Heal Me (SOUS CONTRAT D'EDITION)

Chapitre 1

Quand j'étais enfant, je pensais que les mauvaises actions que je commettais ne représentaient rien. J'étais persuadée que voler un bonbon dans un magasin ce n'était pas si grave que ça, ou encore que mentir à sa mère à propos du fait qu'on s'était ou non brossé les dents n'était pas une grosse affaire. A vrai dire, j'avais le chic pour me déresponsabiliser de tout ce que je faisais. J'étais sûre que j'étais trop gentille et trop bien élevée pour être punie par qui que ce soit ou pour quoi que ce soit. Sauf que c'était faux. J'avais complètement tort.

Je n'ai jamais cru en Dieu. Pas plus que je ne crois au destin, au hasard, à la fatalité ou au sort. Je pense que tout ce qui nous arrive dans la vie n'est pas dû à la force mystique d'un quelconque chemin qui serait tracé pour nous à l'avance. Non. Ce qui nous arrive dans la vie, n'arrive qu'à cause des choix que nous faisons, qu'à cause des décisions que nous prenons. Et en même temps, pourquoi vivrions-nous une vie sur laquelle nous n'avons aucun contrôle ? Si notre route est écrite et que rien ne peut la changer, je ne vois pas ce qui nous pousse à nous lever le matin. Vivre ce n'est pas attendre patiemment que le destin fasse son œuvre. Vivre c'est prendre ses responsabilités quand il le faut, c'est assumer que ses actes aient des conséquences. Vivre, c'est faire des erreurs. Et j'en ai faites. Beaucoup. A 6, 9 ou 12 ans rien de plus normal après tout. A cette époque, je pensais naïvement que j'étais capable de me relever de chacune de mes fautes. Mais il y a eu l'erreur de trop et tout s'est effondré. Cette nuit-là, j'ai fait l'erreur de trop. J'ai compris qu'on ne peut pas se reposer sur les autres quand on veut que quelque chose soit fait. On ne peut compter que sur soi-même.

Après ce qu'il s'est passé, j'ai cru que je ne parviendrais jamais à reprendre le dessus. Et ça a bien failli arriver. Parce que les responsabilités mènent à la culpabilité et que la culpabilité détruit. Pire que détruire, elle vous tue. Je ne sais toujours pas aujourd'hui ce qui fait que je me tiens debout, là, maintenant, tout de suite. Je ne sais pas si ça durera. Je ne sais pas quand je rechuterais. Je sais simplement que tant que je garde le contrôle, je peux parvenir à maintenir le cap. Garder le contrôle et continuer à mentir. En fait, la vie c'est ça. C'est commettre l'erreur de trop, ne jamais s'en remettre et continuer à agoniser en silence juste pour ne pas faire souffrir encore plus de monde.

Je ne suis pas lâche mais je fuis. Je fuis parce qu'il est plus facile de continuer à respirer en regardant vers l'avenir que de rester à suffoquer dans le passé. Peut être que je me trompe. Peut être que cette farce finira par m'exploser à la figure. Mais pour le moment je tiens la distance. Je dois juste garder le contrôle et tout ira bien. Tout ira bien.

J'irai bien.

« Kate ? T'es avec nous là ? »

Je redresse le nez de l'écran de mon ordinateur, sortant de mes idées noires, et réponds par une grimace à mon interlocutrice.

« Ouais. De quoi on parlait ? » marmonné-je.

Jess éclate de rire tandis qu'Helen à sa droite me fusille du regard. Seule Kim reste de marbre. Ses filles sont complètement dingues, totalement en accord avec l'idée que je me faisais des amitiés à l'université. Jess a exactement le même caractère que moi et on s'est très vite bien entendue même si je ne l'ai rencontrée qu'un an après mon entrée à la fac. Ignorant, les gloussements de celle-ci, Helen me répond en grognant :

« Oh on parlait simplement de notre merveilleux travail de groupe. Tu sais, celui qu'on était censé terminer la semaine dernière. »

Helen est ma meilleure amie. Elle a pourtant un caractère de merde, pire que le mien et celui de Jess réunis. Mais je la connais depuis que j'ai six ans et quand, sans aucune discussion préalable entre nous, nous avons choisi de faire les mêmes études, j'ai su que notre amitié n'en était qu'à ses débuts. Elle sait tout de moi ou presque. Elle sait tout sauf au sujet de Lisa. Personne ne sait pour Lisa.