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Je cours encore une fois à travers les couloirs de la fac parce que je suis encore en retard. Encore et toujours. A chaque fois je me dis qu'il faut vraiment que je change cette habitude, et à chaque fois, je suis en retard. Trois semaines que les cours ont repris et que les vacances de Noël sont terminées, et je n'ai pas pu être à l'heure une seule fois. Sans oublier ceux que j'ai entièrement loupés. Je trouve toujours une solution pour les rattraper. Je chope un élève à la fin d'un cours et je photocopie ses notes et c'est tout. Et pourtant les examens sont en fin d'année et il faut vraiment que je bosse. Et à chaque fois je me dis ça, et je ne fous rien. A chaque fois.

Je rentre dans l'amphithéâtre où mon cours de droit a commencé depuis au moins quinze minutes, en essayant de passer dans le dos de Mme Foster, mais encore et toujours, elle me chope la main dans le sac.

« Mlle Brown, en retard ? », dit-elle avec une pointe d'humour.

« Encore et toujours madame. », réponds-je, et tous les élèves de l'amphithéâtre éclatent de rire.

Elle lève directement son index vers les sièges, me montrant directement qu'il faut que j'aille m'asseoir et que tout simplement, je ferme ma gueule. Depuis trois ans, rien a changé. Je suis encore et toujours la retardataire dont tous les profs de la fac ont entendu parler. Oui tous. Je pensais qu'à la fac, que vous soyez en retard ou absent, les professeurs s'en foutaient et vous laissaient vivre votre vie. Mais au final quand vous êtes la personne la moins ponctuelle au monde, ils vous remarquent facilement. Je m'assois à une place au milieu de tous les élèves et je sors directement mon Mac pour me connecter à Twitter. Le cours de la prof est au sujet des droits des travailleurs, un thème que j'ai déjà appris l'année dernière et qui est super chiant, donc pour moi, inintéressant.

Je regarde directement mes notifications, complètement surchargées. Ça ne parle que de la fête de vendredi soir. Tout le monde dit que ça va être la meilleure fête qui n'a jamais était faite. Et comme d'habitude c'est une fête qui ressemblera à toutes les autres. Cette fois elle se passe dans la fraternité des Tom's, les jumeaux. Et je ne sais franchement pas si je vais y aller parce que je me suis pris de tête avec l'un d'eux il y a deux semaines. Lequel je ne sais plus, j'étais bourrée. Encore.

Quand je vais dans le fils d'actualité, tout le monde parle du Cold Winter. L'hiver glaciale qui revient tous les quarante ans ou je ne sais quoi. Mes parents m'ont dit qu'à partir de jeudi soir, les plus grandes tempêtes de neige allait revenir. Et ils ne veulent plus que je sorte à partir de ce jeudi. Mais bien sûr. Je sors si je le veux. Je crois qu'ils ont peur de démons, ils m'en ont vaguement parlé, mais je ne les crois pas. C'est juste une histoire pour faire peur aux enfants. Je veux bien croire à cette longue période hivernale. Mais aux démons, nan. La dernière vague est arrivée il y a quarante ans, et après il n'y en a plus eu. Alors seulement nos parents et nos grands-parents l'ont vécu. Pour notre génération ça sera une toute première. Et je ne m'en intéresse vraiment peu. Ça ne doit pas être aussi terrible qu'on le raconte.

Je sors de mes pensées quand je reçois un message sur Twitter:

@TriceMullen "Retourne-toi !"

Je me retourne et je vois Trice me faire signe de la main. Je tapote sur les touches de mon Mac pour lui répondre.

@CharlieBrown "Oui Béatrice ?", et je clique sur envoyer.

@TriceMullen "M'appelle pas comme ça ! Tu viens toujours ce vendredi ?"

@CharlieBrown "Je ne sais pas.", je souffle exaspérée.

@TriceMullen "Allez Charlie ça va être la meilleure fête du siècle !"

@CharlieBrown "Comme toujours. Et ce n'est pas en m'appelant Charlie que je vais changer d'avis. "

Winter is Coming [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant