ai une belle propriété viticole de taille raisonnable. Tu pourrais faire entretenir les vignes, c'est tendance, par une sorte de métayer, ce ne serait que bénéfice. Le tout est assez moderne ; les anciens propriétaires y ont fait construire piscine et jacuzzi, les pièces sont spacieuses, la bâtisse ancienne mais en excellent état. Pour couronner le tout la plage n'est pas très loin, ni Bordeaux d'ailleurs.

Je ne peux m'empêcher d'intervenir.

— Suze ne voudra jamais.

Meg se tourne vers moi, ouvre la bouche pour répliquer mais change d'avis.

Juste un défi entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant