L'incertitude

"Rigolade ou humiliation ?"

Entendre la sonnerie fût un réel plaisir, en effet, j'en avais déjà marre de devoir supporter la voix de la maîtresse, les rires et les cris des enfants Mais surtout je devais fuir d'Antoine.

D'un air maladroit je me leva et je vis que mes jambes tremblaient. Avais-je peur ? Non... Cela me semblait absurde. Je me dirigea d'un air décidé vers la cours de récréation. La maîtresse me stoppa net.

-Où vas-tu ?

-Euh... Et bien je sors faire la récréation... [Lui repondis-je d'un air confus]

Je me suis sentie agressée l'espace d'un instant. M'empêchait elle de sortir ? Je n'ai pas compris pour quelle raison elle m'avait arrêtée. Je n'avais pourtant rien fait de particulier, ni même été impolie. Je sentis mes yeux brûler, mes larmes commençaient à monter, je me mis à respirer intensément. Que me voulait-elle ? En déviant le regard sur les portes de l'établissement, je vis l'ensemble des élèves sortir en courant, sautant, hurlant J'étais la seule prise au piège de cette satanée Marie Claire. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Elle me regardait l'air inquiète

-Tu peux me suivre dans la classe s'il te plaît ?

Je suis restée abasourdie... Pourquoi la suivre ? Qu'allait-il se passer ? Je compris que j'avais déjà des problèmes avec l'éducation scolaire. Pourtant j'étais préparée à plaider non coupable, peu importe ce qu'elle allait me reprocher. Je ne suis pas comme tous les autres. Mes parents m'ont appris le respect, la politesse et la méfiance. Je ne savais pas quoi lui répondre... Mais je compris que je n'avais pas le choix et je la suivi sans dire un mot.

Une fois arrivée dans la classe avec Madame, je me suis assise sur ma chaise. Je mis mes mains sur ma tête tout en basculant celle-ci dans le creux de mes coudes. J'attendais le reproche qui allait me conduire à ma punition. Cette position, c'est celle que je j'optais toujours lorsque je sentais qu'on allait me gronder ou punir... Dans cette position, je me sentais protégée.

-Que fais-tu Sarah ? [Me demanda-t-elle]

-J'attends ma punition.

-Quoi ? Quelle punition ? [D'un air interloqué]

-Vous n'allez pas me punir ?

-Non, bien sûr que non. Je t'ai demandé de me suivre pour discuter un peu Tout se passe bien à la maison ?

Je sortis ma tête et la regarda avec des yeux intensément grands. Elle semblait inquiète. Mon cerveau se mis à tourner tel une locomotive à vapeur tournant à plein régime. Mes questions se bousculèrent dans ma tête ; "A-t-elle vu quelque chose?" "Ai-je laissé supposer quelque chose ?" "Suis-je pas assez réservée ?".

Mon envie de pleurer s'intensifia instantanément. Je retenais mes larmes. Mon visage se mis à rougir et je commença à me ronger l'intérieur des joues. C'était ma façon de me canaliser lors des périodes de stresse ou d'anxiété. Me ronger les joues me procurais une étrange sensation de rassurance. Malgré que ce soit considéré comme de l'automutilation, cela ne m'empêchais guère de continuer à m'infliger cette sentence mêlé de douleurs vives et intenses. Avec le temps, ce geste est devenu un tic ou une sorte d'addiction.

-Sarah ? Tout va bien?

Mince... Je lui ai toujours pas répondu. Je ne pouvais pas perdre la tête et encore moins le premier jour d'école. Je voulais fuir la discussion par tous les moyens. J'avais de la peine à respirer, j'avais besoin de sortir prendre l'air. Les enfants dehors que je pu observer à travers la baie vitrée, jouaient et couraient. J'eu la meilleure idée que j'ai pu trouver. Je ravala ma salive et commença à sourire.

-Oui tout va bien. Papa et Maman sont très gentils, ils sont drôles et mon grand frère joue beaucoup avec moi. Madame, est-ce que je peux jouer avec les autres enfants s'il vous plaît ? En plus Maman m'a préparé un petit pain au chocolat.

-Oui bien sûr...

Je ne savais pas si cela avait fonctionné mais une chose était sûr, j'allais pouvoir respirer. Je sortis de la classe le sourire au lèvres. Une fois les portes de l'établissement franchis, je me mis à faire une grande inspiration.

Quel fût ma stupeur en voyant ce chaos dehors... Les enfants étaient pire que des animaux. Je me mis à observer la cours. Les enfants se poussaient, se tiraient les cheveux, hurlaient, pleuraient, couraient, frappaient... Je me réfugia derrière un buisson, là ou personne pouvait m'embêter, je ne voulais pas être mêlé à ce cirque. J'ouvris ma boîte à goûter et... Rien... A quoi je devais m'attendre de toute façon.

Le buisson se mis à bouger étrangement, je me cacha la tête par reflex. Soudain une tête surgit de la haie.

-Elle est là !!

Qui était cet enfant mal vêtu ? Une taille fine, des cheveux blonds, des yeux bleu. Un regard malicieux et des...

Une horde de gobelins mangeurs de crottes de nez est arrivée en me coupant dans mon analyse, tous me huaient en chantant : "Sarah le gros tas!!".

C'est ainsi que je suis devenue la risée de la classe... J'avais des formes oui, à quatre ans il est plus que normal d'aimer les bonnes choses... Avais-je tors ?