~ Chapitre 8 partie I ~

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Il s'engouffra donc dans sa chambre et se trouva nez à nez avec une inconnue. Délicieuse femme, allongée sur son lit, un léger tissu couvrant ses formes généreuses. Elle s'avança dans sa direction d'un pas nonchalant pour ensuite le défaire de ses vêtements. Sa chamarre tomba un en bruit sourd contre le parterre. Elle lui susurra d'une voix suave :

- Je suis un présent pour vous, messire.

Il l'acceptait. Il était le martyr d'une femme, Agnès, qui ne cessait de l'envouter. Demandé, répudié, adoré, détesté... Il était envahi de pulsions qu'il réprimait pour elle. Alors Edouard adressa un signe à l'inconnue pour qu'elle renverse sa tête sur le côté, laissant paraître la courbure de son cou. De ses lèvres voraces, il baisa la peau frissonnante de la femme. Elle vint caresser les cheveux du Duc pour répondre à son geste fougueux. Lorsqu'il la sentit s'abandonner au plaisir, il lui murmura :

- Qui m'a donc envoyé un présent aussi délectable ?

- Le Cardinal, messire – annonça-t-elle dans un souffle court -

Il se figea. Il savait ce présent être un poison, mais ne pensait pas le recevoir de la part d'un homme d'église. Il poussa la femme tandis qu'une incompréhension le submergeait. Il y avait une raison... Il y en avait forcément une. Il avait pensé que cela était l'œuvre d'un noble voulant assurer sa réputation. La femme affichait un visage déçu, ses lèvres présentant une moue qui se voulait adorable. Subitement, Edouard se rappela de la morte retrouvée sous son balcon. Le Cardinal avait appris la relation amante qu'il avait entretenue avec elle la même nuit. Ainsi, pour confirmer les doutes qu'il portait à son égard, le Cardinal proposait une nouvelle victime. Si celle-ci était tuée, il serait un assassin. Pour avoir troublé une demeure royale comme le château de Blois, il serait jugé de haute trahison envers la couronne et la religion catholique. Il ordonna à la femme :

- Vas t'en.

Pourtant, elle ne fit aucun mouvement. Elle redoubla de charme pour le faire revenir sur sa décision, lui assurant qu'il serait un homme comblé. Il était exténué... Il souhaitait déjà rentrer dans sa contrée. Il s'était promis qu'il ne se laisserait plus emporter dans les conflits incessants de la cour. Étant revenu vivant du front, cela avait été sa seule demande auprès du seigneur Dieu. Il n'avait même pas supplié un mariage, ou un fils. Simplement se retirer dans ses terres et être choyé de gloire méritée. Ce fut donc dans une exaspération excessive qu'il sortit un couteau d'argent de sa botte pour la menacer. Il répéta :

- Vas t'en !

Elle semblait paralysée. Mais ce que lisait Edouard dans son regard n'était pas de la peur... Plutôt de l'extase. Il toucha du bout de sa lame la chair de la femme, faisant rouler une goutte de sang. L'air apeuré, elle déglutit avec difficulté. Elle finit par réaliser l'ampleur de la situation et courut hors de la chambre. Dans un silence délicieux, Edouard logea son arme de fortune dans sa place d'origine. Il se prépara pour la nuit et, s'avançant vers son lit, se laissa emporter par la fatigue. Néanmoins, une impression de mal être familier le troublait. Une sensation désagréable de ne pas être seul dans cette chambre. Il s'efforça à ouvrir les yeux, mais il n'y parvenait pas. C'était comme si quelqu'un manipulait son propre sommeil... Tandis qu'une voix martelait son crane.

« Tue-le et il n'arrivera rien à ta douce... Tue-le et il n'arrivera rien à ta douce... Tue-le et il n'arrivera rien à ta douce... »

Les songes étaient rauques et répétitifs. Il s'efforçait à s'éveiller, mais rien n'y faisait. Une prestance l'étouffait tandis que des chuchotements s'élevèrent. Ils s'intensifiaient dans un souffle haletant. Il ne parvenait pas à comprendre leur langage... Ni la nature de celui-ci. Qui devait-il tuer ? Signifiaient-ils Agnès ? Était-elle en danger ?

Subitement, le néant. Un silence glacial, épouvantable. Il retrouva la réalité dans la sueur, la nuit totale et l'incompréhension. Était-ce un cauchemar ? Il avait vu des choses indescriptibles dans sa vie de soldat. Des blasphèmes païens, des catholiques corrompus, et des rites sataniques... Et il ne put s'empêcher de croire à ces folies. S'il ne s'agissait pas d'une illusion ou du monde de ses rêves, il devait s'interroger quant à Agnès Ducoroy. Il ne pouvait laisser quiconque lui faire du mal. Mais au plus profond de son être, il savait que des personnes désirant ternir Ducoroy n'existaient pas. Non, il devait être emporté par la fatigue. Il ne pouvait dissocier le spéculaire du réel... Ce n'était pas la première fois qu'il vivait des étrangetés inexplicables. Souvent, elles disparaissaient avec le temps. Et c'était ce qu'il ferait. Attendre.  

  

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L'AgnèsWhere stories live. Discover now