14. Filiations (1).

Börja om från början
                                    

La décision était donc prise : le sorcier partirait demain pour le castel du seigneur Asgeir, Front-Tertre de Ventelet, afin d'informer le Cercle de ses actes et de ses découvertes. Hom, le chevalier bougon resté en faction au village, l'escorterait sur les petites routes de campagne, et pendant ce temps, quelqu'un veillerait sur la petite bergère. Finn n'était pas du tout réjoui par la perspective de prendre du champ, car il devrait expliquer la raison de son départ à Osbern et celle de sa venue à Asgeir. Il était surtout inquiet que les villageois et la cour de ses deux hommes n'aient vent de ces terribles découvertes, et qu'on l'accuse d'avoir jeté le trouble dans la région en lieu et place de remerciements. En y repensant, ce ne serait pas la première fois que l'un des membres du Cercle se ferait publiquement incendier pour avoir rendu un service à toute une communauté. Seul le Roi, envers et contre tout, ne se méprennait pas sur les intentions bénignes de leur ordre, et le jeune homme regrettait sincèrement que les Infirmes ne s'inspirent pas de sa délicatesse d'esprit.

Restait un dernier détail à régler : à qui pouvait-il confier la bergerette sans crainte que son traitement ne soit négligé ? Il devait demander conseil à Osbern, mais il craignait qu'il assigne Marguith, la guérisseuse. Ce n'était pas ses compétences qu'il remettait en cause, seulement la vieille semblait détester tout ce qui était relatif à la sorcellerie noire. L'état d'Elke ne manquerait pas de l'épouvanter. Elle pourrait même crier au scandale, et il serait dès lors visé par la vindicte populaire. Il n'était donc pas question qu'elle soit exposée à la vue d'une victime de sorcellerie, encore moins d'une victime de vénéfice.

Une mélopée de petits bêlements rythmés par des jappements jetés vers le ciel résonna dans le dos du sorcier. La montée de ce canon animal le tira de sa réflexion et il jeta un regard interloqué par-dessus son épaule. Au départ amusé par la déferlante cotonneuse qui envahissait son modeste campement, il déchanta très vite lorsqu'il vit quelqu'un fendre les plantes fourragères dans sa direction. C'était le berger qui accompagnait ses bêtes, et autour duquel bondissait un border collie, la langue au vent. Mécontent de cette soudaine apparition, bien qu'elle soit inhabituelle, le sorcier regarda l'individu approcher d'un air placide. En outre, il recevait la visite d'un garçon au corps longiligne, pauvrement vêtu, mais nanti de boucles châtains et d'yeux bleus lamenteurs qui lui conférait l'air d'un bien maigre chérubin. Finn aurait parié de l'or que ses joues lisses auraient fait des jalouses à la Capitale, et cependant, il ne lui souhaitait pas de s'y trouver un jour : en plus de posséder ce charme enfantin tout à fait remarquable, il semblait crédule et sensible. Le miséreux se ferait manger tout cru par toutes les matrones qu'il croiserait.

Celui-ci arriva devant le citadin et s'y planta pour le dévisager. Longtemps. Avec une colère mal contenue. Finn, qui se demandait quelle mouche l'avait piqué, lui rendit son regard avec une certaine résignation. Il aurait dû se douter qu'on venait à lui pour une quelconque remontrance. Il attendit donc qu'un déluge d'insultes lui tombe dessus mais il n'en fut rien. Le silence s'étira, infatigable, et ni l'un ni l'autre ne salua son vis-à-vis, ni n'entama une parole. Le sorcier fut particulièrement gêné par cette nouvelle méthode d'approche, mais voilà qu'enfin, le pâtre entrouvrit la bouche, jeta un regard curieux au pot en terre qui gîtait dans le feu, puis déclara d'un ton de reproche :

— Vous devriez pas faire de feu dans la cambrousse, vous savez ?

— Ah oui pourquoi donc ? répliqua Finn, irrité sinon déçu d'être apostropher pour cela. Le garçon avait dû voir le creux dans la terre, le contour de pierres et le désherbage opéré autour du foyer. De quoi s'inquiétait-il encore ? En jetant un œil au panache de fumée gris que dégorgeait son four improvisé, il se rendit compte qu'il était parfaitement repérable et que quelqu'un avait peut-être chargé le garçon de lui faire éteindre son feu. Cela expliquait l'absence de virulence auquel il était confronté. Le gamin n'était qu'un simple intermédiaire.

La Légende de Doigts GelésDär berättelser lever. Upptäck nu