Chapitre 1: Balade improvisée

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-Qui es-tu ? répliquai-je.

Il sembla surpris mais je ne m'y trompais pas; il se fichait de moi, ce qui avait pour don de m'agacer. Et pas qu'un peu.

-Je suis le roi Kaleb, répondit-il néanmoins. Et plus si affinités. Mais pour toi, ça sera seulement le roi Kaleb. Enfin, pour l'instant.

Je détournai mon regard. J'avais dû halluciner, certainement. Malheureusement, sa main était retournée sagement se cacher sous la table.

-Et toi, t'es qui ? s'enquit-il avec un sourire charmeur et totalement charmant.

Je ne me laissais pas pour autant berner.

-C'est Kayna et ça le restera toujours parce qu'il n'y aura pas affinités.

-Ah oui ? C'est pas sympa, ça, mademoiselle Miles.

-Comment connais-tu mon nom, questionnai-je soupçonneuse.

Il m'offrit un clin d'oeil.

-Devines, mon ange.

-Je ne suis pas TON ange. Je ne t'apartiens pas.

-Mais peut-être qu'un jour..., commença-t-il.

-Peut-être qu'un jour, le coupai-je, tu te la fermeras. Laissons le destin décider.

Je cessai de l'observer, fière de ma répartie et heureuse d'avoir eu le dernier mot. Enfin, presque.

-Le destin a largement eut le temps de réfléchir et sa réponse est non. Pleure pas, mon ange.

-Je ne t'apartiens pas, répétai-je d'une voix menaçante. Et je suis encore moins un ange. Maintenant, si tu veux bien te taire, j'aimerai suivre mon cours en paix.

-Et si je ne veux pas ?

Pour toute reponse, je lui montrai mon majeur à l'ongle rongé. À cause du stress, sans doute. Je tentai de me concentrer mais peine perdue: cet idiot m'avait bien trop décontenancée. Il émit un petit rire, à peine discret ce qui lui valut un regard désapprobateur de monsieur Girolle.

-Kaleb, je vous prie de cesser de rire. Vous perturbez mon cours.

Bien fait, songeai-je, avec un sourire à la fois satisfait et moqueur. À la surprise générale de tous les membres de la classe, qui s'étaient dévissés le cou pour voir le nouvel élève ayant osé rire durant la première heure qu'il avait passée au lycée, Kaleb se leva.

-Alors sous prétexte que je ris, je perturbe votre cours, c'est ça ? Eh bien vous savez quoi ? Je m'en balance royalement.

Un silence tendu emplit la salle. Jamais un élève du lycée Holley ne s'était rebellé. C'était une grande première. Le professeur ne se laissa pas impressionner et croisa les bras sur son torse.

-«Royalement», dit-il. Pour vous en «balancer royalement», comme vous dites, Kaleb, il faudrait que vous soyez un roi, ce qui m'étonnerai fortement si c'était le cas.

Avec une rapidité si incroyable qu'elle en devenait terrifiante, Kaleb se déplaça jusqu'au bureau de monsieur Girolle. Il posa ses mains avec force dessus. Le bois émit un craquement sonore.

-Et vous, vous l'êtes, peut-être ? Vous vous prenez pour qui, avec vos règles à deux balles ? C'est pour ça que je hais les hu... les gens comme vous. Vous croyez quoi? Que vous êtes Dieu ? Bah répondez, non ? Parlez, Dieu de mes deux ?

Il avait à présent attrapé monsieur Girolle par le col de sa chemise violette. Il le secouait avec force mais le professeur semblait terrorisé, si bien qu'aucun son ne parvint à franchir ses lèvres. Lorsque Kaleb le relâcha, il glissa de sa chaise pour s'étaler au sol. Kaleb quitta la salle, claquant la porte derrière lui si fort que je sentis les murs trembler. Des chuchotements commencèrent à se faire entendre, divers élèves s'étaient précipités pour voir monsieur Girolle, d'autres étaient allés chercher d'autres professeurs et l'infimière. Moi, je n'avais bougé d'un pouce. J'étais sous le choc. J'étais persuadée d'avoir vu des étincelles au bout des doigts de Kaleb.

Rêves [ En pause ]Where stories live. Discover now