Voyage en Outre Monde

  Voyage en outre tombe

Chapitre 1 : De la mort à la vie.

Cela doit faire trois bonnes heures que les dernières larmes ont coulées de mes yeux. Toute la journée il a plu, comme si le temps pleurait avec nous ceux qui partent pour toujours. J'ai perdu un être cher, on l'a enterré dans la boue et depuis que je suis rentré j'ai avalé déjà un bon pack de bières.

On me donne une journée pour faire les adieux à une personne avant de reprendre le travail, comme si notre peine pouvait s'envoler en si peu de temps. L'alcool accélère le deuil dans mon cerveau mais aussi tous les délires humains sur la mort, pour les calmer je les canalise avec un film. Le film démarre en même temps que l'alcool descend dans mon gosier de nouveau...Trois canettes...Un pack de douze...On ouvre le deuxième pack...Les bulles d'alcool se mélangent à la certitude que ma descendance mourra aussi...Mourir est finir dans le néant, ne plus penser, ne plus ressentir...Bon dieu crever et être bouffée par les vers ou finir en un tas de cendres...

Les images défilent sous mes yeux pendant que mon cerveau sous le désarroi et l'alcool se laisse aller à divers scénarios plus fous les uns que les autres. Je pense à toutes ces soit disantes histoires de paradis, ces théories sur les réincarnations, religions promettant dieu sait quelle éternité...Et au final à la fin de ce film dont mon cerveau n'a même pas fait cas, une solution folle germa...Pourquoi attendre d'être au boulevard des allongés pour voir si il y a une vie ailleurs...

A ce moment totalement ivre j'avais pris le projet de créer le paradis pour tous ceux qui sont morts, pour tous ceux qui vont mourir et pour tous ceux qui mourront...Et j'emmerde tous ceux qui me disent que c'est mal par ce que ça dérange leur copain imaginaire...

...Pour conclure cette folie mes doigts ouvrirent une nouvelle bière...

*

Extrait du journal intime de Patrice Panier.

Je ne sais pas par où commencer mais je pense que par la fin sera le meilleur début. Inutile de faire une autobiographie de ma vie, j'ai peur que le temps ait transformé mes souvenirs... En plus elle n'a rien d'exceptionnelle.

Ce jour là j'étais sorti de chez le notaire pour régler quelques papiers de succession, le même cabinet qui m'avait vendu ma maison quand j'ai eu mon première enfant, ma première fille. A l'époque c'était une demeure que personne ne voulait à cause d'un trop grand nombre d'héritiers et des travaux à faire. Les bâtisses sont comme les humains, une fois trop vieux on tente de s'en débarrasser au meilleur prix. J'étais rentré chez moi en une demie heure avec ma canne tout en pensant à cette décision peu conventionnelle, au début il me fallait à peine cinq minutes pour parcourir la distance. J'aimais cette maison par ce qu'à l'époque ce fut un début pour nous, petite villa abandonnée qui fut le témoin de la naissance de ma famille et de son histoire. Combien de coups de marteau j'ai donné, de réparations que mon père fit, de repas que ma mère apporta ...Et de bonheur que vécurent ma femme et mes enfants. Mais tout ça, c'était du passé, il était temps de conclure.

J'organisais donc un repas pour le dimanche suivant, même vers la fin il fallait faire vite pour ne rien laisser au hasard. Ainsi tous mes enfants et petits enfants furent invités pour ce dernier jour et tous vinrent intrigués par cette requête.