Kenosi

69 10 23
                                    


- Je n'ai pas ta force.

- T'as pas le choix, fit elle doucement, alors que sa voix s'éteignait.


Il y'eut une secousse, et les craquelures qui zébraient le plafond crachotèrent des cascades de poussière dans un sinistre concerto de craquements. Quelques débris tombèrent sur le crane dégarni de Jacques, dont les paupières papillonnèrent alors qu'il se réveillait péniblement. La première chose qu'il remarqua fut l'absence de son masque respiratoire, qui ne l'avait pourtant jamais quitté depuis son arrivée au Botswana.

- Aaah... tenta-t-il.

Sa gorge était affreusement sèche. Il connaissait cette sensation. Il avait certainement été drogué. Cette pensée le fit immédiatement paniquer. Ça, et le fait qu'il était attaché à une chaise, dans une pièce qu'il ne connaissait pas.

Ses yeux commençaient à s'accoutumer à l'obscurité ambiante, alors Jacques entreprit désespérément de se contorsionner en tirant sur ses lien, dans l'espoir de voir autours lui. Il se trouvait au beau milieu d'une ancienne chambre, d'un style qu'il reconnu comme colonial.

L'endroit était sombre, miteux. Visiblement abandonné. La peinture était craquelée, et de grandes bâches de plastique blanc couvraient des meubles entreposés ça et là. Le cœur de Jacques fit un bond lorsqu'il repéra la porte d'entrée, condamnée à l'aide d'une chaise encastrée sous la poignée, comme les gens faisaient dans les films.

Soudain, une nouvelle secousse retenti, faisant glapir le quarantenaire.

- C'est pour tes fesses, lança une voix une voix derrière lui.

Terrorisé, l'homme tenta de se retourner, en vain. Ses liens jouèrent contre sa peau, et ses poignets lui firent un mal de chien.

- Arrête de bouger, continua la voix.

Des pas retentirent, et une main se posa sur l'épaule de Jacques, qui se figea. La voix était profonde. Douce. Chargée d'une puissance tellurique qui pouvait défier les cieux. Après quelques secondes durant lesquelles le temps se suspendit, la main le lâcha, et ce fut comme si son propriétaire autorisait le monde à continuer de tourner. L'inconnu repris alors sa marche, s'éloigna du quarantenaire et de sa chaise.

Un carré de lumière blanche apparu brusquement à trois mètres de Jacques, alors que s'ouvraient l'unique fenêtre de la pièce, laissant l'air humide et pluvieux s'engouffrer par son encadrure béante.

- Qui êtes vous ? bégaya Jacques, momentanément éblouis.

L'autre ne répondit pas. Il lui tournait le dos, et sa silhouette se découpait au milieu de la fenêtre. Il semblait plutôt athlétique, quoi que de taille moyenne. Jacques cru le voir porter quelque chose à sa bouche.

- Ça te dérange pas, si je fume ? fit la voix alors qu'une odeur de tabac low cost se rependait, se mêlant à celle de la pluie.

- Qui êtes vous ? répéta jacques, d'une voix plus assurée. Vous faites une grave erreur ! Vous allez avoir de gros ennuis !

- Mais non.

Et il se retourna. Jacques le reconnu alors.

- Oh mon Dieu... David. Mais pourquoi... ?

Mais David leva un doigt, intimant à Jacques de se taire. Ce dernier n'aurait pas su quoi dire, de toute façon. David avait toujours été... Respectable. Méticuleux. Il gérait le travail des employés de la compagnie Zuiverheid d'une main de maître. Alors pourquoi ? Pourquoi l'avait il enlevé ?

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Jul 03, 2016 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

KenosiWhere stories live. Discover now