Métaxy Kosmone (1 - à la découverte des ténébris)

01 - Royaume de Vasilikos

Arès ne répondit rien. Il le regardait de ses yeux perçants rouges. Un rouge sang, semblable à celui qu'il faisait couler lors de ses nombreux combats. Satan inspira profondément, puis continua :

« Très bien... Comme tu voudras, Guerre. Le temps est écoulé. J'espère que tu as bien profité de ta chère petite femme adorée pendant ce siècle... Parce que, moi, je vais profiter de cet instant pour te l'arracher.

— Quoi ?! Satan... S'il te plaît ! On pourrait nous expliquer... » Bredouilla Arès, tentant de l'amadouer, voyant que les derniers grains suivaient le centre de gravité.

Satan fit signe à un garde d'amener la femme du cavalier en question. Elle était vêtue d'un sous-vêtement et d'un tee-shirt. Le sang qui coulait le long de ses jambes, cachant une partie de ses hématomes, prouvait que sa démarche n'avait rien de naturel. Les poignets liés dans le dos, Clarissa ne pouvait ni se débattre ni parler avec le bâillon enfoui dans sa bouche.

Le garde s'avança vers elle, l'empoigna par les cheveux et tira de manière à ce que sa gorge soit bien dégagée. Elle commençait à se débattre, mais deux grosses mains robustes et musclées l'immobilisèrent immédiatement. Le Roi de l'Enfer sortit une lame aiguisée à la perfection, faisant résonner le métal lorsqu'il s'en empara, puis s'approcha de Clarissa. Le cœur battant la chamade, Arès commençait à sentir des gouttes de sueur ruisseler sur ses tempes, humidifiant les quelques mèches qui s'échappaient de sa coiffure. Satan claqua des doigts puis les chaînes qui entravaient les chevilles de mon frère se mirent à chauffer. Il lança des jurons à tout-va, supplia, s'égosilla, mais Satan n'eut aucune réaction. Le Roi se positionna derrière la femme, posa la pointe de la lame à la naissance de sa carotide et commença une légère entaille.

« NON SATAN ! Elle n'a rien à voir là-dedans ! NON !! Clarissa ! NON ! Espèce de puéril ange déchu ! Ma chérie ! Pardonne moi ! » Hurla Arès à pleins poumons, tout en essayant de se libérer malgré les brûlures qui apparaissaient sur ses chevilles.

Un large sourire fendit le visage de Satan devant la réaction de mon grand frère. Il enfonça un peu plus la pointe de la lame dans la chaire de Clarissa jusqu'à atteindre doucement l'autre côté de l'œsophage de sa prisonnière. Cette dernière écarquilla les yeux de stupeur avant de s'évanouir dans les bras du Diable. Le cri strident d'Arès face à l'horrible mise à mort à laquelle nous venions d'assister, nous perça les tympans. Les démons présents restèrent de marbre, sans aucune émotion lisible au travers de leurs ignobles visages. J'arrivais tout de même à sentir un blêmissement livide chez les plus faibles d'entre eux. Allongé, les mains toujours liées, un liquide couleur vermeille commençait à se déverser sur le sol. Mon frère tira tellement fort sur ses chaînes que sa peau commençait à être dépecée. Sa respiration s'accéléra ainsi que son pouls. Le tatouage de sa monture, Machi, s'agitait de fureur sur son avant-bras droit, colorant sa peau en un rouge vif. Ma main effleura ses doigts, ce qui l'apaisa un peu.

« Calme toi Arès. Je t'en prie. » Murmurais-je en me penchant vers lui.

En me redressant, j'apercevais une larme rouler sur sa joue. C'était à cet instant qu'Arès comprit que sa bien-aimée ne serait plus jamais à ses côtés.

« Quelle mort rapide ! » Ironisa Satan en dessinant un large sourire sur son visage.

Il pivota pour nous faire face et poursuivit d'un ton enjoué.

« Elle a dû bien sentir chacune de ses veines se faire transpercer par le métal de mon épée, ainsi que chacun de ses nerfs et tendons... Délectable souffrance ! Cela va sans dire mes cavaliers, ça m'avait manqué ! »

Le Roi se retourna vers mon grand frère, faisant claquer ses sabots sur le sol et lui fit un clin d'œil. Il s'accroupit, fit pivoter la tête de Clarissa et lui arracha les globes oculaires. Aucune émotion ne se lisait sur le visage du Roi. Il les fit rouler jusqu'aux genoux de Guerre, laissant derrière eux une traînée de poussière rougeâtre.