– Tout va bien se passer, dis toi que tu pars pour vivre ta passion.
J'acquiesce. Meïleen ajoute :
– Un pas de plus vers ton rêve de créer un jeu vidéo !
– Plusieurs, pas qu'un.
– Évidemment !
Elle rit alors qu'un léger sourire étire mes lèvres. C'est le moment de rebondir sur le sujet. Si je ne le fais pas tout de suite, quelqu'un va parler d'autres choses et je me retrouverai le bec dans l'eau. Peut-être que je pourrais dire « ce n'est pas vraiment ça qui me terrorise le plus » et laisser les autres m'interroger ? Ou peut-être devrais-je être un petit peu plus direct, dire « au fait, je ne savais pas que Victor était à Toulouse, qu'est-ce qu'il fait là-bas » ?
Seulement, à force de tergiverser, Luke me devance :
– Maman m'a dit que tu n'étais pas très contente de partir.
– C'est faux !
Les mots sont sortis rapidement de ma bouche. Plus calme, j'explique :
– Je suis heureuse de partir, comme l'a dit Meï, je me rapproche un peu plus de mon rêve. Toutefois...
J'insiste sur ce mot en pointant un doigt vers mon frère.
– ... Je ne suis pas contente de la façon dont maman a pris en charge les choses.
– Control freak.
Je répète :
– Control freak, en effet. Mais, elle t'a dit où est-ce que j'allais habiter ?
Je joue les imbéciles. Je sais très bien qu'elle s'est empressée de contacter Luke pour l'informer de la magnifique coloc qui m'attend.
– Oui, c'est moi qui lui ai parlé de Vic.
Sous le choc de la réponse de mon frère, je m'arrête dans ma recherche d'équilibre. Un bras en haut, un bras en bas tel un planeur, je m'écris :
– Tu as quoi ?
Je saute pour éviter la chute et atterrie derrière le couple. Luke continue d'avancer, alors que d'un air totalement détaché, il m'explique :
– Je savais qu'elle ne te laisserai pas partir toute seule, ou du moins, qu'elle ne te laisserai pas partir sans avoir les casiers judiciaires de tes colocs, un CV, une prise de sang, un certificat médical et tutti quanti.
– Donc tu as trouvé ça judicieux de proposer que j'aille vivre chez Vitor ?
Les émotions font fourcher ma langue, je me corrige :
– Victor.
– Vous vous êtes toujours bien entendu, non ?
– Toujours ?
Je crie presque.
– On ne s'est pas vu ni parler depuis qu'il est parti, il y a 4 ans.
– Oui, mais avant, vous vous entendiez bien non ?
Le souvenir de notre baiser me revient en mémoire. Ses lèvres contre les miennes. Le contact de sa joue rappeuse. Son regard désolé lorsqu'il est parti...
Je ne sais pas comment qualifier notre relation. Oui, nous nous entendions bien. Je dirais même qu'il était mon meilleur ami à moi aussi, mais c'était avant. Avant que je ne gâche tout à cause d'une foutu pulsion dont je ne connais toujours pas la provenance. D'ailleurs, je pensais sincèrement qu'il aurait voulu garder ses distances avec moi pour toujours.
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Inconcevable
RomancePour la première fois de sa vie, Néra se voit accorder un peu de liberté par sa mère. Elle accepte de la laisser partir continuer ses études à Toulouse, à 400 km de chez elle et de tout ce qu'elle connait. Mais, voilà qu'elle lui impose une colocati...
• Chapitre 2 •
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