Elanor baissa la tête, honteuse, et Gandalf lui tapota gentiment l'épaule. Il entra ensuite dans la chambre d'Eowyn, marchant droit vers Eomer. Elanor préféra les laisser seuls, et fit demi-tour.

Ne sachant pas très bien où aller, et ne connaissant pas bien la cité, ses pas la menèrent vers un jardin d'une des maisons de guérison. Les blessés étaient partout, occupant même les couloirs, et les guérisseurs couraient de tous côtés, débordés. Elanor préféra vite s'isoler de toute cette agitation, et se réfugia à l'extérieur.

L'air ici y était plus respirable, et le soleil couchant baignait le jardin d'une douce lumière orangée. Elanor s'assit par terre, et s'adossa contre un muret, laissant ses jambes douloureuses s'étirer.

Elle resta immobile pendant peut-être des heures, somnolant la moitié du temps. Elle ne réalisa que la nuit était tombée que lorsqu'une jeune guérisseuse s'arrêta devant elle pour lui tendre un bol de soupe.

- Madame, avez-vous faim ?

Hagarde, Elanor releva la tête et accepta la nourriture avec gratitude.

- Oui, merci.

- Le seigneur Aragorn m'a dit de vous dire qu'il vous a fait préparer une chambre, l'informa la jeune fille brune. Si vous voulez, je peux vous y conduire.

Elanor se redressa, prise de court. Une chambre ? Pour elle ?

Aragorn était bien trop généreux ! Et depuis quand donnait-il des ordres ici ?

Peu habituée à ce genre de faveur, Elanor balbutia.

- Oh, merci. C'est très gentil, répondit-elle, mais j'attends des nouvelles d'un ami. Je... je vais rester ici encore un peu. Où est Aragorn ?

La jeune guérisseuse tiqua à la familiarité d'Elanor, et celle-ci réalisa qu'elle aurait peut-être dut utiliser le terme « seigneur ». Elle oubliait parfois qu'Aragorn était un peu plus qu'un rodeur, ou l'ami avec qui elle avait voyagée durant des mois.

Outrepassant sa surprise, la guérisseuse n'en perdit pas pour le moins son flegme, et répondit aimablement à sa question.

- A ce que j'ai entendu dire, il est repartit il y a une heure au pied de la citadelle.

- Oh, d'accord. Merci. Je vais me débrouiller seule.

La guérisseuse hocha la tête, et repartit distribuer le reste des rations aux autres blessés.

Elanor but rapidement sa soupe, et posa le bol vide sur les marches en pierre blanche, avant de se lever. Décidée à trouver Aragorn, elle marcha en direction de la grande porte menant vers les niveaux inférieurs de Minas Tirith.

Alors qu'elle traversait un des longs corridors, elle se retrouva face à face avec un visage familier.

- Gimli !

Le nain était seul, et marchait d'un pas trainant. Il leva les yeux, et sourit en la voyant.

- Ah, vous voilà enfin !

Il ne fit que quelques pas pour la rejoindre.

- Elanor, comment allez-vous ?

- Je vais bien, merci.

- Vous nous avez fait encore une belle peur ! s'exclama-t-il. Quelle idée de vous joindre aux dresseurs de chevaux !

- Je ne pouvais pas rester en arrière.

Gimli sourit.

- Je me doutais bien que vous diriez ça.

Elanor regarda derrière le nain, perplexe de ne pas trouver la personne qui avait l'habitude de l'accompagner à chacun de ses déplacements.

- Où est Legolas ?

- Il arrive ! Il est juste-

A ce moment-là, Legolas apparut au détour du couloir. En les voyants, il accéléra le pas dans leur direction, et fonça sur Elanor.

- Que fais-tu ici ? Je croyais t'avoir dit de te reposer.

- Est-ce que vous avez retrouvés Merry ? demanda Elanor, soucieuse.

- Oui. A l'instant, répondit Legolas.

- Comment va-t-il ?

- Il va survivre. Mais il est fatigué, et Aragorn s'occupe de lui en ce moment. Il a subit le même mal qu'Eowyn.

Elanor sentit le poids qu'elle avait sur les épaules s'alléger, bien qu'elle fût encore préoccupée.

- Puis-je le voir ?

Legolas secoua la tête négativement.

- Il dort. Et de toute façon, Aragorn ne te laisserais pas rester. Tu devrais te reposer, Elanor.

- Ca va. Et puis, je ne suis pas la seule à être fatiguée. Vous n'avez pas l'air en meilleure forme.

Son regard dévia vers ses deux amis, qui avaient une apparence pitoyable. Sauf peut-être Legolas, qui arrivait toujours à être parfait, même dans les pires situations. Si le sang noir avait taché ses vêtements, sa peau et ses cheveux étaient restés neutres de toutes souillures. Face à sa remarque, Legolas leva un sourcil arrogant.

- Je suis un elfe.

Son expression légèrement hautaine aurait pu la faire éclater de rire si les évènements n'avaient pas été aussi éprouvants, et Elanor se contenta d'un sourire amusé. Gimli laissa échapper un rictus dédaigneux, qui ne cachait rien de son agacement.

- Parlez pour vous. Eh bien, pour ma part je ne dirais pas non à une sieste et à un bon repas ! s'exclama-t-il. Ces orques sont sacrément coriaces, ils m'ont creusés l'appétit !

- Aragorn nous a fait préparer des chambres au palais, dit Legolas. Peut-être que vous pourrions demander à ce qu'ils vous apportent quelque chose maître nain.

- J'ai besoin d'avaler quelque chose tout de suite, répondit Gimli.

- Ils distribuent des soupes dans les jardins, lui indiqua Elanor.

- Des soupes ! grogna Gimli. Ma fois, j'aurais préféré une belle pièce de viande ! Mais bon, en temps de guerre, il faut faire avec ce qu'on a !

Les épaules basses mais avec un regain d'énergie, Gimli s'éloigna dans la direction qu'elle lui avait indiquée. Alors qu'elle le regardait partir, Elanor sentit la main de Legolas se glisser dans la sienne.

- Viens, suis-moi. Je vais te conduire à ta chambre.

L'envoyée des Valar - livre IV (LOTR - Seigneur des anneaux)Where stories live. Discover now