Chapter -II-

Depuis le début
                                    

Tiens, d'ailleurs, où en sont les bleus ? Je me levai, et me postai devant le miroir. Je vérifiai que ma porte était bien fermée, puis enlevai mon tee-shirt. Les traces étaient encore bien visibles, et commençaient à tirer sur le violet foncé. J'appuyai sur une grosse marque présente sur mon ventre, et grimaçai. Je remis mon haut de pyjama, et me recouchai. Elles ne m'avaient pas ratée ces filles. Tout ça parce que quoi ? Parce que j'avais voulu fermer le clapet de ce petit prétentieux. Prétentieux que j'hébergeais en ce moment même. Ironie.

Après avoir lu presque la moitié du livre, je m'aperçus que le sommeil n'était toujours pas là. Or, dans ce cas, je prenais ma couverture, celle que je venais de prêter à Allan, et j'allais me pelotonner soit sur mon canapé, soit sur le tapis. Mais vu qu'un jeune homme pervers presque nu était dans l'appartement, je préférais éviter de sortir de ma chambre. Mon téléphone vibra, me signifiant que j'avais un message. Il n'y avait que deux personnes qui pouvaient m'écrire à cette heure-là : mes parents. Je regardais l'envoyeur : ma mère. Soupirant, je déverrouillai mon portable, et lus le message.

Julie. Nous ne pourrons pas passer te voir pour ton anniversaire. En effet, ton père nous a réservé une suite de luxe à New York.

Au fait, j'ai trouvé un spécialiste pour que tu retrouves une voix à la hauteur de notre famille. Nous passerons te voir quand nous aurons le temps. Bonne soirée.

Pourquoi ne suis-je pas étonnée ? Cela faisait depuis deux ans que je n'avais pas vu mes parents. Même pour mon anniversaire, ils ne faisaient pas le déplacement. Voyez ça, une suite de luxe à New York. En gros, leur confort est plus important que leur propre fille. Belle mentalité. S'ils ne voulaient pas d'enfants, et bien il ne fallait pas en faire. Ça m'aurait évité d'être considérée comme un vilain petit canard. Je n'étais pas assez belle, intelligente, sociable, drôle pour mériter de voyager avec eux. Enfin d'un autre côté, je n'avais pas envie de l'être.

Et la fin du message... « une voix à la hauteur de notre famille »... Dans l'esprit de mes parents, je ne suis qu'une chose imparfaite, mais que l'on tente quand même d'améliorer. Sympa, merci.

Je sorti de mon lit, attrapai la couette et allai me pelotonner dans la petite alcôve présente devant ma fenêtre. Je regardai dehors, et observai la ville noire. Peut-être que si je devenais blonde platine, avec un corps et une voix de rêve, alors mes parents voudraient peut-être de moi.

Ouais, c'est exactement ça. Je suis une tâche. Mais au moins je ne suis pas tombée dans la drogue. C'est vrai, imaginez la honte de mes parents si j'étais devenue une toxico. Hin, je me mets à être ironique. J'aurais mille fois préféré être orpheline que d'avoir des parents sans amour.

J'en étais là de mes réflexions philosophiques quand j'entendis toquer à ma porte. Je me retins de justesse de ne pas hurler « Entrez ». Heureusement, sinon cet Allan aurait deviné que je n'étais pas muette. Je me levai en frissonnant à cause du froid, laissant la couette, et, juste avant d'ouvrir la porte, me rappelai que j'avais les cheveux détachés. Je me refis un chignon, et ouvris. Il était face à moi, simplement vêtu de son caleçon. Je gardai mes yeux rivés sur son visage et croisai les bras, attendant qu'il m'explique pourquoi il se pointait dans ma chambre au milieu de la nuit presque tout nu. Il sourit en voyant mes efforts pour ne pas baisser les yeux, et me prit par la main pour m'emmener de force dans le salon. Il me planta au milieu de la pièce, me faisant signe de ne pas bouger, et s'empara d'une photo de mes parents. Il s'avança ensuite vers moi et tint la photo à côté de mon visage. Il m'examina pendant quelques instants, puis lâcha :

« - Tu ne ressembles pas du tout à tes parents. »

Merci de m'avoir fait venir ici au beau milieu de la nuit pour me dire ça. Vraiment, ça va me faire avancer dans la vie. En guise de réponse, je haussai les épaules. Il reposa le cadre sur l'étagère, et me demanda :

La fille au parapluie bleu [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant