Chapitre 2

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Une semaine a passé depuis l'arrivée de Rintarō au lycée d'Inarizaki.

Les jours se ressemblent plus ou moins, commencent avec un entraînement libre le matin, une journée de cours, un entraînement plus collectif l'après-midi, et se terminent quand il se laisse tomber de fatigue dans son lit.

Et les Miya ne l'ont pas quitté d'une semelle ; ils sont toujours là, quelque part, à graviter autour de lui comme s'ils avaient décidé en le rencontrant « voilà, tu seras notre ami, que tu le veuilles ou non. »

Il devrait en être agacé, chercher à les éviter comme cette fois au collège, quand il a passé presque une année entière à fuir une fille insupportable déterminée à devenir sa meilleure amie, surtout qu'il n'a pas beaucoup d'énergie en réserve et que les jumeaux semblent avoir pour mission divine d'aspirer l'énergie du monde entier, mais... d'un autre côté, il s'est découvert un plaisir tout particulier à aider Osamu à faire sortir Atsumu de ses gonds, et Osamu semble toujours comprendre quand Rintarō a besoin de calme ou n'est juste pas d'humeur à discuter.

Alors, et à son plus grand étonnement, ça ne le dérange pas de passer ses journées en compagnie du duo infernal.

Et puis ce n'est pas comme s'il n'avait qu'eux ; ces derniers jours, il a eu l'occasion de faire la connaissance de plusieurs membres du club, a accepté d'aider deux première année qui jouent comme centraux à améliorer leurs contres sous le regard satisfait de l'entraîneur, et sent son cœur s'affoler à chaque fois qu'il croise cette jolie fille de la Terminale 3 depuis qu'elle lui a souri après avoir failli lui rentrer dedans deux jours plus tôt.

-Suuuuunaaaaa, souffle une voix un peu trop près de son oreille.

Mais ce n'est pas pour autant qu'il daigne relever la tête, pas alors qu'il n'a dormi que quatre petites heures cette nuit, pas alors que son épuisant capitaine n'a cessé de lui faire des passes durant l'entraînement matinal, pas alors qu'il profite de la pause de midi pour rattraper un peu le sommeil qui lui manque terriblement.

-Dégage, Atsumu, grommelle-t-il.

Un brusque courant d'air passe par la grande fenêtre de la salle de classe et s'infiltre dans sa chemise, causant un petit frisson dans sa nuque. Avant, il avait l'habitude d'avoir un carré trop long pour ressentir le vent dans sur son épiderme et trop court pour qu'il puisse s'attacher les cheveux, alors c'est toujours un peu déstabilisant d'avoir sa peau exposée ainsi.

-T'auras pas le temps de bouffer si tu continues à dormir, les cours vont pas tarder à reprendre, tu sais.

-J'ai pas pris de repas, alors je m'en fous.

-Pourquoi ?

-Pourquoi quoi ?

-Pourquoi t'as pas pris de repas ?

Rintarō lâche un râle moins humain qu'animal en enfouissant encore plus son visage dans le creux de ses bras croisés sur sa table.

-Parce que j'ai pas faim, laisse-moi tranquille.

Il entend son camarade ricaner, et le bruit d'une chaise qui se tire ; Atsumu a dû s'asseoir à sa place, sa voix se faisant légèrement plus lointaine.

-T'as vraiment beaucoup de chance que Samu soit pas là pour t'entendre.

Rintarō fronce les sourcils, accepte enfin de relever la tête – mais à peine, juste assez pour pouvoir lancer un regard confus à Atsumu qui lui renvoie un rictus moqueur.

-Qu'est-ce qu'il en a à foutre ?

Le sourire de son capitaine se fait un peu plus grand tandis qu'il se penche en arrière pour reposer son dos contre le mur, les yeux toujours rivés sur Rintarō.

Des sentiments pour les imposteursWhere stories live. Discover now