MON EXCEPTION INTERDITE

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Deux minutes, top chrono.

- Salut, je commence en jouant avec mes pointes châtains. Est-ce que vous avez une clope à me dépanner ? Je vous la rends lundi.

« Tu fais tellement pitié ! »

L'un des gars, doté d'une capuche qui lui tombe sur les sourcils, lâche un ricanement en observant ses potes. Je refoule cette voix intérieure qui me supplie de tourner les talons et redresse le menton. Mon palpitant bat au fil des secondes qui s'égrènent.

- Qu'est-ce qui nous dit que tu respecteras ta promesse ? me lance-t-il, bras croisés sur le torse, la tête légèrement inclinée sur le côté.

- Je n'ai qu'une parole.

- Et elle ne vaut rien. On te connaît, Perle. Tu répètes à toutes les meufs de ne pas faire confiance aux mecs, alors explique-moi pourquoi nous on te ferait confiance ?

Ses mots me clouent sur place. Je ratisse chaque recoin de mon cerveau à la recherche d'un argument solide, mais je n'en trouve aucun d'assez convaincant.

- Peut-être que votre générosité pourrait me faire changer d'avis.

« T'as d'autres idées à la con dans ta panoplie ? »

J'admets que mon excuse ne se positionne pas dans les meilleures, et leurs sourires contenus le confirment.

Le troisième, un métis, finit par craquer le premier. Il éclate de rire, plaquant un poing contre sa bouche pour étouffer le son.

- Bien tenté, mais retourne de là où tu viens, soupire le brun ténébreux.

Une minute restante.

Une chaleur qui part de ma nuque descend doucement jusqu'au milieu de mon dos. Mes mains, précédemment glacées par le froid, deviennent moites.

« Abandonne ! »

Leur proximité fait s'effondrer mes barrières. Je me sens comme un chaton encerclé par une meute de chiens prêts à bondir. À tout moment, ils pourraient me sauter à la gorge et me dévorer avant même la fin du temps imparti.

- Allez, montrez-moi qu'il existe des gars capables de démentir ma vision sur vous, j'insiste une dernière fois.

Celui avec la capuche fouille dans son sweat, et un soupçon d'espoir éclaire mon visage. La vue de son majeur levé dans ma direction annihile instantanément cette lueur.

- Merci de me confirmer que vous êtes tous des connards, je m'emporte en effectuant un demi-tour.

- Des connards avec des clopes, se moque l'un d'eux.

Je les hais.

L'expression désolée de Charlène témoigne qu'elle n'a rien raté de mon échec.

- Je t'ai quand même laissé ma fin, me console-t-elle.

Je secoue la tête et sans un mot, je me dirige vers le parking jusqu'à sa voiture.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont répondu ? m'interroge-t-elle en déverrouillant son véhicule.

Je me mure dans le silence. Les propos de ces idiots se répètent en boucle dans mes pensées. Le boomerang m'est revenu en pleine figure, et nom d'un chien, ça fait mal.

Une fois dans l'habitacle, Charlène pose sa main sur mon avant-bras encore agité par cet échange.

- Au moins, t'as essayé, me réconforte-t-elle. Tu veux qu'on s'arrête dans un bureau de tabac ? Je te le paie.