Elle ne s'agite presque plus et Pierre prend son courage en main, il passe un bras autour de ses épaules pour la rassurer, sans toutefois la réveiller. Il ne saurait dire si Isis l'entend, pourtant il murmure des paroles réconfortantes. Il vérifie qu'elle ne se blesse pas à chaque geste involontaire, il caresse doucement ses cheveux et la crise finit par s'éteindre.

Elle s'arrête aussi vite qu'elle avait commencé, sa respiration effrénée se ralentit et Isis s'allonge de nouveau dans le lit, comme s'il ne s'était rien passé. Sa tête se repose sur l'oreiller, elle reprend la suite de son sommeil et Pierre ne peut s'empêcher de soupirer de soulagement.

Il n'est pas détendu pour autant, il ne parvient pas à fermer l'œil. Il se contente d'étreindre un peu plus la brune, sans s'en rendre compte. Il a eu tellement peur qu'elle se blesse qu'un sanglot s'échappe de ses lèvres. Pierre pleure silencieusement en enfouissant son nez dans le cou de la brune, il pleure de soulagement et de frayeur. Il a eu tellement eu peur qu'elle se cogne.

Puis, il sent Isis bouger contre lui, elle se tourne pour lui faire face. Il se crispe s'attendant à une nouvelle crise pourtant elle l'étreint à son tour. Elle passe une main dans son dos qu'elle frotte doucement de bas en haut et Pierre comprend qu'elle vient de se réveiller pourtant elle ne dit rien.

Isis ne se souvient pas de ce qu'il s'est passé plusieurs minutes auparavant, elle n'entend que les sanglots déchirants du jeune homme tandis qu'il niche sa tête dans son cou. D'une voix étranglée, il avoue pour la première fois :

- Je t'aime.

C'est ce que Pierre vient de comprendre à l'instant où il a cru la perdre à tout jamais. Il vient d'avoir la peur de sa vie suite à cette énième crise. Grâce à ces mots, Isis réalise ce qu'il s'est passé, elle a du terriblement l'inquiéter et elle s'empresse de déposer ses lèvres sur la joue du pilote.

Elle sent son cœur tambouriner à une vitesse alarmante dans sa poitrine et elle se persuade que ce n'est pas uniquement lié à sa terreur nocturne, mais simplement à l'effet des trois petits mots que vient de prononcer Pierre.

Elle aimerait répondre pourtant elle est encore désorientée par ce qu'il vient de se passer. Elle ne cesse de caresser le dos de Pierre, elle est rassurée par sa présence mais elle ne peut s'empêcher de se questionner sur l'endroit où elle se trouve. Elle observe la chambre qu'elle ne reconnaît pas dans l'obscurité et elle se met soudainement à paniquer.

- Nous sommes dans ma chambre à Rouen, précise Pierre d'une voix basse.

Ses bras encerclent la brune et il l'attire contre lui, ses lèvres s'écrasent sur le front de Isis. Un soupir s'échappe de ses lèvres face à ce contact, elle se trouve avec Pierre, dans sa chambre. Elle sait qu'il ne lui arrivera rien, elle est en sécurité avec lui. Il est son lieu sûr et cela suffit à ce qu'elle se rassure.

Isis ne saurait dire combien de temps elle reste dans cette étreinte, les lèvres du pilote ne cessent pas d'embrasser son front à plusieurs reprises. Elle ne veut jamais qu'il s'arrête, elle ne veut jamais qu'il s'éloigne car elle se sent si bien avec lui.

- Je t'aime aussi, souffle-t-elle. Je t'aime très fort.

- Mon dieu...

- Ce n'est pas la première fois que ça arrive avec toi... n'est-ce pas ?

- Non, bredouille-t-il. A chaque fois tu ne t'en souviens pas au réveil, c'est aussi pour ça que tu dors plus longtemps le matin.

Elle acquiesce, elle se doute que c'est difficile. Son père a géré ses crises pendant des années et elle sait à quel point c'est compliqué pour la personne qui se tient à ses côtés. Elle se redresse légèrement pour se frotter les yeux. Elle constate l'absence de la golden retriever lorsqu'elle tâte le bout du lit.

- Je vais la chercher, murmure-t-il.

Avant de quitter la chambre, Pierre allume la lumière de la table de chevet et il s'assure que la brune va bien. Il ne veut pas la laisser seule si ce n'est pas le cas, il finit dépose un délicat baiser sur sa joue avant de disparaître. Il traverse le couloir, il ouvre la porte de la chambre de ses parents endormis et aussitôt, Joyce se précipite à ses pieds en couinant.

- Je sais louloutte, chuchote-t-il en refermant la porte avec précaution derrière eux. C'est terminé.

Il traverse le couloir dans le sens inverse pour regagner sa chambre où Isis attend. Elle est blottie contre l'oreiller de Pierre et lorsqu'elle aperçoit Joyce grimper dans le lit, un faible sourire étire ses lèvres. Elle caresse brièvement sa tête avant de désigner le bout du lit pour ne pas qu'elle reste entre elle et Pierre.

- Comment elle te regarde avec pitié, souligne le jeune homme en attirant Isis dans ses bras.

- Elle veut me faire craquer.

- Avoue que si ça ne tenait qu'à toi, elle dormirait dans le lit, genre dans les draps.

- Ça ne tient pas qu'à moi, malheureusement.

Pierre sourit, il a fixé ses limites mais il sait bien qu'elles seront transgressées quelques fois. Il veut juste pas que cela soit systématique, ce que Isis a bien compris. Elle est surtout très inquiète à l'idée de se réveiller le lendemain et de devoir affronter la famille de Pierre qu'elle a réveillé en pleine nuit.

- Tu sais, mes parents ont géré mes pipis au lit jusqu'à l'âge de six ans, déclare-t-il faisant rire la brune. Ça ne leur fait rien de se faire réveiller en pleine nuit, la preuve ils s'étaient déjà rendormis.

- Bonne nuit et désolée de...

- Bonne nuit chat et pas besoin de s'excuser pour ça, tant que tu pisses pas dans mon lit.

Elle sourit en calant sa tête sur le torse du pilote, elle se sent mieux que lors de son réveil. Ses joues rougissent en pensant aux mots qu'ils ont échangé quelques minutes plus tôt. Elle ne pensait pas les redire un jour, depuis ce treize novembre.

 Elle ne pensait pas les redire un jour, depuis ce treize novembre

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EMPTY PLACES » Pierre GaslyWhere stories live. Discover now