Chapitre 1 : Azalea

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Cinq ans plus tard :

Le paysage était magnifique. L'eau scintillait sous le soleil et était si calme. Une légère brise estivale venait caresser mon visage. Cela était tellement agréable. Je fermais les yeux un moment laissant un sourire de contentement étirer mes lèvres jusqu'à ce qu'un petit cri aigu me ramenât à l'instant présent. Je tournais la tête en direction du petit garçon qui s'amusait avec ses amis. Ceux-ci jouaient à courir dans tous les sens en riant. Mon regard se figea sur Benson. Il courait vite et distançait facilement les autres. Il était imprégné sur son visage, une certaine assurance et arrogance joyeuse. Il était sûr de lui, persuader de gagner et ne pas se faire attraper. Cela était sans compter Keler qui tentait de le prendre à revers. Il ne l'avait pas vu. Il atteignait le point où son ami se tenait discrètement et se fit attrapait dans un nouveau cri mêlé à ses rires. Tous deux tombèrent au sol sous l'impact du corps lancer à toute vitesse de mon petit protégé et ils roulèrent au sol avant de s'immobiliser dans un éclat de rire.

Je secouais la tête, attendri par la scène.

Ils se relevèrent lorsque leurs parents les priaient de revenir afin de manger et se précipitèrent à la table de pique-nique.

À l'écart du groupe, pour ne pas perturber l'amusement du jeune garçon, je l'observais vivre depuis cinq ans. Je le voyais grandir, apprendre, évoluer avec joie. Benson était un petit garçon habile, un peu pitre mais déjà très confiant. Il faisait la fierté de ses parents mais pas seulement. Son oncle le destinait à prendre sa place dans l'avenir. L'enfant avait hâte de devenir comme son oncle, sans se douter des conséquences du futur qui lui incomberait. Ainsi, mon travail serait bien plus difficile que je le pensais avec le risque d'une mort précoce. J'espérais vraiment que cela ne reste qu'une hypothèse.

Après son repas, Benson se leva et entraîna une petite fille avec lui pour aller s'installer au bord du lac pendant que les autres enfants retournèrent à leur jeu. J'observais l'enfant discuter avec Betsy alors que ses joues se coloraient d'un léger rose. La petite fille posait sa main sur la sienne pour l'étreindre. Celle-ci aussi avait les joues rouges d'embarras. C'était la scène la plus adorable à laquelle j'avais pu assister. Betsy se pencha sur Benson et lui vola son tout premier baiser dans une charmante innocence infantile. Ses deux-là se tournaient autour depuis quelques semaines en imaginant un avenir commun digne de l'imagination tout droit sorti des contes de fées. Benson voulait rendre fier son père et son oncle. Betsy voulait qu'il tombe amoureux d'elle, comme elle était amoureuse de lui. Leur premier émoi amoureux, bien que trop précoce, était tout simplement bouleversant.

Benson se releva précipitamment et se mit à courir en direction de son oncle, qui était installé à l'écart des autres, sous un arbre, à l'ombre. Celui-ci n'avait jamais pu réellement se remettre de la mort de ma précédente protéger. Cela me faisait mal au cœur de le voir aussi éteint et ne pas réussir à profiter de ce que la vie avait à lui apporter.

Benson sauta dans ses bras et commença à discourir sur le baiser que Betsy lui avait donné, lui précisant qu'il serait bientôt prêt à reprendre le flambeau. Un sourire en coin illumina les traits du chef, un instant. Marlon lui frictionna le sommet du crâne avant que le petit se lève pour lui prouver ses dires et tentait de monter sur une moto. Son oncle se leva pour l'aider puis ils furent rejoints par Maylis. Benson fut poser au sol. Il retourna auprès de ses amis. Keler se remit à lui courir après.

Je reportais mon attention sur le lac et profitais, moi aussi, de l'ambiance joyeuse que m'offrait ce groupe de joyeux luron jusqu'à ce que je sente une présence tout près de moi. Je baissais le regard sur Benson qui m'observait avec questionnement, les yeux pétillants de curiosité. Il me fascinait la clairvoyance des enfants. Aucun adulte pouvait me voir mais les enfants avaient l'esprit encore si ouvert qu'ils percevaient des choses dont ils étaient les seuls à voir. Pour Maylis, j'étais l'ami imaginaire de Benson.

- Pourquoi tu ne viens pas jouer avec nous, Léa ?

- Tu te rappelles ce que je t'ai dit, petit homme ?

Il hocha la tête.

- Tes amis ne peuvent pas me voir. Je ne peux pas jouer avec eux comme je joue avec toi.

- Tu t'ennuies ?

- Pas du tout. J'aime te regarder jouer.

- Tu ne me regardais pas là, bouda-t-il.

- Regarde devant toi, bonhomme.

D'une main délicate, je lui tournais la tête en direction du paysage que j'admirais.

- N'est-ce pas magnifique ?

Il hocha, de nouveau, la tête.

- Très beau.

- Ne voudrais-tu pas profiter de ce beau spectacle tant que tu en as l'occasion ?

Il demeura silencieux un moment avant de se tourner vers moi. Son sourire était éblouissant.

- Est-ce que tu peux me faire un petit peu de place sur le rocher pour que je regarde avec toi ?

Je portais mon regard sur les adultes qui observait le petit parler tout seul, du moins cela était ce qu'ils pensaient. Je n'étais pas censé intervenir dans sa vie. Il devait mener une vie ordinaire sans que je n'y interfère. Pourtant, le fait qu'il s'échignait à m'intégrer dans sa vie de petit garçon me plaisait. Il était le premier à le faire. Lors de mes précédentes missions, les enfants étaient plus distants, surtout lorsqu'il s'agissait de jouer. Benson était différent. Il aimait beaucoup nos conversations. Il aimait que je lui lise des histoires avant de dormir. Il aimait passer du temps auprès de moi. Cependant, je pensais, à cet instant, qu'il ne devrait pas rater l'occasion de s'amuser avec des enfants de son âge. Il devait vivre normalement. D'ici un an, peut-être, deux, je disparaîtrais de sa vision. Il pensera de moi que je n'étais que ce qu'on lui en dira. Un ami imaginaire. Cela n'était pas grave en soi mais cela me fendait le cœur quand même.

Je me tournais vers lui, lui souriant tendrement en portant une main à sa joue pour la caresser doucement.

- Je pense que tu devrais retourner auprès de tes amis. Ils vont s'ennuyer sans toi.

- Tu es toute seule.

- Et cela me convient parfaitement. Laisse-moi t'observer jouer. Tu sais à quel point j'adore te voir aussi heureux.

Il zieuta en direction des autres enfants jouant dans l'eau en compagnie des adultes. Je voyais le tiraillement qu'il ressentait. Ce petit garçon était adorable. Je m'agenouillais face à lui.

- Amuses-toi, petit Benson.

Il m'offrit un immense sourire et courut vers le lac en enlevant son tee-shirt. Il se jeta à l'eau en alertant tout le monde que le meilleur nageur au monde arrivait. Cela me fit rire.

L'après-midi se termina dans la joie et l'allégresse d'une liberté que seul, ces personnes ne semblaient jouir. Lorsque le soleil disparut derrière les collines, tous montèrent en selle, pour s'en retourner chez eux, alors que d'autres monter en voiture.

Je faisais signe à Benson qui était harnaché à son siège auto. Il m'observait derrière la vitre arrière en me retournant mon geste.

J'allais le retrouver chez lui, sachant qu'il rentrerait sain et sauf, en compagnie de ses parents, et gardant, tout de même, un œil sur lui.

Deviation of the ritualWhere stories live. Discover now