Chapitre 2

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« N'aie pas peur de perdre certaines personnes en chemin. Ce qui devrait
te faire peur, c'est te perdre en chemin en essayant de plaire aux autres.»

- « Ali, saybi l'tabla kediri walou hneya!»
(Ali, viens mettre la table tu ne fais rien ici!)

- « Radin saybou lik safi!»
(Je vais te la faire ça suffit!) dis-je à ma mère, marocaine et assez dure avec moi.

Comme à mon habitude, je prépare la table.

Aujourd'hui, en plein ramadan, le ftour(repas du coucher de soleil) allait être rempli de pleins de plats traditionnels marocains : poulet aux olives,
bastella ou encore le fameux tajine,
ma mère avait cuisiné comme si ça allait être la dernière fois que l'on allait manger.

Dans ma famille, le repas tous ensemble est sacré, et les traditions le sont aussi.

À chaque fois que l'on mange tous ensemble, c'est toujours le même sujet qui revient sur la table :

- « Ali, radi dzouji iyek?»
(Ali, tu vas te marier hein ?)

- « La, mama maradish ndzouj ma3 lbnett diel hadik ldounya ! »
(Non, Maman je ne vais pas me marier avec les filles de cette vie!)

Je n'ai jamais vraiment aimé l'amour.

Les histoires à la Roméo et Juliette, les romances à l'eau de rose, la Saint-Valentin, ou encore les petites attentions et marques d'affections entre amoureux-amoureuses, j'ai toujours détesté ça.

L'amour, pour moi, c'est comme un objet de jouissance trompeuse.

On croit aimer, mais en réalité, on déteste.

Le mariage, encore plus.

Surtout dans la famille dans laquelle je suis, qui fait tout en grand, et en exagérant absolument tout.
Il était hors de question que je me marie un jour, et puis pourquoi faire ?

Dans le but d'accomplir quoi, pour aimer qui ?

Je ne voulais pas faire semblant d'être « comme tout le monde » de marier une belle marocaine, casablancaise, religieuse et studieuse, que mes parents apprécient plus que tout au monde et dont ils ne pensent que du bien.

Je déteste ça, je déteste l'autre.

Et que diront les gens de moi,  et de ma « femme » ?

Je ne voulais pas prendre le risque d'être critiqué, jugé par rapport à la personne que je suis censé aimer.

*
*

Alors je refuse d'aimer depuis mon plus jeune âge.

Dès la primaire, les filles me courraient derrière :
- « Ali, regarde la pirouette que je fais ! », crie Julie.

- « Ali, regarde comme mes yeux changent de couleur au soleil », crie Martha.

- « J'm'en bat les couilles. », répondis-je. 

Ça a été comme ça toute ma scolarité, je déteste
« l'amouuurrr ». 

Moi, ce dont je rêve le plus, c'est pas d'aimer mais d'être aimé.

D'être connu, d'être riche : je rêve d'énormes Rolls Royce et de Lamborghini, je rêve de luxe, de changement, d'une autre vie!
Pas de celle où j'aide ma mère à tout faire.

C'est à ce moment là, que je découvre : Tik Tok.

Vous savez cette application, empli de meufs idéalisés, pomponnées, apprêtées, d'une beauté infaillible et connues ?

J'ai tout de suite été attiré par tout ça.

C'était le moment où jamais pour les manipuler pour avoir ce que je veux ; la fame, la richesse.

Alors j'ai enchaîné, live sur live, ou plutôt meuf sur meuf. 

Au vue de notre société actuelle qui propulse seulement les filles qui sont belles, qui correspondent aux critères de beauté, elles étaient les plus susceptibles à s'intéresser à moi.

1,6 millions d'abonnés, 400k de vues en moyenne par Tik Tok, des commentaires comme « Jamais vu une fille aussi bonne» de la part de perverts, ou
« Dieu a ses préférences» de la part de complexées.

Elles étaient toutes au top, tout le monde les trouvaient incroyables, et surtout elles me croyaient  quand je disais :

- « On t'a déjà dit que t'es absolument magnifique toi ? »

Je ne faisais que répéter la même phrase en boucle mais à des visages différents, qui malgré tout, répondaient de la même manière, et faisaient les mêmes expressions :

« C'est vrai ?! 🤭»

Alors j'ai continué, jusqu'à tomber sur un profil différent.

Je n'aime pas l'autre, et je manipule tout le monde pour parvenir à mes fins.

Mais elle me disait quelque chose de plus.
J'aurais aimé nous laisser une chance.

Une des meufs les plus critiquées, mais surtout une des plus connues de tout Tik Tok : Aaliyah.

D'une beauté insoupçonnée, d'un regard glaçant et d'une froideur aussi glaciale que le Mont-Everest.

C'était elle. Aaliyah.

La chanteuse problématique qui se drogue entre deux lives, qui vit pour les caméras et la lumière des projecteurs.

Mon péché mignon.

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⏰ Last updated: May 15 ⏰

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