Le jour où j'ai rencontré White

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Ah la famille ! Une joie quotidienne et sans pareil n'est-ce pas ? Tout le monde aime ses parents, ses frères et sœurs... Et bien non. Ce n'est pas mon cas. Je n'aime personne de tout de façon, et surtout pas ma famille.

Certes, ils ont un bon fond, comme tout le monde sur Terre je pense, mais ils sont pervertis par l'image de la famille parfaite que nous donne la société actuelle. J'ai l'impression de vivre dans une série, ce qui me donne clairement envie de gerber.

Nous avons emménagé dans un quartier riche de Washington DC, ce qui à la base ne me dérangeait pas, mais était devenue une catastrophe. En effet, depuis ce jour, ma mère avait décidé de devenir un modèle pour ses chers enfants. Jane et Anthony , mes benjamins, semblaient plutôt amusés par cette plaisanterie qui n'avait que trop duré, et appréciaient rentrer dans le jeu stupide de nos procréateurs.

Hier soir, ma mère avait eut la fabuleuse idée de faire un super pique-nique pour célébrer le début des vacances. Tout le monde avait approuvé cette idée avec un enthousiasme qui sentait le faux à quatre kilomètres à la ronde, et j'avais été forcée d'admettre ma défaite.

Je me trouve donc actuellement dans un superbe parc, bondé de familles toutes aussi "parfaites" que la mienne. Pathétique.

Les gens autour me regardent avec étonnement, comme si j'étais un alien sortit de nul part. Bizarre. C'est le mot qui traverse sûrement leur esprit quand ils me voient, moi, la fille aux cheveux d'une couleur peu ordinaire, un casque sur les oreilles qui balance à un volume un peu trop élevé des titres de Nirvana lors d'un repas de famille.

Oui je suis différente, et alors ?

« Alice, tu veux un autre sandwich ? crie ma mère pour se faire entendre à travers la musique. »

J'enlève mon casque, et prend le jambon-fromage qu'elle me tend, un sourire gêné accroché à ses lèvres. Ma propre mère a honte de moi vous imaginez ? On s'entendait plutôt bien (ou du moins elle croyait bien s'entendre avec moi) mais un jour, lorsque j'étais rentrée à la maison avec des cheveux violets pastels, j'avais tout de suite sentie que je la décevais.

Non, à moins que je décède, elle n'aurait jamais une famille parfaite comme elle le voulait tant. Tout ça à cause de sa fille égoïste, une certaine Alice je crois... C'est malheureux je trouve qu'une fille de quinze ans ne veuille pas rentrer dans le moule que ses parents ont confectionné avec l'amour d'avoir une belle image auprès des autres.

Je mange tranquillement mon sandwich lorsque je sens un regard se poser sur moi. J'en ai l'habitude, mais celui-ci est particulier. Il n'est pas méchant ou offusqué, il est... normal.

Je lève les yeux vers la personne qui me fixe et remarque que c'est un garçon et qu'il est différent des autres, pareil que moi. Il sourit dès qu'il remarque que je l'ai vu.

Il a environ le même âge que moi, une peau livide et des cheveux blancs. C'est une coloration ? Si c'est le cas elle est très belle.

Donc ce jeune homme intriguant me scrute et s'avance vers moi.

« Je peux voir un pote ? je demande à mes parents pour rejoindre le garçon et m'enfuir de ce bonheur plastique.

- Mais enfin chérie ! dit mon père. On est bien là, en famille !

- Oui mais... »

Je pense que si je créé un scandale ma famille m'en voudra à jamais, j'évite donc de clamer ce que pense du pique-nique merveilleux que nous sommes en train de faire. Il est clair que je déteste ça.

Il est maintenant à quelques mètre de moi et continue de m'observer. Il a l'air tellement timide que je décide de prendre les choses en main, je veux à tout prix partir de cette jolie nappe à carreaux posée sur le sol.

« Hey ! dis-je bien fort pour que mes parents voient. Je savais pas que t'étais ici ! »

Je lui fais la bise et il rentre dans mon jeu direct. Bon c'est définitif, on est pareils lui et moi.

« Salut ! Ça va ? »

Nous parlons de tout et de rien pour que cette conversation semble normale aux yeux de mes parents. Ils paraissent ébahis, sûrement étonnés de voir qu'une personne comme moi peut avoir des amis.

Mon nouveau pote, dont je ne connais pas le nom, décidé de jouer le carte de la politesse face à mes parents.

« Bonjour, je m'appelle William Clock. Je suis ravie de connaître votre fille Alice, c'est pour moi un vrai privilège.

- Enchantée, répond ma mère visiblement surprise du niveau de language d'un seconde. Je m'appelle Angela, voici mon mari Tom et mes enfants Jane et Anthony.

- Puis-je vous emprunter Alice quelques minutes ? Je dois lui parler d'un devoir de physique-chimie.

- Bien sûr ! »

Donc mes parents ont tellement honte de moi qu'ils me laissent avec un inconnu ? Ils tiennent tant que ça à la famille parfaite ?

Mais quelque chose m'intrigue plus que ça, le fait que ce William connaisse mon prénom. Je lui fait la remarque lorsqu'on s'éloigne du monde modèle de la famille Clarks.

« - Écoute William je sais pas qui...

- Je m'appelle White.

- Pourquoi t'as pas dit que tu t'appelais comme ça ?

- Tu te vois sérieusement annoncer à tes parents qu'un de tes amis s'appelle White ?

- Sauf que t'es pas mon ami. »

Il me regarde désespéré et jette un coup d'œil à sa montre.

« Merde, on est en retard !

- Où ?

- On s'en fout ! Tu viens ou pas ?

- Euh... »

L'aventure me plait.

C'est maintenant ou jamais.

« - Je viens. »

Il m'attrape par le bras et trottine à travers les rues de Washington DC. Il ne cesse de marmonner "Je vais être en retard" eu scrutant sa montre.

Et moi, d'ordinaire plutôt fourbe, je le suis sans rien dire. Ça ne me ressemble pas, mais je sens l'aventure arriver à grand pas. Il va enfin se passer quelque chose d'intéressant, de palpitant dans ma vie.

White s'arrête devant une vitrine, devant la ligne de départ de mon aventure, la boutique The Wonderland.

Deceitful AliceKde žijí příběhy. Začni objevovat