Il me faut plus d'une seconde pour assimiler tout ce que Tyler m'a dit, évidemment que j'étais au courant pour la salle des professeurs, mais si j'ai préféré ne jamais m'y rendre, c'est justement parce que j'aime ce calme, et pouvoir me plonger dans les copies de mes élèves, ce n'est pas une torture pour moi, bien au contraire, j'ai toujours voulu déceler les émotions des gens, les observer, les déchiffrer, je n'ai jamais eu beaucoup d'amis, seulement les quatre mêmes qu'ils m'ont quasiment suivis toute ma vie. Je n'ai rien dit, quand Tyler a évoqué le fait de ce plaindre de nos élèves, tout simplement parce qu'en tant que professeur, à mon sens on devrait les aider à s'en sortir, les aider à se préparer à la dure réalité de la vie, je comprend que des fois il faut relâcher la pression et que certains élèves peuvent être déroutant et difficile à gérer mais je n'irais jamais me plaindre d'eux a mes collègues ou rire d'eux derrière leur dos, tout simplement parce que j'estime que soit il faut leur venir en aide, soit il faut directement parler avec eux et instaurer un dialogue et une relation de confiance. Cependant, je mords l'intérieur de mes joues, m'évitant de dire ce que je pense en évitant un conflit et une divergence d'opinions dès la première semaine de rentrée, je décide alors de le suivre silencieusement jusqu'à la machine à café.

" Qu'est-ce que je peux vous offrir Mademoiselle Weder ? "

Il me fait son éternel sourire charmeur, honnêtement je ne sais pas à quoi il joue et il commence à me mettre mal à l'aise. Je ne suis pas du genre à rentrer en conflits avec qui que ce soit, mais si Tyler continue son jeu de mauvais gout je serais dans l'obligation de lui faire gentiment comprendre qu'on n'obtient pas ce que l'on veut d'une femme seulement avec un petit sourire et deux trois muscles.

" Je vais prendre un café caramel, merci Tyler, mais étant une femme indépendante je suis capable de me payer mon café moi-même. "

J'ai toujours fait en sorte d'être indépendante dans ma vie er c'est bien une chose dont je suis fière, vivre au crochet de son amant ou de son mari, cela semble parfaitement convenir à quelques femmes, mais je préfère de loin me débrouiller toute seule sans me sentir redevable. Certaines personnes nous rappellent trop fréquemment qu'elles nous ont rendu service attendant quelque chose en retour.

Il me lance un regard désolé comme s'il ne comprenait pas ma réaction. Je ne sais pas si je dois l'ignorer ou si je dois faire en sorte d'instaurer une certaine relation calme entre nous, je choisis la deuxième option, en y réfléchissant avoir une bonne entente avec ses collègues sur son lieu de travail ne peut être que bénéfique. J'ai décidé alors de prendre sur moi, me rendant compte que mon ton employé était un brin sec, j'ai été peut-être un peu trop sur la défensive.

" Désolé Tyler, je suis un peu tendue en ce moment, je travaille beaucoup et dors peu, je ne me suis pas encore habitué à ce rythme. "

J'essaie de m'excuser aussi bien que possible, mais je n'ai pas non plus l'envie de lui lécher les bottes, je ne sais pas pourquoi mais il y'a quelque chose chez lui de louche, je ne saurais dire quoi mais généralement je me fie toujours à ma première impression, en ce qui concerne Tyler comme nous sommes amenés a nous croiser très souvent je préfère lui laisser le bénéfice du doute pour l'instant, et faire en sorte que lui et moi ayons des relations cordiales tout au long de l'année.

" Je comprends ne t'inquiète pas, la première semaine est toujours difficile, puis j'ai grandi avec trois sœurs à la maison, je sais ce que c'est d'être en zone rouge. Aux faites c'est aujourd'hui que tu as ton intervention de sensibilisation ? " me demande-t-il tout en buvant une gorgé de son café encore fumant.

Je ne comprends pas tout de suite à quoi il fait allusion, mais après quelques secondes de réflexion, je comprends qu'il a fait un sous-entendu sur mes règles, le pire c'est qu'il a appelé ça « la zone rouge ». Je ne sais pas ce qui est le pire dans son discours, qu'il est insinué que j'ai mes règles ce qui est totalement faux ou qu'il pense que si une femme est de mauvaise humeur c'est obligatoirement parce que celle-ci est indisposée.

Je ne reste pas plus longtemps en sa compagnie, me rappelant qu'effectivement mon intervention a lieu aujourd'hui dans ma classe.

Dire que je ne suis pas stressée serait mentir, Mr Jeggins, ne m'a donné aucune consigne à suivre, et je ne sais pas ce que j'ai à faire, est-ce que je vais devoir participer, donner mon avis, faire un débat, honnêtement je n'ai aucune réponse à mes questions, mais je ne peux montrer mon inquiétude et mon appréhension face à mes élèves.

Mon café a la main, j'entre alors en classe, les élèves étant déjà installés à leur place, je me dirige vers mon bureau.

Bonjour, aujourd'hui le cours sera différant car nous avons le plaisir d'avoir une intervention sur les dégâts de la drogue et alcool chez les jeunes.

J'ai à peine le temps de finir ma phrase qu'on toque à ma porte, j'invite la personne à rentrer directement.

Quand mes yeux croisent les siens, je suis incapable d'agir, ma tête me dicte d'ouvrir la bouche, de dire quelques choses ou ne serait-ce que de bouger mais je ne fais rien, je ne bouge pas d'un millimètre, je suis comme qui dirait complètement tétanisé et ma bouche reste grande ouverte mais je ne parviens à n'émettre aucun son.

C'est finalement lui qui rompt le silence le premier.

Maya ? Sa voix me sort de ma paralysie et je me rends compte que c'est toujours la même et a quel point elle m'avait manqué et je me maudis pour ça. Ça ne peut pas être réel, il ne peut pas être là en face de moi, je sais pertinemment que c'est impossible.

Je découvre le proviseur derrière nous, en effet Mr Jeggins pénètre également à son tour dans ma classe.

Ah je vois que vous avez déjà fait connaissance avec notre intervenant, vu que les présentations sont faites, je vais vous laisser. Vous avez cartes blanches.

C'est alors qu'il quitta la classe aussi vite qu'il était apparu me laissant seule face à mon démon du passé. Je suis complètement abasourdi, je ne m'attendais pas à le revoir et encore moins ici dans un lycée et puis c'est quoi cette histoire, il fait des interventions maintenant ? Je ne sais pas à quoi tout cela rime, mais cela ne peut pas être réel.

Entrez, je vous en prie.

Mon ton ce veut courtois, mais au fond de moi j'explose, c'est un raz de marée de sentiments, mais si je fais comme cela ne m'atteignais pas, il croira que c'est le cas et plus vite il partira, c'est comme cela que je me rassure. 

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