Je réfléchis en admirant son dessin, puis lui marmonnai en souriant :

« - Tu m'as représentée avec les cheveux lisses.

- Oui, parce que... Je ne les ai jamais vu... Lâchés... Et du coup... Je ne sais comment... Ils sont... »

Avec un sourire énigmatique, je portai mes mains à mes cheveux et enlevai l'élastique qui les maintenait en chignon pour la première fois au lycée. Ils retombèrent en une cascade sombre, et Emi ouvrit de grands yeux. Immédiatement, elle effaça les traits qui formaient ma chevelure, et, me jetant de temps à autre de petits coups d'œil, elle retoucha son dessin. De mon côté, j'avais mis mes écouteurs, et l'observai me dessiner tout en tapant du pied en accord avec la musique. Quand elle eut fini, elle me tapota l'épaule afin de me sortir de mes pensées, et me montra le résultat final. Surprise, je remarquai qu'elle avait rougi mes yeux, ce qui accentuait l'expression de tristesse, et qu'elle avait représenté mes cheveux comme elle les voyait, c'est-à-dire un enchevêtrement de soyeuses boucles noires, avec de légers reflets. Je murmurai :

« - C'est magnifique...

- Merci... Tu peux le... Garder si tu veux...

- Ah, c'est gentil, mais... Garde le, c'est toi qui l'a dessiné, et... Je n'aime pas me voir en photos, en dessins et tout ça.

- Ah... Merci. »

Je lui fis un grand sourire, et remarquai que j'étais plus joyeuse qu'en arrivant. Nous passâmes le reste des heures de permanence en silence, à communiquer par regards.

...

Quand la cloche sonna, Emi rassembla son matériel à dessin, moi mes écouteurs et mon portable, et nous allâmes en cours de français. Pour la première fois, elle s'assit à côté de moi, et je lui adressai un petit sourire de remerciement. Quand Allan entra dans la salle, je ne pus m'empêcher de le fixer. Il avait l'air surpris, et je compris qu'il était étonné à cause de mes cheveux. Il me fixait avec intensité, et je détournai le regard et regardai par la fenêtre, gênée. Ma voisine de table fronça les sourcils, puis comprit en voyant le surfeur. Quand ce dernier se fut assis, elle me murmura :

« - C'est bon, il est au fond de la classe.

- Merci Emi. »

Une légère rougeur apparut sur ses joues, et elle se détourna avec un petit sourire crispé. Je sentis un regard brûlant sur ma nuque, et me retournai pour tomber face au regard de braise d'Allan. Je soutins son regard pendant quelques instants, puis, mal à l'aise, il rompit notre échange. Je fronçai les sourcils. Depuis quand je l'intimide ? Je me retournai vers Emi tout en réfléchissant à tout allure, mais ne trouvai pas la raison de son comportement. Je pris mon visage entre mes mains et me rendit compte que j'avais les joues brûlantes. Emi m'adressa un regard de compassion, et je détournai les yeux.

Durant le reste du cours, j'évitai soigneusement de me retourner.

...

Durant une semaine, à chaque fois que mes yeux croisaient ceux d'Allan, il se détournait presque immédiatement, me laissant dans la perplexité la plus totale. Je ne pensais pas qu'il soit subitement tombé amoureux de moi, c'est pour cela que son comportement m'intriguait au plus haut point. Mais bon, je n'avais pas le cran pour aller lui demander ce qui n'allait pas chez lui.
Je n'avais toujours pas de nouvelles d'Alec, et commençai progressivement à l'effacer de ma mémoire, ce qui me faisait le plus grand bien. Mes parents m'avaient appelée, mais je leur avais demandé encore un peu de temps. Il me restait à digérer le fait d'être une bâtarde. Sinon, tout allait bien.
Emi et moi ne nous quittions plus. Je voyais bien que cela attristait Amandine et Nina, mais, secrètement, je ne voulais pas qu'elle retourne avec elles. Je voulais conserver cette amitié. Bien sûr, j'étais toujours amie avec Axel, mais comme ce dernier était trop souvent à mon goût avec Allan, et bien je ne pouvais pas tellement passer de temps avec lui.
Pourtant, le vendredi soir, alors que je rentrais tranquillement chez moi, je tombai sur Alec. Enfin, il me tomba dessus. Alors que je tapais le code pour que la porte s'ouvre, j'entendis quelqu'un m'appeler. Intriguée, je me retournai, et avant que je ne puisse comprendre ce qu'il m'arrivait, je reçus un magistral coup de poing dans l'œil gauche. Je m'effondrai contre la porte et me pris le visage entre les mains tout en pleurant sous l'effet de la douleur. Mon œil me brûlait, et je ne parvenais plus à l'ouvrir. Mon agresseur s'exclama :

La fille au parapluie bleu [terminé]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora