Mais aussi comme si voir Louis à travers ma fenêtre ne me suffisait plus...

Je pourrais rire nerveusement à cette pensée. Je veux dire, j'ai plusieurs raisons de prendre sur moi et d'avancer. Pour que mes parents ne soient plus tristes de me voir dans cet état, pour ne plus voir la déception dans les yeux de ma petite soeur à chaque fois que je refuse de sortir, pour moi-même, pour prendre ce nouveau départ que mes parents offrent.

Oui, j'avais plusieurs raisons de sortir du lit ce matin.

Mais j'ai choisi la raison la moins logique.

J'ai choisi de sortir pour espérer voir Louis traverser cette foutue allée, encore une fois.

Je pensais que cette semaine d'isolement m'aiderait à y voir plus clair au sujet de Louis aussi. Parce que je sais qu'il me plaît. Que je le veuille ou non, c'est le cas. Mais cette peur au fond de moi me rappelle les conversations que j'ai pu entendre entre lui et ses amis. Sur le fait qu'il se lasse rapidement, qu'il n'est pas du genre à se poser. Tout l'inverse de moi. Je suis plutôt du genre à ne pas donner de mon temps ou de mon énergie à une personne si ça doit être éphémère, même si on ne peut pas toujours le savoir malheureusement.

Mais si la personne sait d'avance qu'elle veut juste s'amuser, je sais que ça ne sera pas possible de mon côté. Je ne sais pas juste m'amuser. Encore moins lorsque la personne me plaît réellement, lorsqu'elle a retenu mon intérêt. Je m'attache rapidement. Un peu trop rapidement peut-être. Mais ça aussi je ne sais pas le contrôler. Je suis comme ça. Soit je veux la personne à cent pour cent, soit je préfère être seul. C'est comme s'il n'y avait pas de demie-mesure. Je passe d'un extrême à un autre. Mais, encore une fois, je suis comme ça. Ça ne se contrôle pas.

Je sors de mes pensées en remarquant soudainement une silhouette débarquer au bout de mon allée. Et, lorsque je reconnais cette silhouette, une chaleur réconfortante prend place dans ma poitrine. Je le vois approcher, la tête baissée vers son téléphone et, plus il approche, plus je me sens nerveux, sans pouvoir le contrôler. Mes doigts se resserrent autour de mon livre et je me pince les lèvres, redoutant soudainement ce moment que j'ai justement voulu provoquer. Est-ce que ce n'est finalement pas culotté de faire tout ce cinéma pour qu'on se croise alors que c'est moi qui ai ignoré tout le monde depuis le début de la semaine? Puis qu'est-ce que j'attends vraiment de lui? Qu'il me voit, oui, mais ensuite? Qu'il s'arrête? Qu'il me parle? J'aurais pu le faire moi-même, si c'est vraiment ce dont j'ai envie. Plutôt que d'attendre que les autres fassent toujours le premier pas pour moi.

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions que Louis, à quelques mètres de mon mobil home, relève la tête. Il la relève presque instinctivement, lançant un coup d'oeil dans ma direction avant de regarder de nouveau son téléphone. Je n'ai pas le temps de d'être déçu qu'il relève de nouveau la tête, comme s'il avait mal vu. Cette fois, son regard s'ancre dans le mien et je peux voir la surprise passer dans ses yeux. J'ai l'impression que sa réaction pourrait m'amuser et me faire culpabiliser en même temps.

Mais lorsque Louis fronce légèrement les sourcils tout en se mettant à sourire, je peux juste avouer que cette chaleur réconfortante retrouve sa place au creux de mon estomac. Et, parce que c'est lui qui fait le premier pas vers moi, littéralement en venant devant mon mobil home, je fais le second en lui disant après avoir retiré mon casque pour le faire glisser autour de ma nuque:

« Salut.

-Salut. »

Louis reste devant le mobil home, comme s'il n'osait pas aller plus loin. Je referme mon livre en le regardant, restant assis où je suis. Louis ne porte pas le t-shirt du camping et je devine alors qu'il ne doit pas travailler aujourd'hui. A la place, il porte un t-shirt Adidas orange avec un pantacourt en jean bleu clair et des espadrilles blanches qui m'arrachent un discret sourire.

Une place au soleil [L.S] ✓Where stories live. Discover now