Part. 19

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Je reprends connaissance dans... une voiture.
Sièges en cuir froid, noirs, vitres teintées. Il fait tellement sombre que je ne distingue rien de premier abord.
Je me souviens ensuite de mes derniers instant de conscience avant de me retrouver ici, et mon sang se glace. Je suis piégée dans la voiture de Anthony??
Je tâte nerveusement autour de moi en suffoquant de stress.
- « Shhht ».
C'est une voix féminine.
Je cligne obstinément des yeux et finit par distinguer Zoé dans la faible lumière à l'intérieur du véhicule.
Je suis visiblement dans sa Mustang, je reconnais le bruit du moteur. Une vitre sépare l'arrière de l'avant de la voiture, où se trouve le chauffeur et la garde de Zoé Saint-Saulves.
- « Comment j'ai atterri ici? On va où ? »
- « T'es vraiment inconsciente. ». Elle siffle d'agacement, elle a l'air très énervée.
- « Qui sait ce qui aurait pu t'arriver, tes parents t'ont jamais apprit les règles de base de la survie dans ce monde ou quoi? N'accepte jamais un verre venant d'un inconnu, tu sais pas ce qu'il a pu mettre dedans. T'es folle? Ça te fais tant tripper que ça le danger ou bien t'es juste complètement débile? »
Ouch. C'était violent.
Tout dans son langage corporel transpire la l'agacement ; elle se ronge les ongles, ce qui est loin d'être dans ses habitudes, elle se passe la main dans ses cheveux de manière fébrile, et je distingue ses yeux dans l'obscurité. Ils sont sombres et brillants. Son ton agressif aussi. Mais plus je passe du temps avec elle, et moins sa méchanceté me choque.
- « Mais... je comprend pas... j'étais avec Riadh tu sais, je sais pas si tu le connais, il est célèbre et tout j'aurais jamais pensé... »
- « Oui ben tu sais quoi? Le pire arrive toujours quand on s'y attend pas. »
Je baisse les yeux, elle a raison. Je suis dans un pays qui n'est pas le mien, toute seule dans une gare sans téléphone et j'ai accepté de boire des coups avec deux gars que je ne connais pas.
Je suis stupide...
- « Comment... vous m'avez retrouvé? »
Tu peux dire merci à ma garde rapprochée. Il a vu un mec te transporter dans ses bras, d'après lui tu étais sa copine, tu aurais un peu trop bu et tu t'es endormie. »
Quel gros connard...
- « Bien sûr Karl savais que tu es avec moi, il regrette de t'avoir laissée te débrouiller pour retrouver ta valise. Je suis sa priorité mais je sais qu'il s'en veut de pas avoir prit les précautions nécessaires. Il remet ses qualités de garde du corps en questions. Moi aussi d'ailleurs... »
Elle se ronge le pouce, d'un air très en colère.
Serait-elle énervée contre son garde du corps? Ou contre elle-même ?
- « Vous vous inquiétez pour moi? »
- « Oui, en tant que jeune étudiante sous ma responsabilité. Tu n'étais même pas censée venir avec moi en Allemagne. Et officiellement tu n'y étais pas. J'aurais été bien dans la merde avec tes conneries. Mais maintenant que tu t'es réveillée, on va pouvoir te déposer chez toi directement. »
Elle baisse la vitre qui nous sépare du garde du corps et du chauffeur avec une télécommande, et je communique mon adresse.
- « Ne soyez pas énervée contre Karl, c'est vous qui m'avez laissé seule dans le train. Vous ne m'avez même pas réveillée, il aurait pu repartir à Berlin avec moi dedans. »
- « Je m'en excuse. » Elle a l'air mal à l'aise et je me demande si c'est à cause de ce qu'il s'est passé dans les toilettes du train. Il ne s'est rien vraiment passé à proprement parler, mais putain, c'était super intime. Du moins à mon sens. C'était super chaud aussi, damn, qu'est ce que j'aimerais pouvoir la retoucher comme ça... dire que si j'avais descendu mes mains juste un peu plus bas, j'aurais touché ses seins. L'esprit embrouillé par ce que je pense être une sérieuse attirance, j'évite son regard et la conversation pendant le reste du trajet.
Je suis déposée devant chez moi en peu de temps. Je salue tout le monde brièvement et commence à sortir.
- « Ne te sens pas obligée de venir travailler demain. »
Ok cool ça me va.
- « Je vais gérer Marc, quand tu reviendra il ne sera plus un problème. C'est débile de gâcher le reste de ton stage à m'espionner pour lui, c'est n'importe quoi. J'en reviens toujours pas qu'il ai osé forcer une stagiaire à faire ça. » Elle fulmine.
- « Bref, je te verrai après demain, tu viendra me voir dès que tu arrives on va discuter. »
- « D'accord. Merci.»
Je sors précipitamment, il pleut un peu dehors, je me dépêche de composer le code de mon bâtiment pour m'abriter dans le hall.
J'appelle l'ascenseur quand je vois le garde de ma patronne cogner contre la porte de mon immeuble.
Il tient ma valise. Après tout ça, j'allais l'oublier. Je le remercie vite fait, pressée de rentrer et de me coucher. Je prends une douche rapide, puis c'est ce que je fais.

Je retourne finalement à Evil un jour après. J'ai passé la journée de hier à bosser mon rapport, sans toucher à la beuh. Je vais essayer de décrocher un peu, à croire que ce qui m'est arrivé à l'aéroport m'a coupé l'envie de planer pour être dans les vapes.
Dès que j'arrive, je monte voir Zoé au dernier, comme elle me l'avait demandé.
Je tombe nez à nez avec son garde qui sort justement de son bureau, j'en profite pour lui glisser un mot:
- « Merci beaucoup pour avant hier... vous m'avez sauvé la vie si je puis dire! »
Il m'adresse un simple de signe de tête et s'en va.
Vraiment pas sociable celui-là.
Je pénètre dans le bureau de la boss, elle a l'air occupée mais se lève quand elle me voit.
- « Mon père s'est finalement retiré de ses fonctions, il a officiellement quitté hier. Un pot sera organisé la semaine prochaine quand on en aura terminé avec tout le bordel administratif. Je suis ta nouvelle tutrice de stage, oublie Marc. Si ça ne tenait qu'à moi, il aurait été démis de ses fonctions ici, mais bon. L'avantage c'est que ça me permet de garder un ennemi à l'œil. »
- « D'accord... »
- « Pour l'heure, j'aimerais que tu fasses un tour avec Brian cette semaine. C'est l'un de nos meilleurs commerciaux, tu vas l'accompagner en rendez-vous, préparer ses découvertes client et faire le suivi de chaque dossier. »

L'ascenseur c'est une vraie galère. Elle doit m'accompagner jusqu'au service commercial pour me présenter à ce Brian. C'est quelques étages plus bas et malheureusement les ascenseurs sont pleins. Ils s'arrêtent et se remplissent à chaque étage.
En effet, les gens toujours plus nombreux nous oppressent. On se retrouve bientôt au fond de l'ascenseur, elle est derrière moi et à chaque étage, la foule me pousse toujours plus contre elle. Elle finit par poser ses mains sur ma taille pour me pousser vers l'avant. Déjà c'est peine perdue, je sens toujours son bassin contre mes fesses, et en plus le contact de ses mains met mes hormones en ébullitions. J'aime ça, sa proximité, je ne peux plus le nier. Je repense à tout ce qui s'est passé, ces petites attentions dont elle peut parfois faire preuve, la nuit super chaude où on a dormi dans le même lit et le moment quelque peu sensuel dans les toilettes du TGV. J'ai de plus en plus envie de ce genre d'instant privilégiés avec elle, qu'on se retrouve dans des situations similaires et qu'il se passe quelque chose entre nous, n'importe quoi. J'avais pas prévu de me retrouver attirée par quelqu'un hiérarchiquement mieux placé que moi, et encore moins une femme, qui a des années de plus que moi par la même occasion. Mais sur le moment, tout ce que je veux c'est céder à la tentation. Je bouge mes fesses contre elle au rythme des secousses de l'ascenseur pour passer inaperçue. Je sens ses mains resserrer leur emprise sur ma taille, essayant toujours de pousser en avant pour rompre le contact, malheureusement pour elle, l'espace devant moi n'est pas suffisant.
Lorsqu'on descend à notre étage, elle passe devant moi sans rien dire et évitant mon regard, mais trop tard, je l'ai vu rougir.

Après m'avoir présenté à Brian, Madame sexy nous laisse et je passe toute la matinée avec mon nouveau mentor, il m'explique ses tâches, en quoi il sert l'entreprise, ses objectifs...
A midi, je décide d'aller déjeuner dehors. Ça fait longtemps que j'ai pas revu mes amis de Evil. A part Eloise avec qui j'ai parlé au téléphone, je n'ai pas trop donné de nouvelles et vice versa. Moi je m'en fous, ça m'aurait fait tout aussi plaisir de les retrouver simplement, mais ils ont l'air distants.
Je m'en vais donc pour déjeuner dehors, quand je croise Riadh en sens inverse, dans le hall.
Mince mais qu'est-ce qu'il veut celui-là...?

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