Prologue

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Le soir tombe sur la petite ville de Southwarm, projetant des rayons or et bruns sur les rares feuilles encore accrochées aux arbres.
Il faut dire qu'en Septembre, il est peu fréquent qu'il en reste beaucoup...

Dans les rues, plus personne ne passe, tout le monde étant à l'abri dans sa maison confortable.

Dans le parc municipal, un homme attend, seul.
Il est très grand, bien que une partie de ses jambes soit cachée par un imperméable couleur granit. Le soleil se reflète sur ses cheveux de jais. Il reste immobile, perdu dans ses pensées.

Soudain, comme alerté par un sixième sens, il se retourne juste à temps pour intercepter une flèche en hêtre aiguisée comme un couteau. Un peu plus et elle se plantait dans sa tempe droite.

Pourtant, si un passant avait observé la scène, ce n'est pas cea qu'il aurait trouvé étrange, mais plutôt le fait que cet homme ait intercepté la flèche de bois avec sa main...

L'homme se met à ricaner d'une manière bestiale, et s'adresse à un coin du parc :

"Est-ce là bien une façon pour accueillir votre maître ?"

Nulle réponse ne lui parvient, mais pourtant, les buissons frémissent et sortent alors trois êtres humanoïdes étranges : leur peau est de couleur verte, grise et marron, de façon à pouvoir se fondre dans le décor d'une forêt. Leurs cheveux sont semblables à de l'herbe et de la mousse et surtout, leurs yeux sont d'une couleur indéfinissable et mouvante, comme un mélange de toutes les couleurs qui changerait constamment. Ils portaient chacun une longue tunique tressée dans ce qui semblaient être des feuilles et branches d'érable.

Un de ces êtres si particuliers s'avança en fronçant les sourcils et déclara d'une voix grave :

"Je n'ai pas de maître, et tu n'as rien à faire ici. On nous avait prévenu de ta visite, et nous t'avons accueilli comme il se doit."

L'homme s'avança et dit d'un ton moqueur :

"Ne me dite pas que vous obéissez à Gabriel, maintenant ! Je ne pensais pas que vous seriez aussi... crédules..."

"Retire cela immédiatement ! rugit un deuxième être de la forêt. Les dryades n'obéissent à aucun Esprit et tu le sais très bien !"

"Contrôles-toi, Yaviin ! S'écria le premier dryade, ne lui fais pas l'honneur de ta colère."

Yaviin, le jeune dryade, regarda son aîné, avec dans ses yeux un mélange de haine, d'incompréhension et de colère.

Alors, le troisième dryade, une jeune femelle, parla à l'homme qui regardait la scène d'un air amusé :

"Devant tes yeux, une dispute a éclaté. Que la honte soit sur toi, qui a provoqué un conflit entre deux frères. Il n'est pas dans les habitudes de mon peuple de parler de la sorte, mais je te le demande pourtant : vas-t'en. Nous n'avons pas ce que tu es venu chercher. Il est trop tard pour toi."

Un brusque excès de fureur passa dans les yeux de l'interpellé mais il se reprit et rétorqua :

"Mais vous vous trompez : je l'ai déjà trouvée. Et je l'ai amené, exprès pour vous !"

La dryade palit brusquement et cria aux deux autres dryades qui avaient fini de se disputer et regardaient maintenant la femelle qui semblait anéantie :

"Allez-vous  en ! Maintenant !"

Le vieux dryade fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour protester mais la dryade dit d'une voix forte bien que tremblante :

"Je vous rejoins."

Les deux hochèrent la tête et partir en direction d'un bosquet puis disparurent, engloutis par les feuilles d'un arbre.

La dryade les regarda un instant puis se retourna vers l'homme, plus pâle que jamais, ses yeux à l'origine multicolores devenus bleus très clairs, presque blancs.

"Comment ?"

L'homme sourit.

"Ça, tu ne le saura jamais. Mais sache qu'avec ta mort, princesse, un monde nouveau prend vie."

La princesse dryade marmonna quelques mots et fit un geste vers l'homme : des dizaines de branches d'arbres se transformèrent en flèches acérées, du même type que celle qui avait failli transpercer la tempe de l'étrange individu.

Les flèches s'animèrent pour se diriger à toute vitesse vers celui-ci. Mais il fit un simple geste de la main, et toutes les flèches se désintégrèrent au contact d'une paroi invisible dressé tout autour de lui.

"Alors c'était vrai." Murmura la dryade.

Elle lança une dernière attaque qui fit se lever une formidable tornade de feuillages qui se projeta contre l'homme et tenta de s'enfuir, mais il était trop tard : l'homme laissa place à une ombre qui l'engloutit en un cri terrifiant.

La Perle du Diable [En pause] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant