Mission 39 : mener des enchères

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Mika doit se rendre à l'évidence : l'aide de Al est vraiment appréciable. Il ne parle pas, fait exactement ce qu'on lui dit, et soulève les charges avec facilité : ce qui forme avec Cathy un duo extrêmement efficace. Bientôt, la pile d'objets à remonter à la cantine prend forme.

Luan n'arrête pas d'espionner Al et Cathy du coin de l'œil. Les collègues n'ont pas l'intimité, ni le temps, de discuter juste entre eux, mais elle voit bien qu'ils crèvent d'envie de se parler.

Il y a des signes qui ne mentent pas : regards qui se croisent, sourires, les lèvres qui remuent sans arriver à aligner deux mots, Cathy qui ne peut s'empêcher de rosir légèrement à chaque contact. 

Al quant à lui à l'air de beaucoup intérioriser, les lunettes n'aident pas à lire son regard, le paraissant concentré sur sa tâche : mais ses légères hésitations, quand il croise Cathy, ne peuvent tromper l'inspectrice du Love : Luan Peng. 

Elle qui l'imaginait du genre "rentre dedans" avec sa réputation de tirer tout ce qui bouge, Luan est très surprise de découvrir un autre homme. Agréablement.

"Juste ami hein ? Mon cul..." pense-t-elle en souriant en coin. À les regarder, Luan se dit qu'ils sont mignons à se tourner autour sans réaliser qu'ils se plaisent, et ça l'amuse.

Heureusement pour Al, le manager est un très mauvais observateur qui ne remarque aucun de ces signes. Sinon il serait déjà dans l'arène avec un lui.

Mais il y a autre chose d'étrange. Habituellement, rester près de Al est difficile, et Luan remarque que sa présence n'est pas aussi désagréable que d'habitude : comme si son "aura" avait moins d'emprise. 

Luan ne l'explique pas, mais dès que Al est trop près il lui suffit de penser à Vincent : cela suffit pour rester calme. Ainsi, la stagiaire apprécie de plus en plus l'aide du SPF.

Mika fait tout pour l'éviter : comme un enfant boudeur il faisait ses propres affaires tout seul de son côté. La batte à proximité, il affiche un air de bouledogue renfrogné, prêt à bondir au moindre faux pas : il surveille constamment le SPF.

Les archivistes commencent à charger quelques cartons dans l'ascenseur, histoire de terminer la dernière heure, avant de devoir quitter les lieux. Par un concours de circonstances, Al et Cathy se retrouvent seuls dans l'ascenseur avec les cartons. L'un en face de l'autre.

Une tension est palpable dans ce silence bercé par le son mécanique de la cabine qui grimpe dans la gaine.

La jeune femme sent sa frustration tambouriner dans son cœur, comme un petit hamster frénétique qui lui hurle de le libérer.

Al la regarde à travers ses lunettes, il ressent le besoin de communiquer avec elle, mais ne sait pas comment s'y prendre, tout se mélange dans sa tête : dire qu'elle lui a manqué, qu'il s'en veut, qu'il a eu peur. Au fil des secondes, ce besoin se resserre comme un étau sur sa cage thoracique, impossible d'organiser ses pensées en une image claire dans son esprit.

Sentant son regard sur elle, Cathy déglutit. Ils ne se disent rien, mais ils ont envie de la même chose. Pourquoi autant hésiter ? se demande l'archiviste, avant d'inspirer profondément.

Elle fait un premier pas hésitant.

—Tu as l'air en forme, dit-elle enfin.

—Merci, sa voix est presque murmurée.

—J'étais inquiète... elle s'avance encore un peu.

—J'ai vu tes nombreux appels. Je... suis désolé de ne pas avoir pu te répondre, il sent une boule dans son ventre. 

Bienvenue à Corporate [Romance paranormale]Where stories live. Discover now