3. Eins Zwei Drei

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Bombardés, les Anglais résistaient aux attaques nazies, encore et toujours. Pour gagner l'Europe, il fallait faire plier l'échine à l'impérialiste. Mais les côtes anglaises se laissaient désirer. Le plan château hanté, complètement fou, fut accueilli. Une vingtaine d'hommes furent parachutés de nuit au-dessus du château. Miracle, des vents violents circulaires les portèrent sains et saufs dans la grande cour, à croire que quelqu'un s'amusait déjà avec eux. Ils virent là un signe du destin, leur mission serait un succès. Les hommes s'installèrent au premier étage du château et en firent leur avant- poste. Les lieux étaient députés hantés, personne ne s'en approchait, des tours ils avaient vue sur la mer et sur toute la vallée. L'endroit était idéal pour débuter une invasion et les murs épais formaient une forteresse dont ils seraient difficiles à débusquer. Le plan était bon, très bon, jusqu'au jour où ils virent Zelyan et Caron faire une partie de quilles avec des têtes de mort en guise de boules et des jambes incomplètes pour toutes quilles. Ereyne, un peu plus loin, prenait le thé avec deux de ses dames de compagnie. La situation était somme toute normale pour un après-midi de fin de printemps. Certes Alice, la plus jeune des dames, voyait des lapins partout et Ella était couverte de cendres, mais, comparé aux hommes jouant avec des quilles humaines, ce n'était rien. Les habitants de Greyhall surent ce jour-là que des intrus avaient pénétré le château, mais personne ne daigna aller y jeter un œil ni ne s'inquiéta outre mesure. Ils étaient dedans, ils y resteraient. Le policier de garde ne nota même pas l'incident dans son registre ni le prêtre. Le plan château hanté mourut avec son premier bataillon et Zelyan gagna son corps d'infanterie naze. Aucun autre lieu hanté de l'île ne pouvait s'en vanter. Aujourd'hui, uniformes et cadavres étaient exposés dans quatre pièces de l'aile est, quelques rares visiteurs les avaient admirés, mais personne n'était sorti en parler.

— Oh bonjour Kaporal, c'est déjà le matin ? Commencez donc par nous débarrasser de ces courtisanes qui me tournent autour, et n'oubliez pas de remettre Flora dans son oubliette, nous l'avons assez vue.

— Quels sont les ordres du Führer ? Demanda le caporal, inquiet de la suite de sa mission.

— Il vous donne l'ordre de réaliser qu'il est mort et que vous l'êtes aussi. L'Allemagne a perdu la guerre ! Ensuite, allez donc nettoyer les écuries ou frotter les douves.

Les nazis étaient là depuis un moment, mais, continuellement plongés dans un quotidien d'entrainement de stratégie et de préparation, ils en oubliaient parfois qu'ils étaient passés de vie à trépas. En bons petits soldats, les hommes obéirent et commencèrent à vider les lieux. Ereyne rejoignit à regret son époux puis le couple délaissa ses invités et gagna sa chambre. Épuisée, son ventre toujours douloureux, la duchesse fut contrainte de s'arrêter dans les escaliers. Elle avait dansé toute la nuit et son corps lui faisait payer cet excès de joie. Pourtant, elle n'en regretta pas une minute.
Zelyan la saisit sans ménagement et la porta jusqu'à leur lit.

— C'est ça de faire des paillettes. Quelle idée saugrenue !

Ereyne sourit, sous son air grognon, Zelyan appréciait lui aussi ce sortilège tout simple, mais rayonnant. Il mettait du baume au cœur du plus sombre des fantômes. Non sans soulagement, Ereyne se sépara de sa robe. Finie la tenue de noce, place à la chemise de nuit ample et confortable. Zelyan opta pour la tenue d'Adam et s'écrasa sur son oreiller. Ereyne s'allongea à son côté et polenta quelques minutes, qu'il soit proche de l'endormissement, et fit une requête. La présence de Natalya était déplacée et malvenue.

— Je souhaiterais que vous nous l'épargniez.

— Et moi j'aimerais que tu arrêtes de me vouvoyer en privé. J'ai horreur quand tu mets cette distance entre nous.

— Et moi j'ai horreur que tu mettes Natalya entre nous ! répliqua Ereyne. Je me meurs à chaque fois qu'elle vient.

— Serait-ce dû au fait qu'elle t'a effectivement tuée ma chère ? ricana Zelyan. Je n'y peux rien moi si tu dois faire face à ta mort. Il ne fallait pas boire à la coupe qu'elle te tendait.

Ereyne sera ses poings autour des draps. Elle ne savait que trop bien que telle fut son erreur : pas de dame de compagnie à l'horizon, aucun témoin, une maîtresse jalouse, la coupe de la repentance était bien sûr empoisonnée. Ereyne n'oublierait jamais la douleur abdominale ressentie ni les mains froides de la mort lorsque vint celle-ci. Elles furent deux à mourir à ce moment, unies à jamais, indissociables, leurs âmes liées tout comme l'étaient leurs corps depuis des mois. Non, jamais Ereyne n'oublierait ni ne pardonnerait, ni à Natalya ni à Zelyan. À lui la responsabilité de ses maîtresses. S'il l'avait congédiée, ou même tuée, lorsqu'Ereyne lui avait indiqué le danger au lieu d'en rire, rien de tout cela ne se serait passé, Ereyne aurait vécu, elle n'aurait pas maudit Zelyan.

— Parfois je trouve que tu manques de discernement.

— Je sais. Je me demande toujours comment j'ai pu accepter la proposition de ton père et t'épouser.

— Le montant de la dot et le prêt du contremaître préféré de père.

— Il est vrai que le toit avait besoin d'être refait, c'était un bon deal finalement.

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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Axel.

Wood Castle - Priez pauvres fous !Where stories live. Discover now