« - On a donc décidé de faire comme si l'enfant était de nous deux...

- Et d'enterrer l'existence d'Antoine. Et de ne jamais parler de ça.

- Jusqu'à aujourd'hui, conclut ma mère.

-La seule chose qu'il te reste de lui c'est ce parapluie bleu. Ajouta mon... Père ? Il ne le quittait jamais. »

Le parapluie bleu. Le seul cadeau qu'ils m'ont offert depuis mon enfance. Il lui appartenait et je ne le savais même pas. Et mon père qui n'est pas mon vrai père... Atterrée, je me pris la tête entre les mains. Je dois être seule. Je me levai, et leur murmurai :

« - Je... Laissez-moi... »

J'imagine que mes parents s'attendaient à cette réaction, car ils acquiescèrent, et s'en allèrent. Juste avant de partir, ma mère me supplia doucement :

« - Pardonne nous. S'il te plaît. »

Et elle referma la porte. Toutes mes certitudes sur le comportement de mes parents venaient de voler en éclat, ainsi que mon identité propre. Je n'étais pas un enfant légitime, juste... Une simple bâtarde dont le père est mort.
Sans un bruit, je m'effondrai par terre, et les larmes commencèrent à couler. J'ai besoin d'aide. A l'aveugle, je m'emparai de mon portable, et appelai Axel :

« - Oui Julie ?

- Axel ? hoquetais-je, la voix mouillée de sanglots. Je... Tu peux venir s'il te plaît, je... J'ai besoin de quelqu'un... Je ne veux pas rester seule je...

- D'accord, ne t'inquiète pas. Où tu habites ? »

Je lui donnai mon adresse, et restai prostrée en attendant son arrivée. Quand j'entendis sonner à ma porte, je mis un moment à sécher en partie mes larmes et à me relever pour aller ouvrir. Quand il vit mon état, le front d'Axel se barra d'un pli soucieux, et il rentra dans l'appartement et referma la porte avant de me prendre dans ses bras. Malgré moi, j'éclatai en sanglots, et Axel me serra contre lui tout en me caressant les cheveux d'un geste apaisant. Je pleurai un long moment. J'étais triste envers mes parents, et moi-même. Et je m'en voulais d'être aussi faible, à pleurer pour tout et pour rien.
Quand je m'arrêtai enfin de pleurer, je l'entendis me demander à l'oreille :

« - Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

- Je... »

Alors, le visage collé à son torse, je lui expliquai. Tout. Mes parents, Allan, ce que j'avais fait avec Alec et Edith. Et le pire, c'est que je m'en voulais terriblement de m'être vengée, d'avoir joué avec Edith pour une seule et stupide raison. Il m'écoutait sans dire un mot, ce qui m'incitait à continuer. Quand j'eus fini de tout lui avouer, je le sentis sourire, et il me murmura :

« - Et bien... Tu as gardé tout ça en toi depuis si longtemps ? Cela ne m'étonne pas que tu aies autant pleuré. Je n'étais pas forcément d'accord avec le fait que tu voulais te venger, mais je pense que cet Alec avait bien besoin d'une leçon. Alors ne t'en veux pas d'accord ? »

Je hochai la tête. Il continua :

« - Pour tes parents, je pense que vous devez vous laisser le temps. Toi, d'assimiler tout ce que tu viens d'apprendre, et eux de se pardonner d'avoir agi comme ils l'ont fait. Il hésita un peu avant de reprendre. Et pour Allan... Je suis sûr qu'il n'avait pas de mauvaises pensées derrière la tête. Il a juste choisi le mauvais moment pour... T'embrasser.

- Mais je dois faire quoi ? Je... Je ne veux pas être un jouet pour lui, et il est hors de question de finir comme toutes ces... Filles.

- Est-ce que tu ressens quelque chose pour lui Julie ?

La fille au parapluie bleu [terminé]Where stories live. Discover now