Charleston

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Pour la plus part des jeunes de mon collège le passé c'est ça : un mélange grisonnant de poussière, monarchies et éclats d'obus. Un coure d'histoire grandeur nature, en résumé...avec son ennuis et ses mauvaises notes ! Si ils savaient que moi, Olympe, 12 ans et « intello » de première catégorie, j'avais le pouvoir de remonter le temps, je pense que leur vision risquerait de changer...He oui, c'est bien vrai, je peux voyager à travers les époques ! Pire : vous aussi pouvez le faire ! Comment ? Suivez ce petit tutoriel, vous allez comprendre...

Premièrement, la veille de votre excursion spatio-temporel, vous programmerez votre réveil (vous vous rappelez ? Ce drôle d'engin qui prend la poussière depuis le début des vacances) sur huit heure trente, puis vous coucherez, vous préparant à passer une merveilleuse nuit de sommeil, emmitouflé dans de confortable édredons. Puis le lendemain (qui arrivera beaucoup trop tôt, j'en conviens) vous vous éveillerez, paupières toujours closes, la lumière du jour baignant votre visage paisible et endormis, qui tout à coup s'éveillera. Une fois levé, vous vous dirigerez vers votre cuisine. Là, pour une fois, vous ne vous contenterez pas de sortir le paquet de cookie tout près qui attend, comme chaque matin, son heure au fond du placard. Non, cette fois vous prendrez du lait, des œufs et de la farine. Vous mélangerez le tout, puis en verserez une louche dans la poêle. A cet instant, une odeur délectable se propagera dans la pièce. Odeur de « comme chez votre grand-mère », vous rappelant votre enfance. Enfance passée...Vous avez vu ? Vous cuisinez ! Je dirais même plus, vous ne cuisinez pas des surgelés ou des boites de conserves. Vous cuisinez des pancakes ! Une fois vos mets savourés, vous sortirez, et rejoindrez une bibliothèque (une bibliothèque ? Eh oui, ça existe toujours ce genre de truc). Sur votre chemin, si vous habitez en France, la pluie battra, pleurant des larmes de cristal éphémères s'écrasant plus loin sur le goudron déjà humide. Dans le cas contraire, pincez-vous pour vérifier que vous ne rêvez pas. Ensuite, vous vous arrêterez devant un imposant bâtiment. Vous en pousserez les portes puis y entrerez.

Là, sous vos yeux ébahis, se trouveront d'innombrables étagères remplies de livres jonchant les murs, créant de minces allées, et s'élevant jusqu'à toucher ce qui vous paraitra être le ciel. Le bruit du papier qui se froisse, des pages qui se tournent et l'odeur des vieux manuscrits poussiéreux...un délice ! Puis, vous vous dirigerez vers le bibliothécaire et demanderez un livre parlant à l'époque où vous désirez vous rendre. Quant à moi, ce sera le début des années trente, l'époque charleston. Vous vous installerez ensuite à la table de votre choix, ouvrirez le livre et vous mettrez à lire...

A cet instant, les mots, les phrases et les pages se détacherons, s'emporterons, tourbillonnerons autour de vous. Vous vous laisserez faire, porté par une douce nostalgie, puis, délicatement, vos pieds toucheront le sol d'un monde nouveau. Pour ma part, c'est le Paris belle époque.

Maintenant que j'ai finis mon tutoriel (pour revenir il suffit de refermer le livre) je vais vous contez MON périple, histoire de convaincre les derniers irréductibles antivoyages dans le temps de franchir le pas et de m'imiter...

J'atterris dans une somptueuse rue commerciale de la métropole. Je suis subjuguée par ce qui m'entoure. Ce n'est pas la première fois que je viens ici, mais cela me fait toujours le même effet : j'ai l'impression de me trouver en plein Agatha Christie, version française. Les boutiques s'alignent parfaitement sur une avenue pavée de pierre couleur pastel, tout comme les devantures des boutiques en question, d'ailleurs. Il y a environ dix parfumeries, deux bonnes douzaines de magasins de haute couture, le même nombre de bar, hôtel ou restaurant, deux chocolaterie, un cinématographe et un cabaret sur lequel est placardée une magnifique affiche noire et blanc pour le concert d'Edith Piaf...les Champs Élysées. J'entends le claquement des sabots de chevaux monter par des gentlemen à moustache et haut de forme. Je me retourne et découvre un magnifique arc, l'Arc de Triomphe. Je me dirige vers lui, croisant des femmes coiffées d'headband à plumes noires et arborant des robes à franges de la même couleur. C'est splendide ! Elle sente le rose ou la lavande, marchent tête haute et bouge leurs hanches exagérément. Je me sens ridicule dans mon jean délavé et mon t-shirt à l'effigie du fameux groupe « coldplay ». Heureusement, personne ne me vois, et c'est beaucoup mieux ainsi : on peut observer le passé, mais pas le changer. Ce serait trop dangereux. Je croise un drôle de monsieur, style monocle et chapeau à la Arsène Lupin. Et, de nos jours, nous savons à quel point ce style vestimentaire est louche ! En effet, même s'il n'est pas bon de juger les gens à leur apparence, mes intuitions s'avèrent juste : l'homme s'approche d'une grosse dame en robe fleurie et trench court en velours pour lui dérobe son sac à main. Un sac en cuir bleu azur chanel qui doit valoir une fortune ! Alors comme ça, les pickpockets sévissaient déjà à la belle époque ? Eh bien, j'en viens presque à en regretter le calme monotone de ma campagne contemporaine ! Je m'assois à une table délaisser par ses précédent occupent sur laquelle m'attend un opéra à peine entamé. Je saisis une petite cuillère en argent et la plonge dans le gâteau. Quand celui-ci atteint ma bouche mes papilles frémissent, et le dessert se transforme en un tourbillon de saveur tel un feu d'artifice. Là se trouve ma place. Pas dans le présent, à regarder « les experts à Miami », lovée dans mon canapé. Non, c'est ici, assis en terrasse à savourer chaque secondes qui se sont déjà écoulées cent ans plus tôt. Reprenant du courage, j'écoute paisiblement la musique jazz qui raisonne dans le bar. Le jazz...à la fois peps et classe. Comme cette époque.

J'entre dans le cabaret. Des femmes dansent le french cancan, toutes un carré noire et soigné et une mouche au-dessus de a lèvre supérieur. Elles sont originales, mais uniformes. Puis elles se mettent à danser le charleston. C'est tellement beau. Je regrette de ne pas vivre dans cette vie. Pourquoi ? S'est-on trompé d'époque à ma naissance. Non ! J'oublie ce que la suite de l'Histoire a à nous apprendre : guerre, rafles, crise financière, débats féministes, antisémitisme...Je suis bien mieux dans ma « vraie » vie : on ne se rend compte de la chance qu'on a que quand on la perd, et je ne tiens pas à la perdre. Il est préférable de revenir au passé par des moyens dérivés tel que la cuisine de votre grand-mère ou un vieux livre, mais pas au détriment du présent. Je referme l'ouvrage.

« Bonjour !, me lance un garçon à mon côté.

-Salut ! Tu lis quoi ? Parler comme cela a un inconnu me met mal à l'aise, mais ses yeux m'apaisent immédiatement.

« Tu vas te moquer de moi !

-Promis que non, je réponds sincèrement.

-Un vieux bouquin sur les années folles... »

Finalement, les élèves de mon collèges ne savent pas ce qu'ils perdent en ignorant le passé. C'est ça, la vie. Beaucoup disent qu'il y a quatre temps dans l'existence d'un homme : l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte et la vieillesse. Mais ils se trompent, dans la vie il n'y a que trois époques : le passé, le présent et le futur. Et quelque chose me dit que le futur est remplit d'amour...

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Voilà, j'espère que cette histoire vous a plu, même si je sais qu'aujourd'hui je peux faire beaucoup mieux ! N'hésitez pas à laisser un commentaire (constructif, hein, pas haineux ! J'apprécie la critique, mais je ne suis pas complètement maso, non plus !)

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⏰ Last updated: Feb 26, 2016 ⏰

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