Chapitre 1

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L'avion pique du nez.

Nous arrivons enfin.

L'Égypte, le Caire. Une destination de rêve...

Mais le smog qui entoure cette ville est si dense que je n'essaye même pas de voir les pyramides.

Je n'oublie pas non plus que je suis avant tout ici pour le travail, pourtant je suis heureuse.

J'ai tant souhaité un jour venir ici !

Eric et Stéphane sont aussi impatients que moi.

Lorsque nous descendons de l'avion, une bouffée d'air chaud et sec nous prend à la gorge. Des volutes de sable, venant du désert que nous pouvons apercevoir entre les bâtiments, dans le lointain, virevoltent sur le tarmac.

Nous pénétrons dans le grand hall envahi de valises et de personnes. Des groupes de touristes peu discrets font entendre leur voix au milieu de personnes vêtues en costumes locaux. Cet ensemble disparate forme un brouhaha continu, entêtant et épuisant après un tel voyage si soudain.

Ici, il fait frais. Un air climatisé, appréciable en contraste avec l'atmosphère qui nous a accueillis, nous donne un peu de fraîcheur. Le mois de juillet n'est pas un des plus froids dans ce pays, mais nous n'avons pas eu non plus le choix de la date !

Pendant que mes compagnons de route règlent la paperasse, je m'avance un peu dans le hall, cherchant la sortie du regard.

Mal m'en pris !

Je butte sur une des valises et je sens venir la chute comme au ralenti.

Alors jaillit une main ferme qui me rattrape et m'empêche de tomber.

Levant les yeux vers cette personne, je croise un regard d'un vert intense. Émeraude.

Et soudainement je ressens quelque chose que je n'ai jamais ressenti avant. Une forte émotion. Une chaleur immédiate. Je ne peux que rester le regard plongé dans le sien.

J'ai l'impression de discerner de l'étonnement chez cet homme au visage mat, à la chevelure brune, mais il se reprend très vite et détourne ses yeux des miens, puis il relâche mon bras lentement. Immobile, je n'arrive qu'à balbutier quelques mots de remerciement en français. À son air surpris, je pense qu'il ne m'a pas compris. Quelle idiote ! J'aurais dû le faire en anglais.

Mes amis me retrouvent alors :

— Ça va ? s'inquiète Stéphane.

— Oui, répons-je d'une petite voix.

Je me retourne vers l'homme à haute stature vêtu d'un costume noir qui nous observe avec une certaine arrogance, mais il me semble identifier dans ses yeux une étincelle d'amusement. Je lui renouvelle mes remerciements en anglais cette fois-ci. Je peux alors voir un petit sourire ironique s'esquisser sur ses lèvres, puis il incline la tête, ne prononçant aucunes paroles, puis se détourne de nous. Les trois hommes habillés d'une gandourah brune qui se trouvent près de lui paraissent là pour veiller sur sa personne, car ils le suivent aussitôt. Leurs lunettes noires dissimulent leur regard, mais ils donnent l'impression de ne rien louper de ce qui se passe autour d'eux. Il s'agit sans doute un homme important, et d'ailleurs tout dans son comportement l'indique. Il possède l'assurance de quelqu'un qui doit penser que tout lui est dû. Il rejoint d'un pas rapide et égal un autre groupe d'hommes qui portent des dish-dasha et des keffiehs blancs, et une discussion s'engage, calme.

Rencontre dans le désert.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant